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Elargissement

La Roumanie met les bouchées doubles

Les Roumains ont célébré, eux aussi, la fête de l'Europe, le 9 mai dernier. 

		(Photo : Xavier Defaix/DR)
Les Roumains ont célébré, eux aussi, la fête de l'Europe, le 9 mai dernier.
(Photo : Xavier Defaix/DR)
Electrisée par le rapport très critique du parlement européen sur ses progrès vers l’adhésion à l’Union européenne, la Roumanie a vivement réagi. Le gouvernement s’est fixé un programme de travail qui, à marche forcée, doit lui permettre de rattraper le retard d’ici fin juin. L’entrée dans la communauté en 2007 est à ce prix.

De notre envoyée spéciale à Bucarest

La Roumanie a vécu le 1er mai dernier, date de l’élargissement de l’Union européenne à dix nouveaux pays, avec un «sentiment de frustration» et une certaine «amertume» d’être tenue à l’écart, se souvient Adrian Nastase, le Premier ministre roumain. Toutefois «l’espoir prévaut sur l’amertume», dans l’attente de l’entrée de la Roumanie dans la communauté, prévue pour 2007, en même temps que la Bulgarie. Et cet espoir les Roumains l’ont manifesté en participant, tout comme les membres de l’Union européenne, à la Fête de l’Europe le 9 mai. Le feu d’artifice tiré depuis le Palais du parlement à Bucarest, l’ex-palais Ceaucescu, au son de l’Hymne à la Joie de Beethoven, qui est aussi celui de l’Union européenne, marquait bien la progression d’un passé heureusement révolu vers un avenir qu’on espère radieux.

C’est pourquoi le rapport publié en mars par le parlement européen sur les progrès réalisés par la Roumanie sur la voie de l’adhésion a fait, dans le pays, l’effet d’un électrochoc. La résolution présentée par la Britannique Emma Nicholson de Winterbourne est une rude mise en garde: l’adhésion en 2007 serait impossible à moins de parvenir à remplir un certain nombre de conditions essentielles. Les députés européens ont également estimé que l’adhésion de la Bulgarie ne devait pas nécessairement être liée à celle de la Roumanie. La Bulgarie a clos 26 chapitres de négociations avec l’Union européenne sur 31 alors que la Roumanie n’en a achevé que 22.

Une véritable «tempête» s’est alors déclenchée en Roumanie, confirme le ministre des Affaires étrangères Mircea Geoana. Celui-ci ne peut s’empêcher de penser que les retards pris par la Roumanie ont été traités, au parlement de Strasbourg, de «manière hyperpolitisée et même si c’est une grave erreur que de sous-estimer les critiques, on a parfois eu l’impression que le jury a été un peu plus rigoureux»avec son pays qu’avec d’autres. Mais, au bout du compte, un bien sortant d’un mal, le rappel à l’ordre doit conduire le pays, espère-t-il, à «être plus strict avec lui-même».

Une «To do list» de 39 mesures

Ainsi, le gouvernement roumain a immédiatement réagi en se fixant un programme de réformes à adopter d’ici fin juin pour rentrer dans les clous, sans attendre que l’initiative soit suggérée de l’extérieur. Cette «To do list», l’inventaire des mesures à prendre rapidement, comprend 39 chapitres qui se déclinent en 130 actions concrètes portant sur la réforme de la justice, la lutte contre la corruption, la liberté de la presse, la protection de l’enfance, la réforme de l’administration, l’ouverture économique. Autant de mauvais points évoqués par le rapport parlementaire.

En se donnant des directives fermes le gouvernement roumain estime «offrir un test de crédibilité» à l’Europe, souligne le Premier ministre. C’est, dit-il, «un baromètre que la commission peut utiliser pour jauger notre volonté, notre détermination». Chaque semaine un point précis de l’avancement du programme est effectué et, au 10 mai, 80 actions concrètes étaient déjà réalisées, selon Adrian Nastase. Dans ces conditions, le Premier ministre ne voit pas pourquoi les échéances ne seraient pas tenues: clôture des négociations d’adhésion en 2004, signature du traité en 2005 et entrée officielle dans l’Union en 2007. Les critiques ne manquent pas, cependant, sur la lenteur et la réalité des réformes dans un pays encore fortement marqué par le passé communiste. Inadaptation de l’administration aux exigences d’une économie moderne et corruption sont au premier rang des obstacles cités.

Les Français très présents

Dans sa course vers l’intégration dans l’Union européenne la Roumanie n’est pas seule. La commission européenne fournit un appui financier et technique dans le cadre des programmes «PHARE». Des conseillers pré-adhésion issus des différents pays de la communauté interviennent en fonction de leurs spécialités nationales. A Bucarest les Français sont présents dans l’harmonisation des finances publiques, le budget et la décentralisation, les Britanniques se concentrent sur le développement régional et rural, les Allemands sur l’émergence d’une économie de marché viable et les Espagnols sur la fiscalité. A cela s’ajoute l’aide bilatérale de chaque pays et en 2004 la France consacrera au total 140 millions d’euros à l’aide bilatérale et européenne à la Roumanie.

Francophonie oblige, la France est largement représentée en Roumanie. Et il en est qui n’ont pas attendu son entrée dans l’Union européenne pour y investir. La France est de 2ème investisseur étranger après les Pays-Bas et les entreprises françaises qui y sont implantées telles Orange, Carrefour ou Ubisoft justifient leur choix par une main d’œuvre bon marché mais surtout qualifiée et «battante», la proximité culturelle et l’accès à un marché de près de 22 millions de consommateurs.



par Francine  Quentin

Article publié le 13/05/2004 Dernière mise à jour le 13/05/2004 à 14:08 TU

Réalisation multimédia : Pascale Hamon