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Proche-Orient

Le chantre du combat antiisraélien

Cheikh Ahmed Yassine, fondateur et guide spirituel du Hamas, a été tué ce lundi à l’aube par un missile tiré d’un hélicoptère israélien. Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) promet un «tremblement de terre».
Cheikh Yassine se trouvait sur sa chaise roulante au sortir de la mosquée du quartier de Sabra, à Gaza, où il avait assisté à la prière de l’aube lorsqu’un hélicoptère israélien a tiré trois roquettes contre lui, faisant huit morts et une quinzaine de blessés. Moins d’une heure plus tard, l’armée israélienne confirmait que «cheikh Ahmed Yassine, chef de l’organisation terroriste Hamas, responsable de nombreux attentats et de la mort de nombreux citoyens d’Israël et étrangers, a été tué dans une opération de l’armée israélienne, ce matin dans le nord de la bande de Gaza». «Aucun responsable terroriste ne bénéficie d’une immunité», a précisé le vice-ministre de la Défense Zeev Boim.

Selon des sources israéliennes, la décision a été prise par le Premier ministre Ariel Sharon dans les heures qui ont suivi l’attentat d’Ashdod, mardi dernier et soumis au cabinet israélien. Seuls, les ministres du parti Shinoui auraient voté contre.

Dès l’assassinat de cheikh Yassine, les Brigades Ezzedine Al Qassam, branche armée du Hamas, ont promis un «tremblement de terre», menaçant de tuer «des centaines de sionistes» en représailles. Le communiqué, qui met en cause le «feu vert» qu’auraient donné les Etats-Unis précise que «tous les musulmans dans le monde islamique auront l’honneur de participer à la riposte à ce crime». «La guerre est ouverte», a commenté Abdelaziz Al Rantissi, considéré comme l’un des plus proches collaborateurs de cheikh Yassine et qui avait lui-même également échappé à un tir de missile israélien voici quelques mois. A Washington, le Département d’État s’est borné à appelé «toutes les parties à rester calme et à faire preuve de retenue». Préventivement, les autorités israéliennes ont bouclé les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

Dès la nouvelle de la mort de cheikh Yassine connue, des milliers de Palestiniens sont descendus crier leur colère dans les rues de Gaza. Saëb Erakat, pour l’Autorité palestinienne, a dénoncé un «crime ignoble». Les condamnations commencent à affluer de l’ensemble du monde arabo-musulman, y compris de la part du conseil de gouvernement irakien, pourtant soutenu par les Etats-Unis.

Après le choc et l'émotion des premières heures, chacun se prépare aux conséquences. Nul ne doute qu'elles seront violentes, y compris en Israël où, bien que la population approuve massivement ces éliminations, on redoute la riposte du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et des autres mouvements palestiniens.

Restent les interrogations politiques: quel sens donner à cet assassinat alors qu'Ariel Sharon a annoncé son projet de se retirer de Gaza ? Par ailleurs, cheikh Yassine, incontestablement très influent, n'était pas le seul dirigeant du Hamas, loin de là et tout indique que le mouvement va lui survivre et peut-être même se radicaliser. Il était vieux, malade et incarnait un symbole aux yeux de nombreux palestiniens. Vieux, malade, symbole, trois qualificatifs qui pourraient tout aussi bien s'appliquer à Yasser Arafat, toujours enfermé à Ramallah, dans son quartier général de la Mouqataa et dont le gouvernement israélien avait approuvé dans son principe l'élimination en septembre 2003.



par Addala  Benraad

Article publié le 22/03/2004