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A Cannes, le front se dégage pour les intermittents

Les intermittents vont pouvoir exprimer leurs revendications en montant le tapis rouge lors de la cérémonie d'ouverture du 57e Festival de Cannes. 

		(Photo : AFP)
Les intermittents vont pouvoir exprimer leurs revendications en montant le tapis rouge lors de la cérémonie d'ouverture du 57e Festival de Cannes.
(Photo : AFP)
Les intermittents sont entrés dans la ville. On ne parle que d’eux sur la croisette, ils sont disséminés et discrets, mais tout le monde est sur le qui-vive car chacun espère que tout se passera bien. Le rendez-vous mondial du cinéma devrait être préservé. Le Medef et la CFDT, qui cogèrent l’Unedic, ont été priés de trouver une solution face à la crise; ce signe d’ouverture apaise certes les esprits, mais ne les endort pas, et Cannes reste sous haute surveillance.

Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, a demandé aux partenaires sociaux de revoir leur copie pour trouver une issue à la crise qui oppose depuis un an l’Etat et les intermittents du spectacle. En réponse, l’Unedic se dit prête à «engager avec les pouvoirs publics toutes discussions utiles». Ce geste a aussitôt été salué par le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, estimant que «l’Unedic s’orientait positivement et concrètement dans la stratégie de sortie de crise souhaitée par le premier ministre».

De leur côté, les opposants à la réforme du régime d’assurance-chômage des intermittents, apaisés de ne pas savoir le dossier totalement refermé, restent vigilants sur les «discussions» ou «négociations» ouvertes et sont plus que jamais déterminés à faire de la Croisette une tribune de leurs revendications.

Denis Gautier-Sauvagnac, président du conseil d’administration de l’Unedic, a estimé qu’il était «possible de considérer pour 2004 et 2005, que le congé de maternité des intermittentes soit assimilable à du travail effectif», annonçant une «prochaine circulaire sur ce point». Renaud Donnedieu de Vabres souhaitait «qu’il n’y ait ni vainqueurs, ni vaincus, [espérant que] les signaux que le gouvernement et l’Unedic envoient permettront à l’activité culturelle et artistique de se dérouler dans de bonnes conditions». La CFDT, qui avait signé la convention spécifique aux intermittentes s’est déclarée «satisfaite» de voir une solution pour leur cas particulier, mais la mesure a été jugée «insuffisante» par des représentants à Cannes de la coordination des intermittents et précaires.

La CGT-spectacle, à travers son porte-parole, le secrétaire général Jean Voirin, s’est également «félicitée du changement de ton» de l’Unedic, mais a assuré que cela «ne suffisait pas» pour «sortir du blocage». Jean Voirin demande notamment que «tous les recalés de l’intermittence (sortis du système depuis l’entrée en vigueur du nouveau régime le 1er janvier dernier) recouvrent leurs droits [et] une véritable et rapide expertise du protocole d’accord, des chiffres fallacieux de l’Unedic, et de toutes les propositions de réforme (…) ensuite, nous pourrons renégocier dans la sérénité et nous donner les moyens de faire les réformes nécessaires».

Les intermittents aux marches du Palais

Jean Voirin, venu à Cannes participer aux négociations avec la direction du Festival a assuré que les discussions avaient abouti à «un bon accord [car] nous souhaitions que les films soient vus mais que le festival soit aussi un lieu d’expression du refus du protocole d’accord». Or, après des heures de concertation avec une délégation de représentants de la fédération CGT du spectacle, de la Coordination nationale des intermittents et précaires, et de la Société des réalisateurs de films, la direction du Festival a annoncé des mesures très symboliques pour montrer que «les organisateurs s’engagent à permettre aux salariés intermittents de trouver des formes d’expressions adaptées au cadre de la manifestation».

Ce soir, les intermittents monteront aux marches du Palais et pourront s’exprimer au milieu des stars qui participeront à la soirée d’ouverture du Festival. Ils bénéficieront d’un lieu de rencontres: un théâtre municipal leur est prêté comme lieu de travail, ainsi qu’une salle de cinéma pour faire une conférence de presse, alors que 4 000 journalistes sont accrédités et attendus dans la ville festivalière.

Se méfiant de l’effet d’annonce, les représentants des intermittents ont promis de «respecter la mission du festival qui est d’accueillir les artistes venus du monde entier et d’aider les films». Ceci devrait soulager également les commerçants et hôteliers inquiets, qui avaient défilé pour rappeler que cette activité générait pour eux 12 000 emplois et 700 millions d’euros de retombées économiques par an, sachant que cette ville de 68 000 habitants passe à 200 000 pendant la durée des festivités. Jusqu’à la fin de la semaine prochaine, la capitale du cinéma devrait donc pouvoir, sous réserve de «débordements» dont nul n’est à l’abri, devenir le troisième évènement mondial de l’année (après la Coupe du monde et les JO).



par Dominique  Raizon

Article publié le 12/05/2004 Dernière mise à jour le 12/05/2004 à 14:35 TU

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Jean Voirin

Secrétaire général du syndicat CGT-Spectacles

«Nous allons maintenir la pression et les actions afin de faire en sorte que ce protocole d'accord soir profondément revu.»

[12/05/2004]

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