Etats-Unis
«Super mardi» sans surprise
Mardi 2 mars, dix Etats américains doivent sélectionner leurs délégués pour la Convention du Parti démocrate fin juillet. En jeu: la désignation du futur adversaire de George Bush à l’élection présidentielle de novembre.
C’est parti pour le «super mardi». Il ne s’agit pas du mardi gras, mais d’élections dites primaires en vue de la présidentielle américaine de novembre. Ce mardi 2 mars, dix Etats américains sont en fête: Californie, New York, Connecticut, Maryland, Massachusetts, Georgie, Minnesota, Ohio, Vermont, Rhode Island. Ces Etats doivent choisir 1151 délégués pour siéger à la quarante-quatrième convention du Parti démocrate. Celle-ci se tiendra du 26 au 29 juillet à Boston, dans le Massachusetts. Elle dira alors qui, des deux concurrents démocrates les plus en vue -John Kerry et John Edwards- affrontera George Bush à l’élection présidentielle de novembre. Le candidat retenu sera celui auquel la convention accordera 2162 suffrages. C’est dire que les 1151 délégués concernés par les primaires d’aujourd’hui représentent plus de la moitié du total nécessaire pour devenir le challenger officiel de George Bush.
En fait, il n’y a guère de suspense. John Kerry, soixante ans, sénateur du Massachusetts, a remporté 18 Etats sur les 20 qui ont déjà organisé leurs primaires avant ce «super mardi». John Edwards, cinquante ans, sénateur de Caroline du Nord, n’a gagné que dans un Etat, le sien. Il ne paraît pas en mesure d’inquiéter son rival. Au point que des médias évoquent déjà son retrait. Selon ces médias, il pourrait alors devenir le vice-président de Kerry si celui-ci remportait l’élections de novembre. Mais, pour l’instant, Edwards se refuse à envisager une telle hypothèse. Il souhaite tenter sa chance jusqu’au bout.
Au fond, les démocrates ne sont sans doute pas malheureux de connaître rapidement le nom de leur représentant officiel. Certes, le Parti républicain, lui aussi, a organisé des primaires. Dans un but promotionnel, essentiellement. Et parce que tous ces rituels font partie du décor. Car, de ce côté-là, il n’y a aucun mystère. George Bush sera bien le champion des républicains en novembre afin de se succéder à lui-même. Dès lors, il faut peut-être qu’au plus tôt, le camp adverse cesse d’avancer en ordre dispersé.
Bipolariser rapidement l’élection
Il n’en reste pas moins qu’il y a quelque chose de cassé au royaume de l’Oncle Sam. L’affaire des bulletins contestés, lors des présidentielles de l’an 2000, est encore dans les mémoires. Au point que cette année encore, les formalités pratiques des opérations électorales font l’objet de controverses. Plusieurs Etats ont renoncé au système de la carte perforée, qui a posé tant de problèmes il y a quatre ans. Certains ont recours à des écrans tactiles, d’autres aux bulletins de vote lus par un lecteur optique. Autant de gadgets technologiques dont la modernité ne rassure pas. D’aucuns craignent que ne se répète un scénario-catastrophe: de nouvelles contestations, de nouveaux recours judiciaires.
Cependant, selon toute vraisemblance, la tradition du «super mardi», inaugurée en 1988, sera respectée. Elle remplira probablement l’un de ses principaux objectifs: bipolariser rapidement l’affrontement entre deux adversaires clairement identifiés. C’est précisément là que le bât blesse.
Beaucoup d’observateurs constatent que les différences entre John Kerry et George Bush sont, somme toute, minimes. Si minimes que, pour tenter de se distinguer, il leur faut placer le mariage homosexuel sur le devant de la scène… Avant de constater, là encore, que leurs positions respectives ne sont pas si opposées.
Ecouter également:
l’Invité Matin. Anthony Blinken est l'un des spécialistes de politique internationale du Parti démocrate. Il répond aux questions de Noëlle Velly (2 mars 2004, 8’30")
En fait, il n’y a guère de suspense. John Kerry, soixante ans, sénateur du Massachusetts, a remporté 18 Etats sur les 20 qui ont déjà organisé leurs primaires avant ce «super mardi». John Edwards, cinquante ans, sénateur de Caroline du Nord, n’a gagné que dans un Etat, le sien. Il ne paraît pas en mesure d’inquiéter son rival. Au point que des médias évoquent déjà son retrait. Selon ces médias, il pourrait alors devenir le vice-président de Kerry si celui-ci remportait l’élections de novembre. Mais, pour l’instant, Edwards se refuse à envisager une telle hypothèse. Il souhaite tenter sa chance jusqu’au bout.
Au fond, les démocrates ne sont sans doute pas malheureux de connaître rapidement le nom de leur représentant officiel. Certes, le Parti républicain, lui aussi, a organisé des primaires. Dans un but promotionnel, essentiellement. Et parce que tous ces rituels font partie du décor. Car, de ce côté-là, il n’y a aucun mystère. George Bush sera bien le champion des républicains en novembre afin de se succéder à lui-même. Dès lors, il faut peut-être qu’au plus tôt, le camp adverse cesse d’avancer en ordre dispersé.
Bipolariser rapidement l’élection
Il n’en reste pas moins qu’il y a quelque chose de cassé au royaume de l’Oncle Sam. L’affaire des bulletins contestés, lors des présidentielles de l’an 2000, est encore dans les mémoires. Au point que cette année encore, les formalités pratiques des opérations électorales font l’objet de controverses. Plusieurs Etats ont renoncé au système de la carte perforée, qui a posé tant de problèmes il y a quatre ans. Certains ont recours à des écrans tactiles, d’autres aux bulletins de vote lus par un lecteur optique. Autant de gadgets technologiques dont la modernité ne rassure pas. D’aucuns craignent que ne se répète un scénario-catastrophe: de nouvelles contestations, de nouveaux recours judiciaires.
Cependant, selon toute vraisemblance, la tradition du «super mardi», inaugurée en 1988, sera respectée. Elle remplira probablement l’un de ses principaux objectifs: bipolariser rapidement l’affrontement entre deux adversaires clairement identifiés. C’est précisément là que le bât blesse.
Beaucoup d’observateurs constatent que les différences entre John Kerry et George Bush sont, somme toute, minimes. Si minimes que, pour tenter de se distinguer, il leur faut placer le mariage homosexuel sur le devant de la scène… Avant de constater, là encore, que leurs positions respectives ne sont pas si opposées.
Ecouter également:
l’Invité Matin. Anthony Blinken est l'un des spécialistes de politique internationale du Parti démocrate. Il répond aux questions de Noëlle Velly (2 mars 2004, 8’30")
par Hédy SELLAMI
Article publié le 02/03/2004