Proche-Orient
Le Fatah miné par une crise sans précédent
Trois ans d’Intifada auront eu raison du mouvement de Yasser Arafat confronté à la crise la plus grave de son histoire. Le Fatah est en effet en proie à des luttes internes qui opposent «la veille garde» représentée par le président de l’Autorité palestinienne –cloîtré dans son quartier général de Ramallah– et ses proches et une nouvelle génération incarnée notamment par Mohamed Dahlan, l’ancien ministre en charge de la Sécurité, et son entourage. Cette querelle des anciens et des jeunes cadres du mouvement contribue en grande partie au chaos sécuritaire qui prévaut dans les territoires palestiniens où la bataille pour le pouvoir s’est désormais déplacée dans les rues.
La crise couvait depuis plusieurs mois même si elle ne s’est franchement déclarée que début février avec une pétition dans laquelle quelque 350 cadres du Fatah annonçaient leur démission pour protester contre la corruption, le manque d’ouverture au sein du parti ou encore de stratégie dans la résistance à l’occupation. Le texte a certes été par la suite jugé peu crédible dans la mesure où plusieurs signatures avaient été truquées mais il en a pas moins été révélateur du profond malaise qui prévaut au sein du principal mouvement palestinien. Ce coup de semonce attribué à la base du Fatah aura en tout cas permis de mettre tout le monde d’accord sur l’urgence qu’il y avait à mettre en oeuvre des réformes pour donner un nouvel élan à un mouvement qui vient de fêter ses 39 ans.
Une réunion d’urgence du Conseil révolutionnaire du Fatah (CRF) s’est donc tenue pour la première fois depuis quatre ans fin février à Ramallah. Elle a conclu ses travaux par une promesse d’élections internes d’ici un an avec pour objectif de renouveler le comité central du parti, inchangé depuis quinze ans et cible de toutes les critiques. Cette promesse, qui constitue l’une des principales exigences de la jeune garde du Fatah, pourrait toutefois s’avérer n’être qu’un vœu pieu dans la mesure où certains ténors du mouvement s’y opposent de peur d’être évincés si un scrutin transparent venait à avoir lieu. Au cours de cette réunion, deux documents internes ont par ailleurs été présentés. Le premier s’est inquiété de l’opacité des finances du mouvement, dénonçant ouvertement la corruption qui gangrène le parti. Le second a souligné la nécessité d’unifier les différents services de sécurité palestiniens, une recommandation qui risque de ne jamais voir le jour vue l’hostilité qu’elle provoque chez Yasser Arafat.
Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa incontrôlables
Le fonctionnement interne du Fatah n’est toutefois pas la seule source de conflits entre l’ancienne garde et les partisans d’un rajeunissement du parti. La nouvelle génération critique en effet ouvertement depuis des mois les activités des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, qui semblent aujourd’hui échapper à tout contrôle. Composé d’une nébuleuse de cellules non hiérarchisées et largement autonomes, disséminées dans tous les territoires, ce groupe armé, qui revendique son attachement à Yasser Arafat, ignore pourtant toutes les recommandations de la direction politique du Fatah. Il est entré en action quelques mois après le déclenchement de l’Intifada en septembre 2003 et a été responsable de nombreux attentats suicide perpétrés sur le sol israélien et à l’origine de la mort de dizaines de civils. Les Brigades ont gagné en autonomie à la faveur du chaos qui a suivi le démantèlement forcé des principaux services de sécurité palestiniens soumis aux attaques de l’armée israélienne.
Si, en privé, la plupart des dirigeants du Fatah reconnaissent aujourd’hui la nécessité de démanteler les Brigades, personne ne s’aventure à l’exprimer publiquement, accréditant la thèse selon laquelle cette branche armée échapperait désormais à tout contrôle. Cette thèse est d’ailleurs largement défendue par Mohamed Dahlan pour qui le Fatah est aujourd’hui impuissant à démanteler les Brigades des martyrs d’al-Aqsa. «Il n’existe pas de politique claire du Fatah sur la manière de traiter avec les Brigades», a-t-il déclaré à l’agence Reuters. «Celui qui pense que le Conseil révolutionnaire du mouvement ou son comité central peut influencer ou contrôler les Brigades ignore tout du fonctionnement des affaires intérieures palestiniennes», a-t-il même ironisé, contredisant du même coup les affirmations israéliennes selon lesquelles ces groupuscules armés seraient en réalité financés par le chef de l’Autorité palestinienne en personne.
Dans ce contexte, la multiplication des actes de violences –dont le dernier en date a coûté la vie à un journaliste, conseiller de Yasser Arafat en matière des droits de l’homme– semble confirmer que les conflits internes au sein du Fatah se sont désormais déplacés dans la rue. Profitant du déclin des services de sécurité palestiniens, les groupuscules armés sévissent en en effet en toute impunité. Pour l’analyste palestinien Iyad al-Saraj, «la lutte interne au sein du Fatah n’en est qu’à son début». Très pessimiste, il estime ainsi que «le conflit va s’aggraver et éclater au grand jour en cas de disparition de Yasser Arafat» et porter en germe tous les risques d’une guerre civile palestinienne.
Une réunion d’urgence du Conseil révolutionnaire du Fatah (CRF) s’est donc tenue pour la première fois depuis quatre ans fin février à Ramallah. Elle a conclu ses travaux par une promesse d’élections internes d’ici un an avec pour objectif de renouveler le comité central du parti, inchangé depuis quinze ans et cible de toutes les critiques. Cette promesse, qui constitue l’une des principales exigences de la jeune garde du Fatah, pourrait toutefois s’avérer n’être qu’un vœu pieu dans la mesure où certains ténors du mouvement s’y opposent de peur d’être évincés si un scrutin transparent venait à avoir lieu. Au cours de cette réunion, deux documents internes ont par ailleurs été présentés. Le premier s’est inquiété de l’opacité des finances du mouvement, dénonçant ouvertement la corruption qui gangrène le parti. Le second a souligné la nécessité d’unifier les différents services de sécurité palestiniens, une recommandation qui risque de ne jamais voir le jour vue l’hostilité qu’elle provoque chez Yasser Arafat.
Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa incontrôlables
Le fonctionnement interne du Fatah n’est toutefois pas la seule source de conflits entre l’ancienne garde et les partisans d’un rajeunissement du parti. La nouvelle génération critique en effet ouvertement depuis des mois les activités des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, qui semblent aujourd’hui échapper à tout contrôle. Composé d’une nébuleuse de cellules non hiérarchisées et largement autonomes, disséminées dans tous les territoires, ce groupe armé, qui revendique son attachement à Yasser Arafat, ignore pourtant toutes les recommandations de la direction politique du Fatah. Il est entré en action quelques mois après le déclenchement de l’Intifada en septembre 2003 et a été responsable de nombreux attentats suicide perpétrés sur le sol israélien et à l’origine de la mort de dizaines de civils. Les Brigades ont gagné en autonomie à la faveur du chaos qui a suivi le démantèlement forcé des principaux services de sécurité palestiniens soumis aux attaques de l’armée israélienne.
Si, en privé, la plupart des dirigeants du Fatah reconnaissent aujourd’hui la nécessité de démanteler les Brigades, personne ne s’aventure à l’exprimer publiquement, accréditant la thèse selon laquelle cette branche armée échapperait désormais à tout contrôle. Cette thèse est d’ailleurs largement défendue par Mohamed Dahlan pour qui le Fatah est aujourd’hui impuissant à démanteler les Brigades des martyrs d’al-Aqsa. «Il n’existe pas de politique claire du Fatah sur la manière de traiter avec les Brigades», a-t-il déclaré à l’agence Reuters. «Celui qui pense que le Conseil révolutionnaire du mouvement ou son comité central peut influencer ou contrôler les Brigades ignore tout du fonctionnement des affaires intérieures palestiniennes», a-t-il même ironisé, contredisant du même coup les affirmations israéliennes selon lesquelles ces groupuscules armés seraient en réalité financés par le chef de l’Autorité palestinienne en personne.
Dans ce contexte, la multiplication des actes de violences –dont le dernier en date a coûté la vie à un journaliste, conseiller de Yasser Arafat en matière des droits de l’homme– semble confirmer que les conflits internes au sein du Fatah se sont désormais déplacés dans la rue. Profitant du déclin des services de sécurité palestiniens, les groupuscules armés sévissent en en effet en toute impunité. Pour l’analyste palestinien Iyad al-Saraj, «la lutte interne au sein du Fatah n’en est qu’à son début». Très pessimiste, il estime ainsi que «le conflit va s’aggraver et éclater au grand jour en cas de disparition de Yasser Arafat» et porter en germe tous les risques d’une guerre civile palestinienne.
par Mounia Daoudi
Article publié le 08/03/2004