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Patrimoine

Le musée des Arts premiers sort de terre

Maquette du futur musée du quai Branly, un projet de l'architecte Jean Nouvel. 

		® musée du quai Branly / Nicolas Borel
Maquette du futur musée du quai Branly, un projet de l'architecte Jean Nouvel.
® musée du quai Branly / Nicolas Borel
Epousant la courbe de la Seine, au cœur du Paris des musées et au pied de la Tour Eiffel, le musée du quai Branly, entièrement consacré aux Arts dits primitifs ou Arts premiers est aujourd’hui encore un vaste chantier. Cependant, derrière les palissades qui abritent le chantier (d’une surface de 2, 5 hectares), s’agitent les grues et les pelleteuses. Les grandes lignes du nouveau site ont déjà émergé, toute l’infrastructure abritant les bâtiments administratifs est déjà réalisée, la silhouette se précise. La mairie du XVIIe arrondissement de Paris en propose une visite virtuelle jusqu’au 6 septembre aux impatients et aux curieux.

L’initiative du président de la République, Jacques Chirac, de «donner aux arts d’Afrique, des Amériques, d’Océanie et d’Asie leur juste place dans les institutions muséologiques de la France» répond à plusieurs décennies d’interrogations sur la situation, qui était devenue de plus en plus difficile, du musée de l’Homme et sur l’évolution du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie. A la suite d’un concours international, Jean Nouvel fut l’heureux lauréat pour construire de musée qui sera placé sous la double tutelle de la Culture et de la Communication, et du ministère de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Le bâtiment aux allures futuristes bénéficie d’un budget évalué à 214 millions d’euros, et ce projet original, conçu par l’architecte français, prend enfin tournure: le futur musée ethnologique consacré aux Arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques sera juché sur pilotis à l’image des «fare potes» polynésiens, et les bâtiments aux parois en verre sérigraphié se devineront, cachés par un rideau de végétation luxuriante. Le bâtiment, de 12 mètres de haut, ressemblera en quelque sorte à une vaste passerelle en partie habillée de bois, à laquelle se raccrocheront toutes les structures, et ce pont en lévitation sur pilotis mesurera près de 200 mètres de long. Symboliquement, dans l’esprit de Jean Nouvel, il faudra y voir comme une sorte de «pont jeté entre deux mondes, comme une invitation à la rencontre de l’autre»

En chantier depuis avril 2001, il a fallu d’abord, explique Patrice Jamel, maître d’ouvrage, procéder à un étanchement du terrain à cause de la nappe phréatique. Il a fallu créer une paroi de trente mètres de haut dans le sol pour border toute la périphérie du site. Depuis quelques semaines, ont surgi la grande plate-forme qui constituera la grande galerie d’exposition permanente, sous laquelle se situera en partie le jardin, ainsi que le grand cylindre autour duquel une rampe s’enroulera: ce silo regroupera toutes les collections d’instruments de musique.

Tout autour du musée, et faisant partie intégrante du bâtiment, 16 000 mètres carrés de jardins seront paysagés par l’architecte jardinier Gilles Clément, lequel promet à travers une végétation dense, colorée, et exotique des havres de paix. Des bassins d’agrément seront habillés de 170 arbres aux essences les plus variées, de 885 arbustes, de 3 000 bambous, de plus de 70 000 bulbes, fougères et graminées. Des sentiers, des chemins dallés et même un amphithéâtre ont  été imaginé pour inviter le visiteur à faire des haltes méditatives !

Un dialogue des cultures

Le musée du quai Branly est le «fruit d’une rencontre entre deux hommes convaincus de la richesse  des cultures croisées : Jacques Chirac, qui bien avant d’accéder à la magistrature suprême s’est toujours attaché à mettre en valeur ces civilisations, et Jacques Kerchache, voyageur exemplaire, découvreur inspiré qui parcourait la planète sans relâche pour sauver les chefs d’œuvre de ces hommes et ces femmes oubliés des historiens» rappelle Germain Viatte, directeur du projet muséologique. Selon Jean Nouvel, le musée sera «un lieu chargé, habité, où dialogue[ront] les esprits ancestraux des hommes qui, découvrant la condition humaine, inventaient dieux et croyances». Pour souligner ce dialogue des cultures, Germain Viatte a réuni autour de lui une équipe de conservateurs et de chercheurs qui, à travers des entrées thématiques, veilleront à donner un éclairage sur les choix d’emplacements des collections, les croisements et les échanges entre les grandes zones géographiques.

Lancé sous le haut patronage de l’Unesco, comparable par son ampleur au musée de Chapultepec à Mexico, ce nouveau musée (10 000 mètres carrés d’exposition) constituera un pôle culturel majeur en Europe. Il regroupera pas moins de 250 000 objets du laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme et 25 000 objets du musée des arts d’Afrique et d’Océanie. L’architecte a travaillé en fonction des collections et a adapté les volumétries aux pièces exposées: ainsi les petites pièces seront enchâssées dans des blocs cubiques  transparents tandis que de grandes pièces comme la tête en pierre de l’Ile de Pâques, ou bien encore une grande statue de 3 mètres de haut seront adossées au mur. Les accrochages seront exécutés avec minutie, ne laissant rien au hasard.

L’idée mère qui préside à l’entreprise est de «dépasser l’héritage des premiers contacts de l’occident avec les autres cultures, et de sortir du regard post-colonial (…) de développer une pratique nouvelle des relations internationales, de rendre accessibles des collections exceptionnelles, et proposer un centre de ressources, de recherche et de formation, de disposer d’un centre d’expression des cultures vivantes, d’inscrire la mobilité, d’organiser un dispositif technique et administratif adapté». Et nombreux sont les Etats, collections particulières ou institutions qui ont déjà manifesté leur soutien au futur musée.

Les maquettes finalisées n’ont rien oublié: il y aura des salles de lecture comprenant environ 300 000 ouvrages disponibles, des écrans multimédia, un auditorium comprenant 450 places, des salles de projection et des espaces de consultation réservés aux chercheurs. Et pour renforcer le potentiel d’attraction du bâtiment, il y aura même un restaurant sur le toit du musée, et la terrasse sera enrichie d’un bassin dans lequel viendra se réfléchir la Tour Eiffel.


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® musée du quai Branly / Nicolas Borel
® musée du quai Branly / Nicolas Borel

Un dialogue des cultures

Le musée du quai Branly est le «fruit d’une rencontre entre deux hommes convaincus de la richesse  des cultures croisées : Jacques Chirac, qui bien avant d’accéder à la magistrature suprême s’est toujours attaché à mettre en valeur ces civilisations, et Jacques Kerchache, voyageur exemplaire, découvreur inspiré qui parcourait la planète sans relâche pour sauver les chefs d’œuvre de ces hommes et ces femmes oubliés des historiens» rappelle Germain Viatte, directeur du projet muséologique. Selon Jean Nouvel, le musée sera «un lieu chargé, habité, où dialogue[ront] les esprits ancestraux des hommes qui, découvrant la condition humaine, inventaient dieux et croyances». Pour souligner ce dialogue des cultures, Germain Viatte a réuni autour de lui une équipe de conservateurs et de chercheurs qui, à travers des entrées thématiques, veilleront à donner un éclairage sur les choix d’emplacements des collections, les croisements et les échanges entre les grandes zones géographiques.

Lancé sous le haut patronage de l’Unesco, comparable par son ampleur au musée de Chapultepec à Mexico, ce nouveau musée (10 000 mètres carrés d’exposition) constituera un pôle culturel majeur en Europe. Il regroupera pas moins de 250 000 objets du laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme et 25 000 objets du musée des arts d’Afrique et d’Océanie. L’architecte a travaillé en fonction des collections et a adapté les volumétries aux pièces exposées: ainsi les petites pièces seront enchâssées dans des blocs cubiques  transparents tandis que de grandes pièces comme la tête en pierre de l’Ile de Pâques, ou bien encore une grande statue de 3 mètres de haut seront adossées au mur. Les accrochages seront exécutés avec minutie, ne laissant rien au hasard.

L’idée mère qui préside à l’entreprise est de «dépasser l’héritage des premiers contacts de l’occident avec les autres cultures, et de sortir du regard post-colonial (…) de développer une pratique nouvelle des relations internationales, de rendre accessibles des collections exceptionnelles, et proposer un centre de ressources, de recherche et de formation, de disposer d’un centre d’expression des cultures vivantes, d’inscrire la mobilité, d’organiser un dispositif technique et administratif adapté». Et nombreux sont les Etats, collections particulières ou institutions qui ont déjà manifesté leur soutien au futur musée.

Les maquettes finalisées n’ont rien oublié: il y aura des salles de lecture comprenant environ 300 000 ouvrages disponibles, des écrans multimédia, un auditorium comprenant 450 places, des salles de projection et des espaces de consultation réservés aux chercheurs. Et pour renforcer le potentiel d’attraction du bâtiment, il y aura même un restaurant sur le toit du musée, et la terrasse sera enrichie d’un bassin dans lequel viendra se réfléchir la Tour Eiffel.


par Dominique  Raizon

Article publié le 17/06/2004 Dernière mise à jour le 17/06/2004 à 15:13 TU

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