Social
Lourd bilan de la violation des droits syndicaux
Plus de 220 syndicalistes ont été tués ou ont disparu en 2001 en raison de leur action en faveur de la défense des salariés. Dans son rapport annuel 2002 la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) dresse le bilan de la violation des droits syndicaux dans le monde. L'Afrique n'est pas épargnée.
Le pays où l'action syndicale est, de loin, la plus dangereuse est la Colombie qui détient, selon le rapport de la CISL, le triste record de 201 assassinats ou disparitions de syndicalistes sur les 223 cas recensés dans le monde en 2001. Pour la CISL qui regroupe 225 organisations syndicales dans 148 pays, le ralentissement économique et les mesures d'ajustement structurel que «les travailleurs et travailleuses subissent de plein fouet» les poussent à manifester leur mécontentement. Ce à quoi «les gouvernements ont vite fait de répondre par la répression». De plus, «la course au profit et la compétition acharnée sur le marché international incitent les employeurs à contourner les lois là où ils le peuvent et à recourir à l’usage de la force la plus brutale si nécessaire». Les régimes non démocratiques sont conscients «du rôle essentiel que les syndicats peuvent jouer pour aider la démocratie à prendre racine», comme par exemple la Birmanie. Sans oublier là où les syndicats sont tout bonnement interdits comme dans de nombreux pays du Moyen-Orient.
En Afrique, le Zimbabwe et le Swaziland remportent le triste trophée des pays les plus répressifs du continent, tandis que l’Afrique du Sud et le Botswana ont fait de «véritables efforts» en faveur de l’application des droits fondamentaux. On note, en 2001, dans les 37 pays africains dont la CISL a examiné la situation, 185 cas d’arrestations de syndicalistes et plus de 4000 cas de licenciements pour activités syndicales.
Des droits bafoués
Le Zimbabwe totalise l’essentiel des 282 cas recensés en Afrique de syndicalistes blessés et maltraités. Les membres de la centrale syndicale ZCTU font les frais de l’hostilité du pouvoir en raison de l’opposition de cette organisation au régime. La situation n’est guère meilleure au Swaziland pour la centrale syndicale SFTU.
Outre ces deux cas extrêmes, il est des pays africains où le droit d’organisation existe, où les syndicats légalement déclarés peuvent agir et où une législation du travail a été adoptée. Mais, dans la pratique, ces droits sont régulièrement bafoués. C’est le cas au Malawi où, en dépit des lois, des grévistes ont été licenciés alors que les 90% de travailleurs du secteur informel ne sont couverts par aucune réglementation. Et de nombreux syndicalistes africains vivent également sous la menace permanente : au Soudan, à Djibouti, en Guinée équatoriale les syndicats «indépendants» sont interdits.
Au Maroc, la CISL qualifie la situation d’ «hypocrite». Les droits des travailleurs y sont mal respectés par les employeurs «avec l’accord tacite des autorités», notamment quand il s’agit d’entreprises multinationales. Un cas récent d’entrave à la création d’un syndicat dans un groupe textile irlandais délocalisé a été observé sans que le gouvernement souhaite réagir.
Au Sénégal, la CISL voit un exemple de l’évolution négative de la législation dans certains pays. La nouvelle constitution adoptée en janvier 2001 est beaucoup plus défavorable au droit de grève. Au Tchad ou au Nigeria, les syndicats sont tolérés mais les infractions aux droits syndicaux ont augmenté. Les manifestations sont parfois dispersés dans la violence tandis qu’en Ethiopie le syndicat des enseignants a fait l’objet d’une telle répression qu’il n’est plus en état de fonctionner.
Parfois, l’atteinte aux droits syndicaux prend un caractère risible : au Togo, les enseignants qui manifesteraient pour le paiement de 8 à 15 mois d’arriérés de salaire sont menacés de ne pas être payés pendant la durée de leur absence...
En Afrique, le Zimbabwe et le Swaziland remportent le triste trophée des pays les plus répressifs du continent, tandis que l’Afrique du Sud et le Botswana ont fait de «véritables efforts» en faveur de l’application des droits fondamentaux. On note, en 2001, dans les 37 pays africains dont la CISL a examiné la situation, 185 cas d’arrestations de syndicalistes et plus de 4000 cas de licenciements pour activités syndicales.
Des droits bafoués
Le Zimbabwe totalise l’essentiel des 282 cas recensés en Afrique de syndicalistes blessés et maltraités. Les membres de la centrale syndicale ZCTU font les frais de l’hostilité du pouvoir en raison de l’opposition de cette organisation au régime. La situation n’est guère meilleure au Swaziland pour la centrale syndicale SFTU.
Outre ces deux cas extrêmes, il est des pays africains où le droit d’organisation existe, où les syndicats légalement déclarés peuvent agir et où une législation du travail a été adoptée. Mais, dans la pratique, ces droits sont régulièrement bafoués. C’est le cas au Malawi où, en dépit des lois, des grévistes ont été licenciés alors que les 90% de travailleurs du secteur informel ne sont couverts par aucune réglementation. Et de nombreux syndicalistes africains vivent également sous la menace permanente : au Soudan, à Djibouti, en Guinée équatoriale les syndicats «indépendants» sont interdits.
Au Maroc, la CISL qualifie la situation d’ «hypocrite». Les droits des travailleurs y sont mal respectés par les employeurs «avec l’accord tacite des autorités», notamment quand il s’agit d’entreprises multinationales. Un cas récent d’entrave à la création d’un syndicat dans un groupe textile irlandais délocalisé a été observé sans que le gouvernement souhaite réagir.
Au Sénégal, la CISL voit un exemple de l’évolution négative de la législation dans certains pays. La nouvelle constitution adoptée en janvier 2001 est beaucoup plus défavorable au droit de grève. Au Tchad ou au Nigeria, les syndicats sont tolérés mais les infractions aux droits syndicaux ont augmenté. Les manifestations sont parfois dispersés dans la violence tandis qu’en Ethiopie le syndicat des enseignants a fait l’objet d’une telle répression qu’il n’est plus en état de fonctionner.
Parfois, l’atteinte aux droits syndicaux prend un caractère risible : au Togo, les enseignants qui manifesteraient pour le paiement de 8 à 15 mois d’arriérés de salaire sont menacés de ne pas être payés pendant la durée de leur absence...
par Francine Quentin
Article publié le 20/06/2002