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Etats-Unis

Démission du chef de la CIA

Le président américain George Bush a annoncé, ce&nbsp;jeudi 3 juin 2004,&nbsp;la démission, «<EM>pour raisons personnelles</EM>», du directeur de la CIA, George Tenet. 

		(Photo: AFP)
Le président américain George Bush a annoncé, ce jeudi 3 juin 2004, la démission, «pour raisons personnelles», du directeur de la CIA, George Tenet.
(Photo: AFP)
Le président Bush vient d’annoncer la démission du directeur de la CIA George Tenet «pour des raisons personnelles». Nommé par Clinton, le patron de la centrale américaine de renseignement était sur la sellette pour avoir fourni des informations erronées sur les armes de destruction massive irakiennes.

Personne ne croira un instant que ce sont des «raisons personnelles», selon la formule très soviétique employée par George W. Bush,  qui ont poussé George Tenet à renoncer au poste qu’il occupait depuis que Bill Clinton l’y avait nommé en 1997. Tenet est d’ailleurs le seul haut responsable de l’administration précédente à avoir été conservé au sein de l’équipe entourant George W. Bush.

Après les attentats du 11 septembre 2001 que n’avaient su empêcher les services de renseignement, nombreux étaient ceux qui avaient cru pouvoir prédire la fin de Tenet. En réalité, la relation étroite qu’il entretenait avec George W. Bush avant cette date, n’a fait que se renforcer depuis. La CIA a été au cœur de la «guerre contre le terrorisme», de la campagne d’Afghanistan à la guerre d’Irak, en passant par la traque des partisans de Ben Laden : en novembre 2002, c’est un missile tiré par un avion sans pilote de la CIA télécommandé depuis Djibouti qui a pulvérisé au Yémen la voiture d’un lieutenant du chef d’al Qaïda. En effet, George Bush a mis fin à l’interdiction qui pesait sur la CIA de tuer des dirigeants étrangers, prise à la fin des années 70. George Bush, contrairement à son prédécesseur, adore les services de renseignements, et tout particulièrement le « PDB », le President daily briefing que vient lui présenter personnellement chaque jour à 7 heures du matin George Tenet en personne, ou l’un de ses plus proches adjoints.

Mais la CIA et son directeur ont mis tout leur poids dans la campagne précédant la guerre d’Irak affirmant que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive. C’est la CIA, pour l’essentiel, qui a nourri le fameux exposé que Colin Powell a présenté au Conseil de sécurité de l’ONU le 5 février 2003, dans lequel le secrétaire d’État a affirmé que l’Irak détenait des laboratoires biologiques mobiles destinés au transport et à la confection d’armes non conventionnelles. Colin Powell ayant mis tout son prestige, qui n’est pas mince, dans la balance, c’est un euphémisme de dire qu’il a découvert avec fureur que sa crédibilité avait servi à présenter des arguments mensongers.

Le dilemme de George Bush

Depuis plusieurs mois, il n’a eu de cesse d’exiger de la CIA que les responsabilités de cette désinformation soient établies et que les responsables en tirent les conséquences. Or, si la CIA n’est pas seule en cause, elle est évidemment en première ligne. Du reste, ces derniers temps, la ligne de défense de la Maison-Blanche a été d’affirmer en toute circonstance que le président se fondait sur les informations transmises par ses services de renseignement.

Mais c’est sans doute le scandale de la prison d’Abou Ghraib qui a scellé le sort de George Tenet. Les tortionnaires de la fameuse prison irakienne n’étaient pas tous des contractuels civils ou des réservistes. L’enquête a clairement démontré que certains interrogatoires musclés étaient conduits par des agents de la CIA.

Pour George Bush, dont la réélection en novembre est de plus en plus compromise, le choix se résumait à un dilemme : laisser le scandale croître et se rapprocher du premier cercle de ses proches, ou sacrifier ce responsable de la CIA très politique –certains diront opportuniste –qu’est George Tenet.

C’est à cette seconde solution qu’a fini par se résoudre le président américain, sans reconnaître pour autant les torts de la CIA, mais au risque d’ouvrir un cycle de limogeages sanctions destinés à le préserver. Le prochain sur la liste est déjà connu : il s’agit de Donald Rumsfeld qui, jusqu’à présent du moins, s’accroche de toutes ses forces à son poste de secrétaire à la Défense.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 03/06/2004 Dernière mise à jour le 03/06/2004 à 15:23 TU