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Venezuela

Chavez en position favorable pour le référendum

Caracas: manifestation en faveur du oui. Peu de temps avant le scrutin, les deux camps semblent ne pas se départager. 

		(Photo: Manu Pochez/RFI)
Caracas: manifestation en faveur du oui. Peu de temps avant le scrutin, les deux camps semblent ne pas se départager.
(Photo: Manu Pochez/RFI)
Près de quatorze millions d’électeurs vénézuéliens seront appelés dimanche à décider par référendum du maintien du président Hugo Chavez au pouvoir. Quatre ans après sa réélection en 2000, le chef de l’Etat devra une nouvelle fois se confronter au verdict des urnes. Pour le chasser de la présidence, l'opposition doit réunir plus de 3,8 millions de oui et leur nombre doit être supérieur à celui des suffrages pour le non. Le dernier sondage en date, mené par la firme américaine North American Opinion Research et réfuté par ses adversaires, annonce une victoire à 63% du président. Mais le scrutin s’annonce plus serré, trop peut-être pour entrevoir la fin des violences et des divisions au sein de la société vénézuélienne.
Chavez: le Venezuela ne doit pas devenir une «<I>une colonie nord-américaine</I>».  

		(Photo: Manu Pochez/RFI)
Chavez: le Venezuela ne doit pas devenir une «une colonie nord-américaine».
(Photo: Manu Pochez/RFI)

De notre correspondant à Caracas

Inscrit en blanc sur fond rouge sur les tee-shirts, les affiches, et les autocollants qui tapissent le capot des vieilles américaines, le no, omniprésent à Caracas, semble prédire la victoire d’Hugo Chavez. Dimanche dernier, devant plusieurs centaines de milliers de partisans, le président vénézuélien a appelé la foule à se méfier de «l’oligarchie capitaliste» et à voter non pour que le Vénézuela ne devienne pas «une colonie nord-américaine». A chaque intervention publique, le président vénézuélien fustige les Etats-Unis qu’il accuse, entre autres, d’avoir commandité le coup d’Etat manqué contre son gouvrenement en avril 2002.

Depuis l’annonce du référendum, Hugo Chavez dirige en personne la campagne électorale. Campagne que les cours historiquement hauts du pétrole ont permis de financer sans contrôle. Les programmes sociaux mis en place par le chef de la révolution bolivarienne ont également continué de forger sa popularité. La «mission» de santé publique Barrio Adentro, à laquelle environ 10 000 médecins cubains participent, a fait des émules dans les quartiers défavorisés, dont une bonne partie de la population soutient encore activement le président. Même dans les quartiers huppés de l’est de la capitale, traditionnellement hostiles au pouvoir, le cliché «pauvres avec Chavez, riches contre» vole en éclats et certains habitants disent ne pas envisager d’alternative viable au gouvernement d’Hugo Chavez.

Le secteur pétrolier choisit Chavez et la stabilité

Sur le front adverse, l’opposition peine à occuper la scène. Les chaînes de télévision privées, d’ordinaire très virulentes à l’égard du président vénézuélien ont étrangement baissé le ton ces dernières semaines. Le si donne difficilement de la voix. La Coordinadora Democratica (CD) qui regroupe pêle-mêle partis politiques, syndicats et associations, se cherche toujours un leader charismatique. Cette coalition, soudée par un seul mot d’ordre -destituer Hugo Chavez- compte en effet plus de 25 partis politiques, certains de mouvances radicalement opposées, et près de 38 ONG. L’opposition compte néanmoins sur ses volontaires pour faire du porte-à-porte et persuader les indécis et les déçus du chavisme de la nécessité d’un vote sanction contre le président.

Dans un marché du centre de Caracas, bastion des chavistes, Mario, petit commerçant a perdu ses illusions: «beaucoup de gens ont cru que la révolution de Chavez allait changer les choses, même moi j’ai voté pour lui en 2000, mais depuis rien n’a bougé. Je vais voter oui (contre le président) parce que je pense à l’avenir de mes enfants». Les discours révolutionnaires et la réthorique messianique du comandante Chavez ont par ailleurs entretenu une réaction de rejet quasi épidermique des classes moyennes et des secteurs économiques envers le chef de l’Etat.

Même si pro et anti-Chavez s’attribuent une victoire écrasante, à quelques jours du scrutin, les deux camps semblent ne pas se départager. Un scénario qui offre de maigres espoirs de stabilité politique au Venezuela et alimente la peur de nouvelles violences après le scrutin. A moins que, comme ne l’espère Franklin Guzman, président l’Institut de formation électorale, une association qui lutte contre la polarisation au sein de la société vénézuélienne, «l’une ou l’autre des parties ne l’emporte de manière significative». Une option qui conviendrait volontiers aux marchés pétroliers. L’an dernier, pendant près de deux mois, une grève générale des salariés de Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) le holding national, avait fait chuté la production du pays, cinquième exportateur de brut et l’un des principaux fournisseurs des Etats-Unis. Les marchés, dopés récemment par la situation en Irak et les démêlés du géant russe Ioukos avec la justice, craignent que ne se reproduise cette épisode tragique. Et plutôt que de parier sur une opposition qu’ils connaissent mal, plusieurs analystes ont fait savoir qu’ils souhaitaient que le président Hugo Chavez soit clairement conforté dans son mandat.

par Yann  Le Gleau

Article publié le 13/08/2004 Dernière mise à jour le 14/08/2004 à 14:22 TU