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Social

Force Ouvrière : Blondel passe la main

Après 15 ans à la tête de la troisième confédération syndicale française Marc Blondel se retire pour laisser le secrétariat général de Force Ouvrière à Jean-Claude Mailly, son successeur désigné.
Le 20ème Congrès de Force Ouvrière a rendu un fervent hommage à Marc Blondel qui, âgé de 65 ans, quitte la tête de la confédération syndicale après 15 ans passés à tenir fermement la barre. Sa forte personnalité a imprimé une marque durable à Force ouvrière, donnant à la confédération une orientation plus combative qu’à l’époque de son prédécesseur André Bergeron qui incarnait une préférence pour la négociation.

Peu de changement à attendre, en tous cas, du passage de témoin à Jean-Claude Mailly, le dauphin et successeur désigné de Marc Blondel. Le duel entre deux candidats à la succession a été évité avant le congrès et dans son discours-testament le secrétaire général s’en est félicité estimant que «deux candidats auraient pu signifier l’existence de deux orientations opposées au sein de l’organisation, or je ne crois pas que ce soit le cas».

Elu en 1989 à l’issue d’un congrès houleux Marc Blondel s’est livré depuis lors à un savant équilibrisme entre les deux courants de son organisation, les réformistes d’un côté et le courant trotskiste qui a largement favorisé son arrivée et son maintien au secrétariat général.

En 15 ans, sous la houlette de Marc Blondel, FO a abandonné son rôle d’interlocuteur privilégié du patronat et du gouvernement pour une politique plus arc-boutée sur la défense des acquis sociaux. Le secrétaire général justifie cette évolution par la mondialisation libérale rampante qui pousse au «détricotage» progressif du modèle social français.

Lutte contre la bipolarisation syndicale

Dernier exemple en date, pour Force Ouvrière, la réforme en cours de la sécurité sociale qui fait suite à celle des retraites contre laquelle cette organisation était à la pointe du combat. Dès 1995, Force Ouvrière avait fortement marqué la différence, notamment avec sa rivale la CFDT, par son opposition vigoureuse au plan Juppé de réforme de la sécurité sociale. En dépit de quelques oppositions internes vite jugulées Marc Blondel était réélu en 1996 puis en 2000.

La situation n’est cependant pas toute rose pour Force Ouvrière qui pâtit d’une tendance à la bipolarisation de la vie syndicale française autour de la CFDT, accusée par FO de s’aligner sur le patronat et de la CGT, porteuse, toujours selon FO, d’une vision monopolistique de la représentation syndicale. Alternant, en fonction des thèmes, entre radicalité et pratique contractuelle, FO cherche à conserver sa place dans la course. D’autant que les salariés français ne sont pas un public conquis d’avance.

Un sondage IFOP soulignait récemment que 50% des salariés seulement font confiance aux syndicats contre 50% qui s’en méfient. Marc Blondel, à titre personnel, obtient la meilleure cote de popularité des dirigeants syndicaux, devant Bernard Thibault de la CGT et François Chérèque de la CFDT. Mais les personnes interrogées font davantage confiance aux deux autres organisations syndicales qu’à la sienne. D’ailleurs, aux dernières élections prud’homales qui servent à mesurer la représentativité des différentes organisations, en 2002, FO est arrivée après la CFDT et la CGT, perdant même plus de 2% des suffrages par rapport à 1997.



par Francine  Quentin

Article publié le 05/02/2004