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Proche-Orient

Le chaos s’installe à Gaza

Funérailles à Gaza d'un activiste palestinien tué par l'armée israélienne. La situation dans ce territoire s'est brusquement dégradée en début de semaine. 

		(Photo : AFP)
Funérailles à Gaza d'un activiste palestinien tué par l'armée israélienne. La situation dans ce territoire s'est brusquement dégradée en début de semaine.
(Photo : AFP)
Attaques et représailles se sont succédé depuis le début de la semaine dans la bande de Gaza où l’armée israélienne a enregistré un sérieux revers avec la mort en moins de quarante-huit heures de onze de ses soldats tués au cours d’embuscades montées par les groupes radicaux palestiniens. Cette dégradation de la situation dans un territoire qu’une majorité de la population israélienne souhaite évacuer a relancé le débat autour du plan Sharon pour un retrait unilatéral de la bande de Gaza. Soumis aux électeurs du Likoud, ce projet avait été largement rejeté. Malgré ce désaveu mais fort du soutien de la majorité des Israéliens, le Premier ministre s’était engagé à se retirer de ce territoire.

Rien ne laissait présager que l’incursion menée en début de semaine dans la bande de Gaza par l’armée israélienne allait se solder par une flambée de violences aussi meurtrière pour l’Etat hébreu. Dans la nuit de lundi à mardi, une colonne de blindés avait en effet pénétré dans le quartier de Zeitoune à Gaza pour y détruire des ateliers suspectés de fabriquer les roquettes artisanales avec lesquelles les activistes du Hamas ou du Jihad islamique pilonnent les colonies israéliennes, souvent sans faire de dégâts autres que matériels. Comme de coutume les soldats de Tsahal se sont heurtés à une vive résistance de la part des Palestiniens. Mais c’est lors de leur retrait qu’ils sont tombés dans une embuscade meurtrière. Un transport de troupes, à bord duquel avaient pris place six militaires, a en effet sauté sur une mine. L’effet de cette bombe a été décuplé par l’explosion d’une centaine de kilos d’explosifs chargés à bord du véhicule pour les besoins de la mission. Les corps des six soldats ont été projetés dans un rayon de 300 mètres.

Revendiquée par le Hamas, cette première embuscade a provoqué un choc dans la société israélienne profondément ébranlée de voir des images de Palestiniens encagoulés et armés paradant dans les rues de Gaza en brandissant un sac contenant les restes des soldats. La riposte de l’armée israélienne ne s’est donc pas faite attendre. Appuyés par des hélicoptères, des chars et des bulldozers, des militaires ont conduit des recherches maison par maison pour tenter de récupérer les dépouilles des soldats tués. Mais au cours de ces opérations, un autre blindé est tombé dans une nouvelle embuscade à Rafah dans le sud de la bande de Gaza. Cinq soldats y ont trouvé la mort, portant à onze le nombre de décès dans les rangs de Tsahal. Depuis le début de l’incursion israélienne dans la bande de Gaza, vingt-huit Palestiniens ont par ailleurs été tués, parmi lesquels une majorité de civils, et près de deux cents personnes ont été blessées.


Victoire pour les radicaux palestiniens

Cette nouvelle flambée de violences avec son lot d’images choquantes –l’armée israélienne n’a pu récupérer les restes de ses soldats que grâce à une médiation égyptienne– a relancé en Israël le débat sur la nécessité d’évacuer la bande de Gaza comme le souhaite une majorité de la population. Jeudi matin, la presse israélienne n’hésitait pas ainsi à faire le parallèle entre l’enlisement à Gaza et la situation qui prévalait dans le Sud-Liban avant son évacuation en 2002 après 22 ans d’occupation. «Pour une bonne partie de la population, la bande de Gaza est devenue le Liban», souligne ainsi le Yédiot Aharonot, le quotidien le plus lu du pays. Pour Maariv, la question est de savoir combien de temps l’Etat hébreu va «rester embourbé dans la bande de Gaza et à quel prix».Le quotidien indépendant Haaretz, qui affirme que «la majorité des Israéliens est écoeurée par cette guerre», s'en prend dans un article au vitriol au lobby des colons juifs qui s'était mobilisé pour obtenir le 2 mai le rejet par 50 000 des membres du Likoud du plan Sharon de séparation unilatérale d'avec les Palestiniens.

Ce plan avait pourtant reçu l’aval de la Maison Blanche contre l'avis de L'Autorité palestinienne. Malgré le désaveu de son parti, Ariel Sharon s’était engagé à l’appliquer en y incluant toutefois certains aménagements. Mais soucieux d’éviter que ce retrait ne soit interprété comme une défaite d’Israël et donc une victoire du terrorisme, le Premier ministre avait décidé de frapper les groupes radicaux palestiniens en multipliant notamment les incursions dans la bande de Gaza. Mais loin de parvenir à ses fins, les événements de cette semaine semblent au contraire lui porter tort dans la mesure où ils s’apparentent plus à une victoire pour les extrémistes palestiniens qui ont fait subir à l’armée israélienne ses plus lourdes pertes depuis le début de l’Intifada en septembre 2002.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/05/2004 Dernière mise à jour le 13/05/2004 à 15:31 TU

Réalisation multimédia : Pascale Hamon