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Aviation

Ces compagnies qui ne connaissent pas la crise

En 2001, les compagnies aériennes ont enregistré des pertes de l’ordre de 15 milliards de dollars. Et, pour la plupart d’entre elles, 2002 s’annonce mal. En revanche, les compagnies à bas prix dites «low cost» affichent une santé insolente. Elles devraient même connaître le grand succès, d’ici 2010, sur certains segments du marché.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont porté un coup sérieux au transport aérien et des compagnies qui étaient déjà sur le fil du rasoir ont plongé. C’est le cas de Swissair ou Sabena. D’autres se débattent dans de graves difficultés financières comme Alitalia ou Olympic Airways. Les grandes compagnies aériennes mondiales, les «majors», ne sont pas épargnées. Pour la première fois depuis des années British Airways a affiché des pertes en 2001, 230 millions d’euros de déficit sur résultat net. Lufthansa a fait plus mal encore (–630 millions d’euros de pertes). Air France et Iberia accusent des baisses sensibles entre 2000 et 2001. Aux Etats-Unis la crise est plus profonde encore et les principales compagnies Delta Airlines, American Airlines ou Continental Airlines essuient des pertes en 2002 telles que le PDG de Delta, Leo Mullin, affirme: «les temps difficiles ne sont pas encore derrière nous».

Face à cette morosité, les compagnies à bas prix, dont le concept est né aux Etats-Unis dans les années 70 et a atteint l’Europe, essentiellement le Royaume-Uni dans les années 80, pavoisent. Easyjet, Ryanair, Buzz ou Go sont désormais des acteurs du transport aérien avec lesquels il faut compter sur certains secteurs bien précis. En 2001, Ryanair a dégagé un résultat net égal à celui de la compagnie Air France, 150 millions d’euros, et vient de commander 150 appareils pour son développement.

Un quart du marché européen en 2010

Les compagnies «low cost» ne représentent encore que 5% du trafic aérien européen. Mais, selon le cabinet de conseil en stratégie Mercer Managment consulting, elles devraient atteindre, en 2010, une part de marché de 25% et connaître une croissance de 30% l’an. L’avenir comme le positionnement des compagnies à bas prix est à comparer à l’implantation des enseignes de restauration rapide, explique Olivier Fainsilber, vice-président de Mercer consulting. Ceux qui y ont recours ne s’attendent pas à un repas gastronomique mais à être nourris, vite et pas cher.

La recette de ces compagnies aériennes est la même: la réduction des coûts, de tous les coûts. Pas de nourriture à bord, service minimum, peu de place entre les sièges pour un meilleur remplissage; des liaisons courtes et point à point seulement, sans escale ni transit, afin d’augmenter le nombre de rotations par jour; de faibles charges d’exploitation, enfin, avec un personnel moins nombreux et moins payé, des flottes ne comprenant qu’un type d’avion pour qu’il puisse être mis entre les mains de l’ensemble du personnel et faciliter la maintenance, des taxes d’aéroport moins élevées en ayant recours à des aéroports secondaires comme Hanovre en Allemagne ou Beauvais en France, des frais de commercialisation réduits grâce à une proportion très élevée de vente par internet. Le résultat est là: le coût par passager est de 137 euros en moyenne sur les compagnies traditionnelles, plus pour Air France et British Airways, moins pour Iberia. Tandis que le coût par passager n’est que de 67 euros sur les compagnies à bas prix et à peine 40 euros pour le leader Ryanair.

Dans l’avenir, le marché du transport aérien devrait se scinder entre ceux qui demandent un certain confort, voyagent de capitale à capitale, et les voyageurs très sensibles au prix. Ce peut d’ailleurs être le même client se déplaçant pour des motifs différents à différents moments. Mais les compagnies à bas prix n’ont pas pour objectif premier de prendre des clients aux grandes, même si cela arrive. Elles démarchent une clientèle nouvelle qui, sans l’argument du prix, n’aurait pas eu recours à l’avion du tout.

Il n’empêche, pour répondre à la concurrence des «low cost» British Airways vient d’annoncer la réduction de ses tarifs sur 37 liaisons vers l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse afin de tenter la reconquête de parts de marché. Il sera cependant toujours difficile à une grande compagnie de rivaliser avec un vol Londres-Athènes à 116 livres (180 euros) chez Easyjet ou le Lyon-Londres à 20 euros de Ryanair.



par Francine  Quentin

Article publié le 20/07/2002