Venezuela
Entre référendum et violences
Le Conseil national électoral n’a toujours pas annoncé sa décision concernant l’organisation d’un référendum sur la destitution du président Hugo Chavez. Mais l’opposition, de plus en plus impatiente de voir aboutir la procédure, a radicalisé sa position et appelé à la «désobéissance civile». Des heurts violents avec les forces de l’ordre, qui ont eu lieu ces derniers jours, ont provoqué la mort de cinq personnes.
La situation est de plus en plus tendue au Venezuela. En quelques jours, l’opposition a multiplié les manifestations et les actions violentes, notamment dans certains quartiers de Caracas, la capitale, mais aussi, semble-t-il, dans d’autres villes du pays. Des affrontements rangés ont même eu lieu avec les soldats vénézuéliens. Et le bilan est lourd : cinq tués, plusieurs dizaines de blessés, une trentaine d’arrestations. L’opposition réclame toujours l’organisation d’un referendum de destitution du président Hugo Chavez qui devrait, selon elle, être autorisée par la pétition qui a recueilli 3,4 millions de signatures dans le pays. Un article de la Constitution adoptée en 1999 prévoit, en effet, qu’une telle procédure est possible à partir de la moitié du mandat présidentiel, si tant est que 20 % du corps électoral (soit 2,4 millions) s’engage en sa faveur.
Mais pour le moment, le Conseil national électoral (CNE), chargé d’examiner la validité des signatures recueillies, n’a pas rendu sa décision. Il a même laissé entendre qu’un grand nombre d’entre elles (plus de 700 000) posait problème à cause «de calligraphies similaires». Il pourrait donc suggérer la mise en place d’un processus de vérification des signatures destiné à s’assurer qu’il n’y a pas eu, comme certains l’ont laissé entendre, une «mégafraude» organisée pour obtenir le nombre de paraphes nécessaires afin de permettre une nouvelle consultation des électeurs avant la fin normale du mandat de Chavez, en 2006.
Un telle proposition n’est, bien évidemment, pas du goût de l’opposition qui estime qu’il est presque impossible de convoquer autant de gens pour qu’ils confirment leur engagement et voit dans ces tergiversations concernant l’annonce de la décision du Conseil national électoral une tentative pour empêcher le référendum. Une version démentie par le CNE qui a expliqué les reports par le seul et unique souci de trouver les moyens d’éviter de nouvelles violences : «Ce laps de temps nous permet à tous de réfléchir, nous permet à tous d’étudier les propositions qui nous maintiennent dans le chemin démocratique et qui nous éloignent de l’aventure et de la violence».
Chavez menace Bush
Ces explications n’ont pas du tout convaincu les opposants au régime du président Chavez qui n’ont eu de cesse de dénoncer la répression du gouvernement et d’appeler à mener des actions de «désobéissance civile». L’annonce du départ du président haïtien Jean-Bertrand Aristide du pouvoir a aussi donné un nouvel élan au mouvement d’opposition. L’un de ses représentants, le député Ernesto Alavarenga, a d’ailleurs adressé à Hugo Chavez une mise en garde en forme de mauvais présage en déclarant: «Regardez ce qui s’est passé en Haïti, monsieur Chavez, regardez ce qui est arrivé à Aristide».
De leur côté, les partisans du président ont rétorqué en manifestant dans les rues de Caracas le 29 février. A l’issu de ce défilé, Hugo Chavez a prononcé un discours virulent dans lequel il a mis en garde les membres de l’opposition traités de «fascistes». Il a même déclaré qu’il était «prêt à appliquer les mesures nécessaires dans le cadre de la Constitution et de la loi pour vaincre les groupuscules violents et terroristes que l’opposition est devenue».
Mais en début de semaine, le ministre de la Défense, Jorge Luis Garcia Carneiro, a préféré calmer le jeu en affirmant que la situation était «normale» dans le pays, mises à part quelques «poussées de violence à Caracas» et qu’il n’était pas question d’adopter «des mesures d’exception». Il est vrai qu’une stratégie de reprise en main par la force pourrait s’avérer contre-productive car elle est attendue par la frange la plus radicale de l’opposition qui estime que de telles mesures amèneraient certainement une intervention internationale. Une perspective que le président Chavez refuse catégoriquement d’envisager : «Ne viendront ici ni l’OEA [Organisation des Etats américains, médiateur dans la crise] ni personne, ici il y a un peuple libre et une patrie souveraine».
Cette phrase s’adresse aussi aux Etats-Unis et à leur président George W. Bush, qu’Hugo Chavez a directement attaqué, en l’accusant de soutenir le mouvement d’opposition au Venezuela et en le menaçant de fermer le robinet à pétrole [le Venezuela est l’un des quatre premiers fournisseurs des Etats-unis], s’il se manifestait d’une manière ou d’une autre dans la crise que traverse le pays. «Si monsieur Bush a la folie de bloquer ou d’essayer de bloquer le Venezuela, ou pire d’envahir le Venezuela pour entendre le chant désespéré de ses laquais(…), malheureusement plus une seule goutte de pétrole ne viendra du Venezuela». Malgré le lourd contentieux qui oppose Hugo Chavez aux Etats-unis, c’est la première fois qu’il menace d’interrompre les livraisons d’hydrocarbures.
Mais pour le moment, le Conseil national électoral (CNE), chargé d’examiner la validité des signatures recueillies, n’a pas rendu sa décision. Il a même laissé entendre qu’un grand nombre d’entre elles (plus de 700 000) posait problème à cause «de calligraphies similaires». Il pourrait donc suggérer la mise en place d’un processus de vérification des signatures destiné à s’assurer qu’il n’y a pas eu, comme certains l’ont laissé entendre, une «mégafraude» organisée pour obtenir le nombre de paraphes nécessaires afin de permettre une nouvelle consultation des électeurs avant la fin normale du mandat de Chavez, en 2006.
Un telle proposition n’est, bien évidemment, pas du goût de l’opposition qui estime qu’il est presque impossible de convoquer autant de gens pour qu’ils confirment leur engagement et voit dans ces tergiversations concernant l’annonce de la décision du Conseil national électoral une tentative pour empêcher le référendum. Une version démentie par le CNE qui a expliqué les reports par le seul et unique souci de trouver les moyens d’éviter de nouvelles violences : «Ce laps de temps nous permet à tous de réfléchir, nous permet à tous d’étudier les propositions qui nous maintiennent dans le chemin démocratique et qui nous éloignent de l’aventure et de la violence».
Chavez menace Bush
Ces explications n’ont pas du tout convaincu les opposants au régime du président Chavez qui n’ont eu de cesse de dénoncer la répression du gouvernement et d’appeler à mener des actions de «désobéissance civile». L’annonce du départ du président haïtien Jean-Bertrand Aristide du pouvoir a aussi donné un nouvel élan au mouvement d’opposition. L’un de ses représentants, le député Ernesto Alavarenga, a d’ailleurs adressé à Hugo Chavez une mise en garde en forme de mauvais présage en déclarant: «Regardez ce qui s’est passé en Haïti, monsieur Chavez, regardez ce qui est arrivé à Aristide».
De leur côté, les partisans du président ont rétorqué en manifestant dans les rues de Caracas le 29 février. A l’issu de ce défilé, Hugo Chavez a prononcé un discours virulent dans lequel il a mis en garde les membres de l’opposition traités de «fascistes». Il a même déclaré qu’il était «prêt à appliquer les mesures nécessaires dans le cadre de la Constitution et de la loi pour vaincre les groupuscules violents et terroristes que l’opposition est devenue».
Mais en début de semaine, le ministre de la Défense, Jorge Luis Garcia Carneiro, a préféré calmer le jeu en affirmant que la situation était «normale» dans le pays, mises à part quelques «poussées de violence à Caracas» et qu’il n’était pas question d’adopter «des mesures d’exception». Il est vrai qu’une stratégie de reprise en main par la force pourrait s’avérer contre-productive car elle est attendue par la frange la plus radicale de l’opposition qui estime que de telles mesures amèneraient certainement une intervention internationale. Une perspective que le président Chavez refuse catégoriquement d’envisager : «Ne viendront ici ni l’OEA [Organisation des Etats américains, médiateur dans la crise] ni personne, ici il y a un peuple libre et une patrie souveraine».
Cette phrase s’adresse aussi aux Etats-Unis et à leur président George W. Bush, qu’Hugo Chavez a directement attaqué, en l’accusant de soutenir le mouvement d’opposition au Venezuela et en le menaçant de fermer le robinet à pétrole [le Venezuela est l’un des quatre premiers fournisseurs des Etats-unis], s’il se manifestait d’une manière ou d’une autre dans la crise que traverse le pays. «Si monsieur Bush a la folie de bloquer ou d’essayer de bloquer le Venezuela, ou pire d’envahir le Venezuela pour entendre le chant désespéré de ses laquais(…), malheureusement plus une seule goutte de pétrole ne viendra du Venezuela». Malgré le lourd contentieux qui oppose Hugo Chavez aux Etats-unis, c’est la première fois qu’il menace d’interrompre les livraisons d’hydrocarbures.
par Valérie Gas
Article publié le 02/03/2004