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Irak

La nouvelle résolution n'est plus qu’une formalité

Le nouveau Premier ministre irakien Iyad Allaoui, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle il appelle à voter «maintenant» la nouvelle résolution. 

		(Photo : AFP)
Le nouveau Premier ministre irakien Iyad Allaoui, a envoyé une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle il appelle à voter «maintenant» la nouvelle résolution.
(Photo : AFP)
La nouvelle résolution américano-britannique, qui doit jeter les bases d’un nouvel Irak, devrait être votée à l’unanimité dans la soirée de mardi par les membres du Conseil de sécurité. Washington et Londres ont dû revoir leur copie à quatre reprises avant d’obtenir l’aval de certains pays, parmi lesquels la France et la Russie, soucieux de s’assurer que la souveraineté qui sera transmise le 30 juin prochain aux Irakiens soit bien réelle. Mais si les deux alliés ont certes amendé leur texte, ils n’ont toutefois pas répondu à toutes les inquiétudes avancées par Paris et Moscou. Il est vrai cependant que ces pays, qui s’étaient violemment opposés à une guerre contre le régime de Saddam Hussein, pouvaient difficilement continuer à s’opposer au vote d’une résolution que le nouvel exécutif irakien a appelé lui-même de ses vœux.

L’administration Bush et son allié britannique étaient assurés dès dimanche d’une majorité au sein Conseil de sécurité, les derniers amendements apportés à leur texte répondant largement à leurs yeux aux revendications de pays comme la France, accusée de mener la fronde contre la politique menée par Washington et Londres en Irak. Le secrétaire d’Etat Colin Powell n’était d’ailleurs pas peu fier dimanche. «Quand les Français vont voir cela, je pense qu'ils réaliseront que les Irakiens sont satisfaits de notre présence, seront satisfaits de voir que nous sommes prêts à participer au processus de coordination et de consultation», avait-il affirmé. Et le chef de la diplomatie américaine d’insister : «Si le nouveau gouvernement souverain est satisfait, il me semble que cela devrait satisfaire aussi tous mes collègues du conseil de sécurité».

Il est vrai que Colin Powell avait largement de quoi être satisfait puisque l’une des ses initiatives a permis de couper court aux débats qui promettaient d’être longs, voire fastidieux, aux Nations unies. En faisant parvenir une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle les Etats-Unis s’engageaient à coopérer avec le nouvel exécutif irakien, le chef de la diplomatie américaine a en effet répondu, certes ad minima, à une partie des exigences de Paris et Moscou qui souhaitaient des précisions sur les conditions dans lesquelles les forces de la coalition resteront en Irak après le 30juin. Dans son courrier, qui doit être annexé à la résolution américano-britannique, Colin Powell affirme ainsi que le commandement américain, en charge de la nouvelle force multinationale, s’efforcera «en partenariat avec le nouvel exécutif irakien de trouver un accord sur l’ensemble des questions fondamentale de politique et de sécurité, y compris la politique sur les opérations offensives sensibles». 

Contraints et forcés

Cet engagement était en outre appuyé par un second courrier adressé au Conseil de sécurité par le nouveau Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, dans lequel ce dernier abordait dans les grandes lignes les modalités de coopération avec la nouvelle force multinationale (FMN). Le chef de l’exécutif irakien affirmait ainsi que son gouvernement mettra très vite en place une nouvelle Commission pour la sécurité nationale pour assurer «que les forces de sécurité irakiennes se coordonneront avec la FMN sur toutes politiques de sécurité et questions en matière de sécurité». Iyad Allaoui précisait également que cette nouvelle instance –qu’il présidera lui-même– devra «parvenir à un accord sur l’ensemble des questions de sécurité de politique fondamentales, y compris la politique concernant les opérations sensibles».

Dans ces conditions, on voit donc mal comment la France ou la Russie pouvaient encore continuer à s’opposer au vote d’une résolution qui a reçu le total soutien du nouveau pouvoir irakien. Certes ce nouvel exécutif a été largement mis en place par l’administrateur américain Paul Bremer et il est aujourd’hui détenu par un homme proche de la CIA. Mais sa composition n’est désormais plus à l’ordre du jour. La France a certes tenté un dernier baroud d’honneur dimanche en demandant que soit intégré un paragraphe dans la nouvelle résolution autorisant le gouvernement irakien à opposer un veto aux opérations d’envergures menées par les Etats-Unis en Irak au sujet desquels il ne serait pas d’accord. Mais Washington s’est empressé de rejeter la proposition, estimant suffisants les engagements contenus dans les deux lettres adressées par Colin Powell et Iyad Allaoui au Conseil de sécurité.

C’est donc contraints et forcés que les pays qui avaient pourtant accueilli avec réserve le projet de résolution américano-britannique vont devoir s’incliner. Ils pourront toujours évoquer le bien être de la population irakienne pour justifier leur adhésion à un texte qui loin de mettre fin à l’occupation assoit le pouvoir d’une force sous commandement américain en Irak.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 08/06/2004 Dernière mise à jour le 08/06/2004 à 15:30 TU