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OGM

Union européenne : oui au<BR>pop-corn BT-11

Trente-trois OGM sont en attente d'autorisation de l'Union européenne. 

		(Photo: AFP)
Trente-trois OGM sont en attente d'autorisation de l'Union européenne.
(Photo: AFP)
La victoire de la firme suisse Syngenta, autorisée à commercialiser son maïs doux transgénique BT-11 dans l’Union européenne est d’une ampleur relative, en raison du rejet des consommateurs pour les OGM. Mais 33 autres produits génétiquement modifiés sont en cours d’autorisation auprès de l’Union européenne et pourraient bien s’engouffrer dans la brèche.
Action de Greenpeace dans un champs de maïs OGM en Allemagne. 

		(Photo: AFP)
Action de Greenpeace dans un champs de maïs OGM en Allemagne.
(Photo: AFP)

La décision de la commission européenne d’autoriser la commercialisation dans les 25 pays de l’Union du maïs doux génétiquement modifié de la firme suisse Syngenta constitue un aveu de désaccord politique pour les pays membres, et une défaite pour les associations écologistes et de consommateurs. Il est ainsi mis un terme au moratoire sur les nouveaux OGM observé depuis 1999.

Faute de pouvoir prendre une position à la majorité qualifiée les ministres de l’Agriculture des Quinze ont, le 26 avril dernier, quelques jours avant l’entrée des dix nouveaux pays, laissé le dernier mot à la commission européenne. Six pays européens se sont prononcés pour la levée du moratoire en faveur du maïs transgénique BT-11 (Irlande, Royaume-Uni, Pays-Bas, Suède, Finlande et Italie), six autres se sont prononcés contre (France, Autriche, Luxembourg, Danemark, Portugal et Grèce) et les trois derniers se sont abstenus (Allemagne, Belgique et Espagne). Ils ont donc, en raison de leur désunion sur un sujet très controversé en Europe, renvoyé à la commission européenne le soin de trancher. Or celle-ci avait déjà émis un avis favorable à la commercialisation du BT-11, le 28 janvier dernier, et ne s’est pas déjugée.

La Confédération paysanne, engagée dans le mouvement altermondialiste, dénonce «les politiques qui laissent le collège des commissaires se substituer à eux, se dédouanant de l’exercice de leurs responsabilités et ceci à quelques semaines des élections au parlement européen».

La décision de suspendre l’autorisation dans l’Union européenne de nouveaux produits OGM que ceux déjà autorisés, soit au total 16 OGM déjà présents avant 1999, avait été prise à la demande de cinq pays qui exigeaient au préalable l’adoption d’une législation stricte sur l’étiquetage et la traçabilité des OGM. Cette législation communautaire sur l’information obligatoire des consommateurs, au-delà d’un seuil de 0,9% d’OGM dans la composition, est entrée en vigueur le 18 avril et, pour la commission, rien de s’opposait donc plus à la levée du moratoire. D’autant qu’une plainte déposée par les États-Unis, le canada et l’Argentine contre le moratoire européen doit être examinée début juin à l’Organisation mondiale du commerce.

Le consommateur n'est pas obligé

Le maïs doux BT-11 destiné à la consommation humaine est autorisé pour dix ans et devra être étiqueté comme OGM. Il ne sera pas cultivé dans les champs des pays de l’Union européenne mais sera vendu sous forme de boites et de pop-corn. Les écologistes, notamment français, dénoncent les faiblesses du dossier scientifique produit à l’appui de la demande d’autorisation et l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, créée après la crise de la vache folle, estime les essais sur les animaux insuffisants.

Mais comme le rappelle le ministre français de l’Ecologie, Serge Lepeltier, le consommateur «peut ne pas acheter ces produits», ce que le ministre italien de l'Agriculture, Gianni Alemanno, traduit par «le marché jugera». Les opinions publiques européennes sont généralement hostiles aux organismes génétiquement modifiés et, affirment les Amis de la terre, leur exportation vers l’Europe décroît au lieu d’augmenter, à tel point que le géant américain de l’industrie biotechnologique Monsanto a renoncé à y lancer son blé OGM. Pour les écologistes la question principale est désormais celle de la mise en culture des produits OGM dans des espaces coexistants avec des cultures non-OGM. Les règles de cohabitation entre les deux filières n’existent pas encore dans l’Union européenne. Et la situation risque de s’aggraver dans les mois ou les années à venir quand on sait que, selon la commission de Bruxelles, 33 procédures d’autorisation d’OGM, pour des semences à cultiver sur place ou pour des produits alimentaires, sont actuellement en cours. D’où l’inquiétude de l’association Consofrance qui relève que «petit à petit ces OGM seront tellement implantés qu’on ne pourra plus faire marche arrière».


par Francine  Quentin

Article publié le 19/05/2004 Dernière mise à jour le 19/05/2004 à 12:54 TU

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Serge Lepeltier

Ministre de l'Ecologie et du développement durable

«Ce que nous voulons en France c'est que puisse se développer et continuer à vivre une agriculture non OGM.»

[19/05/2004]

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