Musée
Le Jeu de Paume, temple national de la photo
(Photo : Ministère de la Culture)
Ce jeudi, l’espace consacré à la photographie des origines à nos jours, à la vidéo et au multimedia ouvre ses portes après quelques mois de fermeture pour travaux d’aménagement des lieux.
Dans un seul et même espace, d’une superficie de 1 200 mètres carrés seront désormais regroupées les activités du centre national de la photographie (CNP), antérieurement installé à l’hôtel Salomon de Rotschild dans le VIIe arrondissement de Paris, et celles de l’association Patrimoine photographique dont la mission est de conserver, gérer et diffuser les collections ayant fait l’objet de donations à l’Etat.
L’association Patrimoine photographique s’appuyait et continuera de s’appuyer éventuellement sur l’hôtel Sully, situé dans le quartier du Marais à Paris, pour accueillir sur 300 mètres carrés des expositions, films, débats, activités de recherche et de pédagogie. Mais le nouvel établissement du Jeu de Paume aura en charge d’assurer une meilleure mise en valeur culturelle et commerciale des fonds photographiques de l’Etat, jusque là conservés à la médiathèque du Patrimoine de Saint-Cyr dans les Yvelines.
«La politique du ministère de la Culture en matière de photographie manquait de cohérence et de visibilité (…) souffrait d’une grande dispersion de ses moyens par ailleurs» avait déclaré à la presse Jean-Jacques Aillagon en février 2004 (alors ministre de la Culture) lequel souhaitait, avec l’ouverture de ce grand temple consacré à la photographie et à l’image, mieux valoriser les fonds: «le Jeu de Paume sera donc un site de tout premier plan pour remplir une mission globale qui touche tous les courants de la photographie, et au-delà, de la vidéo et du cinéma».
«la photographie a atteint le terme de son évolution historique»
Régis Durand souligne que «la photographie a toujours occupé une place fluctuante par rapport aux autres formes de représentations, notamment face à la peinture au XIXe siècle. En libérant la photographie de la représentation stricte du réel et en donnant à toute image la possibilité de migrer d’un médium à l’autre, la révolution numérique a renforcé cette instabilité. Il semble que la photographie a atteint le terme de son évolution historique. Cette mutation technologique et ce changement de nature conduisent donc à réfléchir et à revenir sur l’histoire du médium, à s’interroger sur sa fonction dans le champ large de l’image».
Jean-Jacques Aillagon exprimait en janvier dernier le souhait, «à travers un lieu phare,[de] mettre fin aux cloisonnements entre photographie historique et art contemporain, croiser des expositions monographiques et thématiques, l’image plastique et l’image mécanique, la photo et la peinture, aborder l’image dans son statut, ses usages et questionnements». Dans le plus parfait respect de cette ligne éditoriale, le directeur de cette nouvelle institution, Régis Durand (ancien directeur du CNP) déclare qu’il entend bien «aborder les questions liées à l’image aujourd’hui, qu’il s’agisse de la guerre des images, de leurs enjeux stratégiques, politiques et esthétiques».
La synergie mise en place entre les trois associations inquiète en revanche le personnel (soit 66 agents concernés) qui s’interroge sur les modalités de la restructuration. Toutefois Martin Béthenod, délégué aux Arts plastiques au ministère de la Culture, a affirmé qu’«il n’y aura pas de licenciement mais 23 ou 24 reclassements».
A l’horizon de janvier 2005, le Jeu de Paume, tout en restant sous l’autorité de la délégation aux Arts plastiques, devrait fonctionner en tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), après accord du ministère des Finances. Cette structure est celle aujourd’hui mise en place au musée d’Orsay et au musée Guimet. Le futur EPIC aura en charge la valorisation commerciale des fonds tout autant que la diffusion de ceux-ci, c’est-à-dire d’une part les droits de reproduction à la presse et à l’édition, et d’autre part les expositions.
Pour inaugurer ce nouvel espace parisien, le site Concorde ouvrira, ce jeudi, ses portes à l’exposition «Eblouissement», une série d’œuvres choisies autour de la lumière, et à la rétrospective Guy Bourdin, un des plus grands photographes de mode et de publicité de la deuxième moitié du XXe siècle.
par Dominique Raizon
Article publié le 22/06/2004 Dernière mise à jour le 22/06/2004 à 14:10 TU