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Irak

Washington et Londres amendent leur résolution

L'envoyé spécial de l’ONU en Irak, Lakhdar Brahimi va présenter son rapport. 

		(Photo AFP)
L'envoyé spécial de l’ONU en Irak, Lakhdar Brahimi va présenter son rapport.
(Photo AFP)
Après avoir présidé à la mise en place du nouvel exécutif irakien, l’administration Bush cherche désormais à faire valider par le Conseil de sécurité des Nations unies son projet de résolution qui doit entériner la fin de l’occupation en Irak et le transfert de la souveraineté au gouvernement intérimaire. Conscient que la première mouture de ce projet était loin de faire l’unanimité, notamment auprès des pays qui s’étaient opposés à une guerre contre le régime Saddam Hussein, les Etats-Unis et leur allié britannique viennent de présenter une version amendée du texte qu’ils avaient présenté à l’ONU le 24 mai dernier.

Washington et Londres ont beau laissé entendre que le vote de leur projet de résolution n’est plus qu’une formalité, rien ne garantit que les membres du Conseil de sécurité s’aligneront sur leur position. Certes les deux alliés ont présenté une nouvelle version de leur projet mais les modifications qu’ils ont apportées pourraient s’avérer insuffisantes tant la communauté internationale, qui comptait sur un retour des Nations unies en Irak, semble avoir été échaudée par la manière dont s’est déroulée la désignation du nouvel exécutif irakien. L’envoyé spécial des Nations unies, Lakhdar Brahimi, a en effet largement été marginalisé par l’administration de la coalition lors du choix de la nouvelle équipe qui doit présider à partir du 1er juillet aux destinées de l’Irak. Répondant aux critiques sur la forte implication américaine dans les nominations du nouvel exécutif, le diplomate onusien a ouvertement affirmé que les Etats-Unis étaient toujours la force dominante en Irak. «Je vous rappelle que les Américains gouvernent le pays et donc leurs points de vue sont certainement pris en considération», a-t-il affirmé lors d’un point de presse à Bagdad.

Usant d’un langage fort peu diplomatique, Lakhdar Brahimi n’a en outre pas hésité à égratigner l’administrateur américain en Irak. «Je ne pense pas que Bremer me tiendra rigueur si je dis qu’il est le dictateur de l’Irak. Il a l’argent et il a la signature», a affirmé l’envoyé spécial de Kofi Annan, connu pourtant pour mesurer ses propos. Il a également souligné que le nouvel exécutif irakien n’était pas idéal, insistant sur le fait que ses membres devaient travailler dur pour gagner une légitimé. «Personne ne doit oublier que seul un gouvernement élu peut affirmer représenter le peuple irakien. En attendant, les membres de ce gouvernement savent et ne doivent pas oublier qu’ils ne sont pas élus», a-t-il insisté. Lakhdar Brahimi a toutefois reconnu que dans le contexte actuel cette nouvelle équipe était sans doute la meilleure possible dans la mesure où elle est composée de personnes qui représentent des mouvements et des partis politiques importants. «Je crois, a-t-il souligné, que beaucoup d’Irakiens trouveront dans ce gouvernement des gens très proches d’eux». 

Aucune date pour le retrait de la force multinationale

Mais si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont félicités de la nomination du nouvel exécutif irakien, la plupart des membres du Conseil de sécurité ont adopté une attitude beaucoup plus mesurée. La France, en tête du clan des anti-guerre, a ainsi «pris acte» de cette nomination tandis que d’autres pays comme la Russie ou la Chine ont souhaité à la nouvelle équipe dirigeante de réussir à rétablir la stabilité dans le pays.

Dans ce contexte de mise à l’écart évidente des Nations unies du processus politique en cours en Irak, Washington et Londres pourraient être confrontés à une opposition au sein du Conseil de sécurité. La nouvelle mouture de leur projet de résolution pourrait, malgré l’optimisme qu’ils affichent, avoir du mal à réunir une majorité. Le nouveau texte présente certes des avancées mais ces dernières pourraient être jugées insuffisantes. Car si le document initial ne fixait pas de date pour le retrait de la force multinationale d’environ 160 000 hommes qui sera dirigée par les Etats-Unis, le nouveau texte précise que leur mandat «devra expirer au terme du processus politique», c’est-à-dire lorsqu’un gouvernement constitutionnellement élu prendra ses fonctions. Aucune date n’est toutefois clairement définie puisque le processus est lié à l’organisation d’élections générales, prévues certes fin 2005, mais rien ne garantit qu’elles auront bien lieu à cette date là. Or des pays comme la France où la Chine ont fait savoir qu’ils souhaitaient une date plus précise sur l’expiration du mandat de cette force multinationale.

Le nouveau texte précise également que les forces de sécurité irakiennes seront sous contrôle irakien et que toutes les troupes armées présentes dans le pays seront soumises aux principes du droit international, une disposition bienvenue après le scandale des sévices perpétrés sur des prisonniers irakiens dans la prison d’Abou Ghraïb. En ce qui concerne la souveraineté, le projet américano-britannique précise que l'Irak aura immédiatement le contrôle de ses ressources naturelles. La commission consultative internationale mise en place pour réaliser un audit des comptes du fonds spécial sur lequel sont versés les revenus du pétrole restera néanmoins en place pour le moment.

Le nouveau texte américano-britannique doit être discuté après la présentation du rapport de l’envoyé spécial de Kofi Annan au Conseil de sécurité prévue ce mercredi. Aucune date n’a toutefois été fixée pour le vote de la nouvelle résolution.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 02/06/2004 Dernière mise à jour le 02/06/2004 à 15:38 TU

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Mahmoud Osmane

Ex- membre du CIG irakien

«Je suis satisfait, j’espère que le gouvernement va être capable de résoudre les problèmes irakiens.»

[02/06/2004]

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