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Proche-Orient

Israël de nouveau désavoué à l’ONU

L'Assemblée générale des Nations unies a approuvé, à une majorité écrasante, une résolution réclamant d’Israël qu’il démantèle la partie du «mur» construite en territoire palestinien. 

		(Photo : AFP)
L'Assemblée générale des Nations unies a approuvé, à une majorité écrasante, une résolution réclamant d’Israël qu’il démantèle la partie du «mur» construite en territoire palestinien.
(Photo : AFP)
Même si elle n’a aucun caractère contraignant, la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies qui exige notamment un démantèlement partiel de la «barrière» de sécurité controversée que l’Etat hébreu érige en Cisjordanie, isole un peu plus Israël sur la scène internationale. Fort du soutien des Etats-Unis qui ont voté contre cette résolution, le gouvernement d’Ariel Sharon a d’ores et déjà annoncé qu’il ne tiendrait pas compte de ce texte «partial et totalement contre-productif» et qu’il allait poursuivre la construction de ce que les Palestiniens qualifient de «mur de l’apartheid».

La résolution, présentée en fin de semaine dernière par la Jordanie au nom d’un groupe de pays majoritairement arabes ou musulmans, a été adoptée à une écrasante majorité. Sur les 191 Etats membres de l’Assemblée générale des Nations unies, 150 ont voté pour, six –parmi lesquels Israël et les Etats-Unis– ont voté contre et dix se sont abstenus. Prenant acte de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice de La Haye qui avait déclaré le 9 juillet dernier juridiquement illégale la construction du «mur» israélien, le texte adopté «exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte de ses obligations juridiques» et donc démantèle une partie de l’édifice qui se trouve en territoire occupé. Alors qu’ils s’étaient pourtant abstenus en décembre dernier lors du vote de l’Assemblée générale invitant à une saisine du principal organe judiciaire des Nations unies, les 25 pays européens ont voté en bloc en faveur du texte mais seulement après qu’une série d’amendements proposés par l’Union européenne aient été pris en compte dans le document final.

Après plusieurs jours de négociations, les 25 ont en effet obtenu l’ajout d’un paragraphe qui «demande, aussi bien au gouvernement israélien qu’à l’Autorité palestinienne, de s’acquitter immédiatement, en coopération avec le Quartette –ce groupe de travail qui outre les Nations unies et l’Union européenne comprend la Russie et les Etats-Unis, tous parrains du dernier plan de paix pour le règlement du conflit israélo-palestinien– des obligations qui leur incombent en vertu de la Feuille de route approuvée par le Conseil de sécurité».  Initialement opposés à l’ajout de cette mention –à leurs yeux le débat en cours tournait autour d’un avis de la Cour internationale de justice et n’avait donc rien à voir avec le processus de paix au Proche-Orient– les Palestiniens ont finalement cédé à la demande des Européens.

Et comme il fallait s’y attendre, Israël a immédiatement rejeté la résolution adoptée, affirmant qu’il poursuivrait la construction de sa «barrière» de sécurité. S’en prenant en des termes particulièrement amers voire violents à l’Assemblée générale, l’ambassadeur israélien à l’ONU a dénoncé une résolution «partiale et totalement contre-productive». «Je remercie Dieu que le sort d’Israël et du peuple juif ne soient pas décidés entre ces quatre murs», a notamment lancé Dan Gillerman. Mais les critiques du représentant israélien se sont surtout portés contre les 25 pays de l’Union européenne. Se déclarant «déçu» que ces Etats ne se soient pas au moins abstenus, il les a ouvertement  accusés d’avoir «apporté un soutien honteux à une résolution terriblement unilatérale».

La France pointée du doigt

Particulièrement visées, les autorités françaises ont été accusées d’avoir ni plus ni moins comploté contre Israël. «La France s'est comportée de façon particulièrement honteuse en oeuvrant pour ses amis palestiniens et en convaincant les autres pays européens d'adopter une résolution» insuffisamment amendée, s’est notamment indigné l’ambassadeur israélien. Cette accusation ne devrait pas contribuer à améliorer les relations entre les deux pays, déjà crispées depuis qu’Ariel Sharon a invité les juifs de France à venir s’installer en masse en Israël pour fuir «l’antisémitisme sauvage» qui y règne. Dan Gillerman s'est d’autre part déclaré particulièrement déçu par l'attitude des Pays-Bas qui assurent depuis le premier juillet la présidence de l'Union européenne. «Je crois que cette décision fait planer un doute supplémentaire sur la possibilité des Européens d'agir au Proche-Orient» pour un règlement du conflit, a-t-il notamment averti.

A l’opposé, les Palestiniens se sont bien évidemment félicités du vote de l’Assemblée générale. Nasser al-Kidwa, l’observateur palestinien aux Nations unies, a qualifié ce vote de «développement historique». Il s’est notamment réjoui «des résultats magnifiques obtenus dans le soutien à la loi internationale et dans la promotion de la paix et de la réconciliation au Proche-Orient». Selon le représentant palestinien, «il pourrait bien s’agir de la résolution de l’Assemblée générale la plus importante depuis l’adoption de la résolution 181 de 1947», en référence au texte qui préconisait la partition de la Palestine sous mandat britannique en deux Etats indépendants, l’un juif et l’autre arabe.

Ce nouveau désaveu infligé par les Nations unies à Israël isole un peu plus l’Etat hébreu de la communauté internationale qui, à l’instar des Palestiniens, n’a jamais empêché les autorités israéliennes de construire une barrière de sécurité mais à la condition que son tracé suive celui de la Ligne verte, la ligne de cessez-le-feu de 1949. Mais le gouvernement Sharon est une nouvelle fois resté sourd à cet argument. Et son représentant à l’ONU s’est indigné en estimant qu’il était «tout simplement incroyable que l’on réagisse avec tant de vigueur à une mesure qui sauve des vies». Considéré par Israël comme une «clôture antiterroriste» visant à empêcher les kamikazes palestiniens de s’infiltrer sur son sol, l’édifice que construit l’Etat hébreu en Cisjordanie s’enfonce à certains endroits profondément dans ce territoire occupé. Les Palestiniens y voient une confiscation masquée d’une partie de leurs terres qui ampute d’autant le territoire de leur futur Etat.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 21/07/2004 Dernière mise à jour le 18/07/2008 à 19:36 TU