France-Israël
Sylvan Shalom vient renouer avec Paris
(Photo : AFP)
Dans un climat diplomatique détérioré entre la France et Israël, il fallait trouver une occasion de rétablir de meilleures relations entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères israélien Sylvan Shalom effectue donc une visite en France, avant de se rendre en Italie.
Cette visite organisée à la dernière minute, la veille même de son départ, intervient trois jours après un incendie criminel qui a détruit les locaux d’un centre social juif à Paris. Le « prétexte » de conversations sur la lutte contre l’antisémitisme était ainsi tout trouvé d’autant que le malaise qui s’est instauré entre Paris et Jérusalem a pour cause la recrudescence d’attentats contre la communauté juive de France. Ainsi, le 18 juillet dernier, le Premier ministre israélien Ariel Sharon invitait les juifs français à émigrer aussi vite que possible en Israël pour fuir l’antisémitisme. Ces propos avaient entraîné de vives réactions du ministère français des Affaires étrangères, d’une part, et de nombreux responsables de la communauté juive de France, d’autre part.
C’est pourquoi, une dizaine de jour plus tard, Ariel Sharon faisait marche arrière et rendait hommage à la lutte contre l’antisémitisme menée par le président Jacques Chirac. Mais pour l’essentiel, le mal était fait.
Après ses rencontres avec le ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin et le maire de Paris Bertrand Delanoë, le ministre israélien a souligné la détermination de la France à lutter contre le phénomène. Alors que Paris fête avec solennité la libération de la capitale en 1944 il a estimé que « personne ne peut croire que soixante ans après seulement les juifs puissent être de nouveau inquiétés en Europe ». Le ministre de l’Intérieur à fait état de 147 interpellations depuis le début de l’année dans le cadre d’actes antisémites, agressions contre les personnes ou détérioration de matériel. Et le maire de Paris a annoncé l’engagement de 300 000 euros supplémentaires dans la surveillance et la protection des lieux considérés à risque.
Eviter un vote européen hostileMais, la situation des juifs de France n’est pas le seul différend entre la France et Israël. Avec son homologue Michel Barnier le ministre des Affaires étrangères israélien a abordé la question délicate du conflit israélo-palestinien. Le 29 juin, bravant une mise en garde israélienne Michel Barnier avait rencontré à Ramallah le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat et avait qualifié d’indigne le siège que lui imposait Israël depuis décembre 2001. La visite que le ministre français devait ensuite effectuer en Israël avait été reportée, de même qu’une visite de Sylvan Shalom en France prévue en juillet.
Pour le chef de la diplomatie israélienne l’objectif de son voyage est clair. Comme il l’a déclaré à la radio publique israélienne « il est très important pour Israël d’éviter un nouveau vote européen en septembre », à l’Assemblée générale de l’ONU, contre la clôture de séparation érigée en Cisjordanie. Le 20 juillet dernier l’Assemblée générale des Nations Unies a infligé un désaveu à Israël en adoptant à une écrasante majorité une résolution de portée symbolique exigeant que l’Etat hébreu démantèle cette barrière, condamnée par la communauté internationale. Israël s’attend à ce qu’un nouveau vote intervienne en septembre suivi d’une saisine possible du Conseil de sécurité mais, dans cette instance, Israël peut compter sur un veto américain.
Ainsi Sylvan Shalom veut convaincre les pays européens de ne pas renouveler ce vote hostile et c’est le sens qu’il accorde à ses entretiens en France et en Italie avant de recevoir la semaine prochaine le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer. De son côté le ministre français des Affaires étrangères a rappelé l’attachement de la France et de l’Union européenne à la feuille de route, ce plan de paix pour la région élaboré par le quartette Russie, Etats-Unis, ONU, Union européenne, dont il a déploré le retard pris dans sa mise en oeuvre. A cela s’ajoute le projet de retrait de Gaza et la reprise de la colonisation dans les territoires palestiniens.
Enfin , le ministre israélien a demandé à Paris, Londres et Berlin d’intensifier leur pression sur l’Iran, soupçonné de dissimuler un programme militaire nucléaire. Le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharazi a prévenu que son pays procéderait à des représailles si Israël attaquait ses installations nucléaires. L’Etat hébreu avait effectué en 1981 une attaque aérienne préventive contre l’Irak détruisant ses installations nucléaires d’Osirak.
par Francine Quentin
Article publié le 25/08/2004 Dernière mise à jour le 25/08/2004 à 13:25 TU