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Justice

Cesare Battisti en fuite

Cesare Battisti annonce son intention de rester en France «&nbsp<I> jusqu’au dernier recours</I>&nbsp». 

		(Photo : AFP)
Cesare Battisti annonce son intention de rester en France «  jusqu’au dernier recours ».
(Photo : AFP)
Condamné à la prison à perpétuité dans son pays, l’ancien militant révolutionnaire italien Cesare Battisti, réfugié en France, aurait fui à l’étranger pour échapper à la demande d’extradition formulée par Rome.

Selon le quotidien Libération, l’ancien militant des « Prolétaires armés pour le communisme » serait en fuite à l’étranger. Le journal affirme qu’il a quitté la France pour échapper à une extradition vers l’Italie. Cesare Battisti ne s’était pas présenté le samedi 21 août au contrôle judiciaire hebdomadaire auquel il était soumis depuis son bref séjour en détention provisoire, entre le 10 février et le 3 mars 2004. L’ex-activiste révolutionnaire s’était évadé de sa prison italienne en 1981 et avait gagné le Mexique avant de se réfugier en France en 1990. La justice italienne l’avait condamné par contumace à la prison à perpétuité en 1993 pour avoir commis deux homicides et pour sa complicité dans deux autres, en 1978 et 1979. Il nie les faits : « Je n’ai jamais tué et je peux le dire les yeux dans les yeux aux parents, aux victimes, aux magistrats », affirmait-il au début du mois d’août dans le Journal du Dimanche.

Comme nombre d’anciens activistes et sympathisants d’extrême gauche, Cesare Battisti bénéficiait de l’engagement pris par l’ancien président de la République, François Mitterrand, de ne pas extrader les militants italiens ayant renoncé à la violence et réfugiés en France, sous réserve qu’ils n’aient pas commis de crimes de sang. Titulaire d’un titre de séjour, gardien d’immeuble et auteur de romans policiers, père de deux enfants, Battisti avait refait sa vie et menait une vie ordinaire, au grand jour.

Or, à partir de 2002, dans le contexte international de lutte contre le terrorisme, la « jurisprudence Mitterrand » n’a pas résisté aux demandes d’extradition en provenance de Rome, accompagnées d’accusations du ministre italien de la Justice de l’époque qualifiant la France de « sanctuaire de terroristes ». L’extradition de Paolo Persichetti, en août 2002, fut le premier signal de cette remise en cause du statu quo ante.

Encouragé à fuir

Confronté à la menace d’être renvoyé dans son pays d’origine pour y purger sa peine, Cesare Battisti avait épuisé presque tous les recours légaux, après l’avis rendu par la cour d’appel, le 30 juin, autorisant son extradition vers l’Italie. Ses amis et avocats affirment qu’il était profondément déprimé, ce que confirme une expertise médicale, et qu’il nourrissait peu d’espoir de voir aboutir son pourvoi devant la cour de cassation. Jacques Chirac avait d’ailleurs fait part de son intention de donner son feu vert à l’extradition en cas de rejet.

L’affaire a pris une dimension importante en raison du caractère international de la polémique et des soutiens dont bénéficie l’ancien militant, tant dans les milieux politiques (de gauche) que littéraires. Des écrivains, des intellectuels, ainsi que des responsables ont pris la défense de Cesare Battisti pour dénoncer le harcèlement dont il a été la cible au cours de ces derniers mois et certains n’ont pas fait mystère de l’avoir encouragé à fuir.

Mardi, dans un communiqué, le ministre français de la Justice estime que « certains commentaires de ceux qui prennent la défense de M. Battisti et approuvent sa fuite sont particulièrement affligeants et font preuve d’irresponsabilité ». Le parquet général a saisi la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris d’une demande de révocation du contrôle judiciaire pour décider de délivrer un mandat d’arrêt ou ordonner un retour en détention si l’ex-activiste était retrouvé d’ici là. La décision est attendue pour le 30 août.

A Rome, la fuite de Cesare Battisti a provoqué la colère de la droite italienne et un déferlement de critiques contre la gauche européenne, accusée de « défendre les assassins », et les autorités françaises incapables d’avoir empêché la cavale de l’ancien militant révolutionnaire. Selon le procureur adjoint du parquet de Milan, cité par l’AFP, cette disparition était prévisible et confirme la culpabilité de Battisti. Le ministre italien de la Justice espère que cet épisode pourrait convaincre Paris « de faire un geste de bonne volonté ». Roberto Castelli s’apprêterait à relancer une demande d’extradition concernant une dizaine d’anciens terroristes réfugiés en France, parmi lesquels deux ex-membres des Brigades rouges.



par Georges  Abou

Article publié le 24/08/2004 Dernière mise à jour le 24/08/2004 à 13:47 TU