Tchétchénie
Le président pro-russe Kadyrov succombe à un attentat
(Photo : AFP)
Dimanche à la mi-journée, le bilan des victimes faisait état d’au moins 14 morts. Si le décès du président tchétchène pro-russe Akhmad Kadyrov est confirmé par le ministère russe des Situations d’urgence, en revanche le sort du chef des forces russes en Tchétchénie, Valeri Baranov restait incertain. Sa mort avait été annoncé dans un premier temps, mais les forces du ministère russe de l’Intérieur déclaraient dans la matinée que «le général Baranov a été grièvement blessé dans l’attentat commis par des rebelles au stade Dynamo, et les médecins se battent pour sauver sa vie».
«L’engin explosif était placé au centre de la principale tribune du stade», où avait pris place les personnalités, a déclaré un policier tchétchène. La bombe a explosé à 10 heures 35, heures locales, alors que se déroulaient les cérémonies marquant le 59ème anniversaire de la victoire des troupes soviétiques sur l’Allemagne nazie. Les correspondant à Grozny de l’agence de presse britannique Reuters compte parmi les victimes.
«Le châtiment sera inévitable»
Akhmad Kadyrov, 52 ans, avait été élu à la présidence de l’administration pro-russe de la république en octobre dernier à l’issue d’un scrutin controversé. Personnalité contestée en raison de la brutalité des méthodes de son administration et de sa milice, il était une cible pour les indépendantistes tchétchènes qui avaient tenté à plusieurs reprises de le tuer. M. Kadyrov était un ancien administrateur de la petite république autonome caucasienne. Il avait combattu aux côtés des indépendantistes lors du premier conflit russo-tchétchène, entre 1994 et 1996. Il avait changé de camp au début de la seconde guerre d’indépendance, en 1999. Pour le Kremlin, il incarnait le maintien de la souveraineté russe sur la région et menait depuis une lutte acharnée contre les séparatistes, qualifiés de «terroristes» par les autorités russes.
Cet attentat, au coeur de la capitale tchétchène lors de cette date symbolique du 9 mai, démontre la détermination des rebelles, leur capacité à frapper les plus hautes autorités locales et la permanence de la guerre civile, en dépit des déclarations officielles du Kremlin qui ont affirmé à maintes reprises que la situation sur place était en voie de normalisation.
L’attentat a été perpétré au moment où, à Moscou, on célébrait également la défaite allemande de 1945 en présence du N°1 russe. «Il ne fait aucun doute que le châtiment sera inévitable pour ceux contre lesquels nous nous battons aujourd’hui», a déclaré le président russe Vladimir Poutine dont la politique en Tchétchénie est caractérisée par une répression impitoyable qui embarrasse considérablement la communauté internationale soucieuse de conserver de bonnes relations avec Moscou et soumise à la pression des organisations de défense des droits de l’Homme.
par Georges Abou
Article publié le 09/05/2004 Dernière mise à jour le 09/05/2004 à 10:16 TU