Social
Aillagon rouvre le dossier des intermittents
Jean-Jacques Aillagon a indiqué qu'il allait demander à l'Unedic d'analyser le contre-protocole sur l'intermittence. Il s'est également engagé à étudier la mise en place d’une allocation spécifique destinée aux intermittents en fin de droits. Mais «pas question d’abroger le régime actuel signé le 27 juin 2003 qui court jusqu’à fin 2005», souligne-t-on au ministère de la Culture. Il s’agit de commencer à «travailler avec les professionnels sur de nouvelles pistes de réformes. Le régime des intermittents, tout comme l’ensemble des accords Unedic devant être modifié le 31 décembre 2005».
Les difficultés financières de l’Unedic
Les intermittents hostiles à l'accord actuel entré en vigueur le 1er janvier considèrent avec «vigilance» cette ouverture ministérielle. Jean-Jacques Aillagon tente d’apaiser les esprits à quelques semaines de l’ouverture du printemps de Bourges. La ministre a également écouté un certain nombre d’élus qui n’ont pas hésité à afficher leur soutien à la cause des intermittents, et notamment le député de l’actuelle majorité Etienne Pinte, le Vert Noël Mamère ou le socialiste François Hollande. Le député-maire UMP d’Avignon Marie-José Roig dont le prestigieux festival a été annulé l’été dernier a appelé à «une reprise du dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés».
Reste à convaincre les autres signataires et notamment la CFDT qui n’entend pas revenir sur l’actuel protocole signé le 27 juin 2003 entre le patronat et trois syndicats: la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Les syndicats majoritaires dans le secteur, la CGT et FO avaient en revanche refusé de le parapher. François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT qui estime que les contre-propositions ne sont pas une bonne réponse, craint de voir l'assurance chômage des intermittents détournée de son rôle initial. «Les intermittents ont un système d'indemnisation chômage beaucoup plus favorable que les autres salariés. En gros, ils travaillent en durée deux fois moins pour avoir une durée d'indemnisation deux fois plus longue. On ne critique pas cette démarche et la CFDT a voulu la maintenir», a-t-il déclaré, avant de souligner les difficultés financières de l'Unedic en raison de la montée du chômage.
En effet, selon le dispositif mis en place depuis le 1er janvier dernier, les techniciens doivent désormais justifier de 507 heures de travail au cours des dix derniers mois, et les artistes au cours de dix mois et demi, pour bénéficier d’une indemnisation de huit mois. Jusqu’alors, touts les intermittents du spectacle devaient avoir accompli 507 heures au cours des douze derniers mois. En contrepartie, le système devient plus professionnel et les entreprises du spectacles seront plus étroitement contrôlées. Pour le secrétaire général de la CFDT, ce n'est pas à la caisse d'assurance chômage de financer la politique culturelle: «si on doit aller plus loin dans le financement des intermittents, on fait une caisse complémentaire». La CFDT comme les autres syndicats (CFTC, CGC CGT et FO) a rendez-vous avec Jean-Jacques Aillagon le 9 mars prochain pour faire le point sur ce dossier. D'autres auditions sont prévues le même mois avec les autres partenaires sociaux avant la tenue le 19 avril prochain du Conseil national des professions de spectacles.
par Myriam Berber
Article publié le 03/03/2004