Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

Trêve fragile à Falloujah

Après plusieurs jours d'affrontements à Falloujah, un fragile cessez-le-feu s'installe entre les forces américaines et les Irakiens. 

		Photo : AFP
Après plusieurs jours d'affrontements à Falloujah, un fragile cessez-le-feu s'installe entre les forces américaines et les Irakiens.
Photo : AFP
Après deux tentatives infructueuses, une délégation de l’exécutif irakien a réussi à convaincre les rebelles de Falloujah d’observer un cessez-le-feu qui devrait être suivi d’un retrait de l’armée américaine de cette ville qu’elle assiège depuis une semaine. Les violents combats qui s’y sont déroulés ont coûté la vie à plus de 400 personnes en majorité des femmes et des enfants. Un millier de personnes ont en outre été blessées. Avec les affrontements de Falloujah, les soldats américains se sont trouvés confrontés au scénario catastrophe de la guérilla urbaine qu’il redoutait il y a un an lors de l’invasion de l’Irak. Les forces de la coalition doivent en outre faire face à une nouvelle stratégie des combattants irakiens qui multiplient les enlèvements d’Occidentaux pour faire pression sur les pays alliés des Etats-Unis.

Entré en vigueur dans la matinée, le cessez-le-feu était toujours respecté dimanche en fin de journée à Falloujah. Un calme relatif mêlé d'une vive tension régnait dans cette ville de 300 000 habitants, théâtre depuis six jours de très violents affrontements entre marines américains et combattants irakiens. Selon des journalistes qui ont pu pénétrer quelques heures dans la cité avec un convoi humanitaire, les grands axes de la ville était déserts, mais des hommes armés ont été vus se déplacer dans les ruelles latérales. Seul le claquement des balles de tireurs embusqués de l'armée américaine et de la guérilla étaient entendus par intermittence. Deux heures après l’entrée en vigueur de la trêve, deux marines ont été blessés par des tireurs isolés et un Irakien a été tué dans un combat de rue. Ces incidents n’ont toutefois pas provoqué la reprise des combats.

Profitant de la première vraie pause depuis six jours dans les affrontements, des centaines d’habitants désespérés se sont mis à quitter la ville. Selon le Croissant rouge irakien, quelque 5 000 familles ont fui depuis vendredi les combats vers des zones désertiques au sud-ouest de Falloujah. L’organisation a mis sur pied une équipe pour venir en aide à ces déplacés et tenter de les installer dans un camp d’accueil proche de la ville mais éloigné de la zone de combats. Selon des organisations non gouvernementales internationales, au moins 470 personnes ont été tuées cette semaine à Falloujah et quelque 1 200 autres blessées, dont 243 femmes et 200 enfants. Le principal hôpital de la ville est submergé et manque cruellement d’équipements médicaux et de médicaments. Cinq dispensaires de la ville ont été transformés en hôpitaux de fortune pour soigner des blessés dans des conditions précaires.

Vers un retrait des marines

Une équipe de médiateurs irakiens, qui a rencontré les combattants de Falloujah, avait annoncé samedi dans la soirée, après s’être entretenue avec l’administrateur américain, Paul Bremer, que la coalition et les rebelles sunnites s’étaient mis d’accord sur un cessez-le-feu. Selon l’un de ses médiateurs, Hatem al-Husseini –un des responsables du Parti islamique irakien, sunnite–, «la première phase de l’accord conclu consiste à observer une trêve de six heures». En cas de succès, a-t-il ajouté, la seconde phase pourra alors commencer avec «un retrait graduel des marines de Falloujah et le déploiement dans la ville de policiers irakiens et de membres des Forces de la défense civile irakienne».

Un autre responsable du Parti islamique irakien, Alaa Makki, qui participe également aux médiations, a affirmé dimanche après-midi que près de 80% des groupes de combattants de la ville rebelle avaient répondu positivement aux appels à cesser le combat. «Il reste à convaincre les 20% restant et c’est ce que nous tentons de faire», a-t-il déclaré. «Les plaies sont profondes et les réactions passionnelles mais nous essayons de calmer les esprits», a-t-il également ajouté.

Concernant les trois otages japonais, qu’un groupe jusqu’alors inconnu menace d’exécuter si le contingent nippon n’est pas rapidement retiré d’Irak, les informations les plus contradictoires ont circulé toute la journée. Selon des sources gouvernementales japonaises, citées par la presse de Tokyo, les trois civils devaient être libérés au cours de la journée. Mais la chaîne de télévision qatarienne al-Jazira a diffusé un entretien avec un homme affirmant avoir eu accès aux chefs du commando détenant ces otages qui lui ont affirmé qu'ils tueraient l’un des trois captifs d'ici 24 heures.

Un autre civil britannique travaillant pour une entreprise de teinturerie, capturé la semaine dernière par des activistes irakiens à Nassiriah, a par ailleurs été libéré dimanche et remis aux forces de la coalition. «Gary Teeley est aux mains des forces américaine et italiennes» dans cette ville chiite a affirmé un porte-parole de la coalition. «Nous allons faire en sorte qu'il soit évacué du pays et rapatrié en Grande-Bretagne au plus vite», a-t-il ajouté.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 11/04/2004 Dernière mise à jour le 11/04/2004 à 16:06 TU