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Proche-Orient

Gaza : réprobation internationale

Depuis trois jours buldozers et tanks israéliens occupent Rafah. 

		(Photo : AFP)
Depuis trois jours buldozers et tanks israéliens occupent Rafah.
(Photo : AFP)
La brutalité de l’opération militaire israélienne en cours à Rafah, dans la bande de Gaza, suscite une vive réprobation et la condamnation de la communauté internationale.

C’est une action de très grande envergure qui est menée depuis quelques jours par les soldats israéliens dans le sud de la bande de Gaza. C’est même la plus importante dans ce secteur depuis le début de la seconde Intifada, en 2000. Trois bataillons d’infanterie et un bataillon de chars, appuyés par des moyens aériens, ont engagé une opération visant à briser un foyer de la résistance palestinienne et à tarir le trafic d’armes, qui emprunte des souterrains pour franchir la frontière avec l’Egypte, toute proche.

Pour s’assurer un contrôle efficace du territoire, l’armée israélienne procède par la destruction systématique de blocs d’habitations. Au cours de la nuit de mercredi à jeudi, 15 maisons ont été détruites à Rafah. Au cours de ces huit derniers jours, ce sont ainsi plus de cent habitations qui ont été rasées. Plus d’un millier de personnes sont privées de logement. Le bilan humain est également considérable. Alors que la semaine dernière 13 soldats israéliens avaient péri à Gaza, depuis mardi à l’aube, date du début de l’opération «arc-en-ciel et nuages», 41 Palestiniens ont été tués, dont de nombreux enfants et jeunes gens. Sur au moins dix Palestiniens tués, mercredi, lors de la manifestation de protestation à Rafah, 6 avaient entre 11 à 18 ans, selon les médecins. Il y a eu 70 blessés. Les soldats israéliens ont fait usage de rocket tirée d’un hélicoptère et d’obus d’artillerie. «Une erreur», a reconnu l’armée.

Cette «bavure» militaire a provoqué une vague d’indignation dans le monde et embarrassé les autorités civiles et militaires israéliennes. Quatre organisations israéliennes de défense des droits de l’Homme demandent jeudi une enquête à la Cour suprême. Dans une pétition, elles réclament également «le droit d’évacuer les morts et les blessés de Rafah et une totale liberté de mouvement pour les ambulances». Mercredi, les services palestiniens d’urgence accusaient l’armée israélienne d’empêcher les véhicules d’urgence de parvenir à Rafah. L’état-major a exprimé ses regrets pour «la mort d’innocents». Une porte-parole de l’armée a proposé d’hospitaliser les blessés dans des établissements israéliens. Des députés arabes israéliens ont exigé que le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d’état-major soient jugés par la Cour internationale de Justice pour «crimes de guerre». Surtout qu'«en fin de compte, il y aura un retrait de Gaza», rappelle l'un d'entre eux.

Les dégâts diplomatiques

Cette situation produit des réactions diplomatiques particulièrement sévères. Même l’allié américain, le plus fidèle d’Israël, a manifesté une préoccupation inhabituelle. Signe de l’inquiétude provoquée par la brutalité de l’opération, Washington ne s’est pas opposé à l’adoption de la résolution adoptée, au cours de la nuit de mercredi à jeudi, par le Conseil de sécurité des Nations unies et a exprimé ses réserves en s’abstenant. Le document de l’Onu rappelle à Israël de «respecter les obligations que lui impose le droit humanitaire international et souligne en particulier l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations, qui sont contraires à la dite loi». La Maison Blanche a estimé que l’opération avait aggravé la situation et ne servait pas la paix et la sécurité. Le secrétaire d’Etat américain a déclaré que ces événements «compliquaient la progression et le retour vers le processus de paix».

Pour sa part, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a rappelé les Etats-Unis à leur «responsabilité morale, politique et historique au Proche-Orient» et a qualifié les attaques israéliennes de «crimes de guerre». Les nombreuses condamnations en provenance des capitales arabes dénoncent la violence de l’intervention. L’Inde appelle à stopper «immédiatement» l’offensive. Le ministre français des Affaires étrangères a contacté Yasser Arafat «pour lui faire part de sa consternation devant les événements survenus ces derniers jours à Gaza et de sa sympathie pour les populations civiles touchées par les opérations militaires israéliennes».

Avant le vote du conseil de sécurité, Kofi Annan a condamné, tout comme de nombreux pays, l’intervention israélienne à Gaza. A l’issue du vote, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies estimait que «la résolution n’a pas appelé Israël à stopper son activité et n’a pas appelé Israël à mettre fin à la démolition d’habitations». Selon Dan Gillerman, le secrétaire général de l’Onu a été «trompé» par «la machine de propagande palestinienne». Jeudi, Israël poursuivait son offensive dans le camp de Rafah.



par Georges  Abou

Article publié le 20/05/2004 Dernière mise à jour le 20/05/2004 à 16:08 TU

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Lionel Brisson

Chef de la délégation de l'UNRWA à Gaza

«Les maisons qui ont été détruites ces derniers jours appartiendraient à des activistes isréliens.»

[20/05/2004]

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