Transports aériens
Alitalia menacée de disparition
(Photo: AFP)
Le sort de la compagnie nationale aérienne Alitalia est entre les mains du gouvernement italien, l’Etat détenant 62% du capital, des syndicats et de la direction de la compagnie. Les difficultés d’Alitalia ne datent pas d’hier, on en parle régulièrement depuis le début des années 2000, mais elles se sont considérablement aggravées ces derniers mois. Au point de mettre en question la survie de l’entreprise qui emploie près de 21 000 personnes.
Une réunion de la dernière chance a lieu jeudi 6 mai afin de trouver un plan de redressement acceptable par tous, à soumettre au conseil d’administration de la compagnie, convoqué le même jour. Mais les syndicats refusent jusqu’à présent une solution qui passerait par la suppression de 3000 à 5000 emplois. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a déclaré, il y a quelques jours, que la compagnie comptait deux fois plus d’employés qu’il n’en faut. Les syndicats proposent un plan d’économies et la division de l’entreprise en deux entités contrôlées par une société mère Alitalia, ce qui ne convainc guère la direction de la compagnie. Faute d’accord une assemblée générale extraordinaire des actionnaires serait amenée à se prononcer sur l’issue de la crise, premier pas probable vers la liquidation.
Le temps presse en effet. Le transporteur a annoncé fin mars une forte aggravation de ses pertes en 2003, soit 510 millions d’euros de déficit contre 260 millions d’euros l’année précédente. Les actions Alitalia ont été suspendues de cotation à la bourse de Milan dans l’attente des résultats.
Comment en est-on arrivé là ? Concurrencée par les compagnies à bas coûts, la compagnie nationale italienne n’a pas su moderniser des structures inadaptées au nouveau marché du transport aérien, rudement concurrentiel. Les conditions dans lesquelles évolue la compagnie sont pourtant favorables. L’Italie est le deuxième marché intérieur européen, après la France, et l’une des premières destinations touristiques du monde. Mais des décisions stratégiques erronées ont été prises par la direction de la compagnie dont la coexistence de deux «hubs», ces aéroports centraux de transit, à Rome et Milan. L’aéroport de Milan répondait à des exigences plus politiques que commerciales.
A l’écart des alliances
Alitalia est également restée à l’écart des regroupements qui ont affecté les grandes compagnies aériennes européennes dont, le dernier en date, la fusion entre Air France et le Néerlandais KLM qui porte l’ensemble au premier rang mondial pour le chiffre d’affaires et au troisième rang pour le nombre de passagers transportés.
En 2000 Alitalia était «fiancée» à KLM mais les pourparlers ont échoué du fait de KLM en raison des incertitudes qui pesaient sur la privatisation d’Alitalia et le développement du nouvel aéroport milanais. En 2001 Alitalia s’était tournée ver Air France pour conclure une alliance commerciale et une petite participation croisée entre les deux compagnies. Depuis Air France a définitivement conclu avec KLM et Jean-Cyril Spinetta PDG d’Air France-KLM a réaffirmé qu’il était prêt à conclure une alliance avec Alitalia, mais seulement après redressement, restructuration et privatisation de la compagnie italienne.
Si d’aventure le gouvernement italien était disposé à faire un geste financier en faveur du redressement d’Alitalia la Commission européenne à fait savoir par avance que Rome ne pourrait plus faire aucune aide d’Etat mais qu’un crédit-relais restait possible. Déjà, en 1990, Alitalia avait perçu une injection de fonds publics mais sous la condition que ce serait la dernière.
par Francine Quentin
Article publié le 06/05/2004 Dernière mise à jour le 06/05/2004 à 10:46 TU