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Politique française

Rentrée politique dans le désordre

Les universités d'été sont le rendez-vous de la rentrée pour les partis et mouvements politiques. 

		(Photo : AFP)
Les universités d'été sont le rendez-vous de la rentrée pour les partis et mouvements politiques.
(Photo : AFP)
Marquant la fin des vacances, les différents partis et mouvements politiques organisent des universités d’été, avant-goût de rentrée mais surtout, occasion de resserrer les boulons et d’apaiser les divergences internes qui, cette année, ne manquent pas.

L’Université d’été est devenue le rendez-vous obligé de la rentrée politique et le parti socialiste a institutionnalisé la chose en se rendant chaque année désormais à La Rochelle (Charente-Maritime). Là, il s’attache à se mettre en formation de marche pour la saison politique qui commence. C’est le moment, notamment, d’harmoniser les points de vue divergents. Mais François Hollande, premier secrétaire du PS pourra se consoler des voix discordantes qui s’expriment dans son parti en les comparant à la franche dispersion qui règne chez les Verts, les tiraillements de l’UMP sur la désignation de son futur leader et même, au Front national, l’organisation simultanée de deux universités d’été rivales.

Fort de ses succès électoraux aux régionales et aux européennes, le PS entend se présenter comme l’alternative politique au gouvernement Raffarin. La confrontation entre le président de la République Jacques Chirac et le ministre de l’Economie Nicolas Sarkozy sur la présidence de l’UMP offre à l’opposition un thème de choix pour dénoncer la division de la majorité actuelle et la politique menée sur le terrain social. Pour François Hollande « le chef de l’Etat, par lassitude ou par calcul, parie sur le découragement, le fatalisme et la résignation devant une politique libérale présentée comme inéluctable ».

Ainsi résolument placé dans la perspective de la présidentielle de 2007 le parti socialiste ne parvient pas pour autant à cacher les vifs débats qui l’agitent sur le sort à réserver à la future constitution européenne et le positionnement économique et social du parti pour cette échéance centrale de la vie politique française. La réponse à donner au referendum qui aura lieu en 2005 sur la ratification de la constitution européenne n’est pas unanime : François Hollande et Dominique Strauss-Kahn sont pour, Arnaud Montebourg et Henri Emmanuelli sont contre, Laurent Fabius hésite et les militants ne savent plus que penser.

Décomposition-recomposition chez les Verts

A cela s’ajoute la rivalité déjà ouverte entre les différents prétendants à la candidature socialiste Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Jack Lang même si François Hollande réaffirme que « la question de la désignation n’est pas d’actualité pour qui que ce soit ». Lors de son intervention de clôture, dimanche 29 août, le premier secrétaire devrait donner le calendrier de la consultation des militants sur la constitution européenne et lancer le débat sur le projet socialiste en vue de l’élection présidentielle de 2007. Toute la difficulté consistera pour les socialistes à achever d’abord l’élaboration du programme pour ne se livrer qu’ensuite à la désignation d’un candidat.

Pendant ce temps aux journées d’été des Verts à Toulouse (Haute-Garonne) la plus grande confusion règne avec la décomposition-recomposition des alliances entre courants. Une chose est sûre il faudra trouver un nouveau secrétaire national, Gilles Lemaire ayant jeté l’éponge. Marie-Hélène Aubert, porte-parole des Verts et députée européenne révèle ce que l’on imaginait déjà, de « vrais clivages » au sein du parti. Mais, plus surprenant, le doute des militants s’étend, dit-elle, à des actions symboliques fortes comme les opérations illégales de fauchage des champs OGM ou le mariage homosexuel célébré par Noël Mamère, maire de Bègles (Gironde). Les grandes manœuvres devraient durer jusqu’au congrès biennal des Verts en décembre prochain.

Dans ce climat, Alain Krivine de la Ligue communiste révolutionnaire a beau jeu de dénoncer un « sentiment de découragement, une méfiance à l’égard des organisations syndicales, de l’absence de la gauche ». Réunie à Port-Leucate dans l’Aude la LCR entend « construire un débouché politique aux luttes sociales », lesquelles ne devraient pas manquer dans les mois qui viennent avec l’ouverture des négociations sur l’assouplissement des 35 heures, le débat sur les délocalisations.

L’association altermondialiste Attac va, elle aussi, présenter sa contribution au débat social de la rentrée et ne considère pas l’opposition politique, en dépit de ses récents succès électoraux, comme une alternative crédible face à la « très forte dégradation sociale », précise son président Jacques Nikonoff. Et le premier sujet à aborder, c’est la constitution européenne sur laquelle Attac consultera ses militants directement pour la première fois. Mais dans cette association représentant la société civile des questions se posent aussi avec acuité : l’engagement politique, les formes pertinentes de participation au mouvement social et l’élargissement de l’audience d’une organisation issue de milieux sociaux plutôt favorisés et intellectuels.

A l’autre bout de l’échiquier politique le Front national est de nouveau agité de forces centripètes. L’opposition interne menée par le maire d’Orange Jacques Bompard et le leader catholique traditionaliste Bernard Antony organisent une université d’été à Orange tandis que Marine Le Pen et les siens tiennent réunion en région parisienne aux mêmes dates. La guerre de succession du leader historique Jean-Marie Le Pen se poursuit donc après la première scission intervenue du fait de Bruno Mégret en 1999.



par Francine  Quentin

Article publié le 26/08/2004 Dernière mise à jour le 26/08/2004 à 12:36 TU