Etats-Unis-Syrie
Bush décide d’imposer des sanctions à Damas
(Photo : AFP, Montage : RFI)
La décision du président américain d’imposer des sanctions à la Syrie n’était pas vraiment une surprise. La semaine dernière déjà, le secrétaire d’Etat adjoint, Richard Armitage, affirmait que ces mesures étaient «inévitables» et qu’elles devaient intervenir «dans un avenir pas trop éloigné». Ces sanctions ont été prises dans le cadre du «Syria Accountability Act», une loi votée par le Congrèsaméricain le 11 novembre dernier. Le président Bush avait ratifié le texte un mois plus tard, le 12 décembre, sans que son application ne soit toutefois décidée. Aujourd’hui c’est donc chose faite. Justifiant le retard pris, la Maison Blanche a affirmé que «l’application de ces sanctions intervient après plusieurs mois d’efforts diplomatiques infructueux pour convaincre le gouvernement syrien de changer son comportement inacceptable». Washington accuse en effet le régime syrien de soutenir le terrorisme, de développer des armes de destruction massive et surtout d’empêcher la stabilisation de l’Irak en permettant aux combattants étrangers de transiter par sa frontière.
Les sanctions imposées par la Maison Blanche portent notamment sur les exportations de produits américains désormais interdites à l’exception des denrées alimentaires et des médicaments. Elles imposent un gel des comptes de la Commercial Bank of Syria accusée d’opérations de blanchiment d’argent présumées. Les avoirs appartenant à «certaines personnes et entités gouvernementales syriennes»seront également bloqués. Plus surprenante en revanche est la décision de Washington d’interdire à tout avion possédé ou contrôlé par le gouvernement syrien de décoller des Etats-Unis ou d’atterrir sur le sol américain. Aucune liaison aérienne directe n’existe en effet entre les deux pays depuis plusieurs décennies, le régime de Damas figurant depuis 1979 sur la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme.
«Des sanctions iniques et injustifiées» pour Damas
Soufflant le chaud et le froid, le président Bush a assuré que les sanctions qu’il a imposées à la Syrie seront levées si Damas coopère. Il a notamment appelé le régime de Bachar al-Assad à s’attaquer au terrorisme et à la violence et à abandonner son programme présumé d’armes de destruction massive. «Le gouvernement syrien doit comprendre que seule sa conduite déterminera de la durée des sanctions et de l'éventualité de voir d'autres sanctions appliquées s'il n'adopte pas une approche plus constructive dans ses relations avec ses voisins, sur la question des armes de destruction massive et le terrorisme», a insisté George Bush.
Premier à réagir à l’annonce de ces sanctions, le chef du gouvernement syrien, Mohammed Naji Otri, a jugé la décision de George Bush «inique et injustifiée». «La direction syrienne croit au dialogue. Elle n’a aucun intérêt à provoquer des problèmes avec l’administration américaine», a-t-il souligné. Minimisant la portée de ces sanctions, le ministre de l’Agriculture, Adel Safar, a pour sa part affirmé que les mesures imposées par Washington «n’affecteront pas l’économie syrienne ni le secteur de l’agriculture». Certains observateurs font de fait remarquer que le secteur pétrolier a été sciemment exclu des sanctions américaines ce qui rend à leurs yeux la décision de Washington plus symbolique qu’autre chose. Ils rappellent notamment que les investissements privés américains se sont multipliés en Syrie ces dernières années.
Dans le domaine énergétique, le groupe américain Conoco associé au français Total, est ainsi impliqué depuis 1998 dans un important projet gazier en Syrie, qui a nécessité un investissement de 400 M USD. Et plus récemment, quatre sociétés américaines ont signé ces derniers mois des contrats d'exploitation de pétrole et de gaz en Syrie. La déclaration du Premier ministre syrien pour qui les sanctions n’auront «aucun effet sauf sur ceux qui les imposent» n’en prend donc que plus de sens dans la mesure où les compagnies pétrolières américaines seront vraisemblablement les premières lésées par l’embargo de Washington.
par Mounia Daoudi
Article publié le 12/05/2004 Dernière mise à jour le 12/05/2004 à 16:08 TU