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Jour J-2 : Bush entame à Rome sa tournée européenne

Jean-Paul II reçoit le président George W. Bush au Vatican. 

		(Photo AFP)
Jean-Paul II reçoit le président George W. Bush au Vatican.
(Photo AFP)
Le président américain est arrivé le 4 juin en Italie, première étape de la tournée européenne au cours de laquelle il doit participer aux cérémonies de commémoration du débarquement allié en Normandie. Une occasion pour George W. Bush de rencontrer l’un de ses principaux alliés sur le continent, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, mais aussi de s’entretenir avec le pape Jean-Paul II. Même si la visite du président des Etats-Unis en Italie correspond avant tout au soixantième anniversaire de la libération de Rome par les troupes américaines, elle ne fait pas l’unanimité dans un pays où une large frange de la population condamne l’intervention militaire en Irak.
George W. Bush tenait absolument à s’entretenir avec le Saint Père à l’occasion de sa visite à Rome. Il a même accepté de modifier son emploi du temps afin de rendre possible une entrevue avec Jean-Paul II avant que celui-ci ne parte pour la Suisse, samedi. Le président américain a profité de cette troisième rencontre avec le souverain pontife pour lui remettre la plus haute distinction civile américaine, «la médaille présidentielle de la liberté». Une manière de reconnaître l’importance du combat du pape contre la tyrannie, en Pologne notamment. Si George W. Bush affirme haut et fort son respect pour le Saint Père, une figure morale incontournable, son admiration ne dépasse pourtant pas les limites de la «real politik» à l’américaine. Il n’a ainsi pas pris en compte la mise en garde du pape contre les dangers d’une intervention militaire en Irak, qu’il lui avait fait parvenir avant le déclenchement des hostilités. Ces désaccords sont aujourd’hui oubliés, affirme-t-on dans l’entourage du président. Mais la question irakienne demeure au cœur de l’actualité politique internationale et a été abordée par les deux hommes et leurs conseillers lors du passage du président américain au Vatican. George W. Bush devait d’ailleurs profiter de l’entrevue avec le pape pour l’assurer de son intention de tout faire pour empêcher qu’un scandale comme celui de la prison d’Abou Ghraib, dénoncé avec véhémence par Jean-Paul II, ne se reproduise. Le pape a, quant à lui, maintenu ses positions et appelé à une «normalisation rapide» de la situation en Irak avec la «participation active de la communauté internationale et en particulier des Nations unies».

«No Bush, no war»

Il est vrai que le déplacement de George W. Bush en Italie, même s’il a lieu à l’occasion des commémorations du soixantième anniversaire de la libération de Rome, est largement marqué par le contexte international et surtout par la situation en Irak. C’est d’ailleurs pour protester contre la politique américaine dans ce pays que les partis radicaux de gauche ont appelé les Italiens à manifester contre la visite du président américain derrière le slogan «No Bush, no war» («pas de Bush, pas de guerre»). Plusieurs milliers de personnes ont suivi ce mot d’ordre et ont défilé, vendredi, dans le centre de la capitale italienne où près de 10 000 policiers étaient déployés pour éviter des débordements et assurer la sécurité des hôtes de Silvio Berlusconi.

Le chef du gouvernement italien, fidèle allié de George W. Bush, est en effet soumis à de fortes pressions dans son pays où l’opinion n’est pas favorable à la participation des troupes nationales à l’intervention militaire sous commandement américain en Irak. L’enlèvement de quatre Italiens et l’exécution de l’un d’entre eux par des terroristes irakiens a participé à rendre le sujet particulièrement sensible dans le pays depuis plusieurs semaines. Dans ce contexte et après les menaces des ravisseurs de s’en prendre aux otages si des manifestations n’étaient pas organisées dans le pays pour protester contre la visite de Bush, l’arrivée du président américain a été perçue comme «inopportune» par 57 % des Italiens.

C’est donc dans une ambiance tendue et sous haute surveillance que George W. Bush a engagé sa visite d’un jour et demi à Rome. Son programme est chargé. Après son entrevue avec le pape, il doit participer à une cérémonie aux Fosses Ardéatines, où plus de trois cents otages italiens avaient été exécutés par les soldats nazis en mars 1994. Le président américain et son épouse doivent aussi être les hôtes du chef du gouvernement italien pour un dîner de gala organisé vendredi soir. Mais surtout, George W. Bush et Silvio Berlusconi doivent faire un point politique samedi matin, avant que le président américain ne s’envole vers la France où Jacques Chirac l’attend pour se rendre sur les plages normandes commémorer le soixantième anniversaire du débarquement.



par Valérie  Gas

Article publié le 04/06/2004 Dernière mise à jour le 04/06/2004 à 15:48 TU

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Sébastien Fath

Chercheur au CNRS

«Les Etats-Unis restent un pays très religieux. 40 % de la population pratique hebdomadairement contre 7% en France, ce qui montre le décalage religieux entre les deux rives de l'Atlantique.»

[04/06/2004]

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