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France

Une rentrée sous le signe de l’unité nationale

La loi sur la laïcité, interdisant le port des signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, entre en vigueur dès cette rentrée. 

		(Photo : AFP)
La loi sur la laïcité, interdisant le port des signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, entre en vigueur dès cette rentrée.
(Photo : AFP)
L’enlèvement en Irak des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot a provoqué un grand élan de solidarité de la part de la population française. La communauté musulmane de France s’est particulièrement mobilisée pour appeler les ravisseurs à libérer les otages et dénoncer leur revendication concernant l’abrogation de la loi sur la laïcité, légalement adoptée par le Parlement. Dans ce contexte, les représentants des principales associations musulmanes ont appelé à une rentrée scolaire dans le calme et le respect de cette loi.

Un gouvernement mobilisé et des organisations musulmanes solidaires : c’est dans ce contexte que les jeunes élèves français vont retourner en classe jeudi 2 septembre. La fièvre habituelle qui précède la rentrée scolaire est cette année éclipsée par l’inquiétude suscitée par l’enlèvement de deux journalistes français en Irak, il y a dix jours. L’ultimatum lancé par l’Armée islamique en Irak qui détient Christian Chesnot et Georges Malbrunot, au gouvernement français et qui demande l’abrogation de la loi sur la laïcité, a donné un enjeu particulier à un événement traditionnel de la vie scolaire car cette loi, adoptée en mars dernier, doit entrer en application à partir de la rentrée.

Depuis l’annonce des exigences des ravisseurs des deux journalistes de Radio France Internationale et du Figaro, qui n’ont aucun rapport avec la situation en Irak, les musulmans de France sont montés en première ligne pour dénoncer une revendication qui, selon les termes de Fouad Alaoui, le secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), s’apparente à «une ingérence dans une affaire strictement française» totalement inacceptable. Même si l’UOIF, lors du débat qui a précédé l’adoption de la loi sur la laïcité, a fait valoir un certain nombre d’objections et a défendu le point de vue selon lequel une loi visant à interdire les signes religieux ostensibles à l’école n’était pas une bonne solution, les représentants de l’organisation ont affirmé, dès que la revendication de l’Armée islamique d’Irak a été connue, qu’il n’était pas question de remettre en cause la législation. Fouad Alaoui a ainsi déclaré que la loi de la République, une fois adoptée, s’appliquait à tous. C’est pour cette raison qu’il a demandé aux jeunes filles musulmanes en âge scolaire de respecter la loi sur la laïcité.

«La loi, c’est la loi, et il n’y a pas lieu de revenir la-dessus»

Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), l’institution représentative des organisations musulmanes, a tenu le même discours en déclarant : «La loi, c’est la loi, et il n’y a pas lieu de revenir la-dessus». D’autant que la législation ne s’applique pas au port du seul foulard islamique mais aussi aux grandes croix chrétiennes ou aux kippas juives, tous signes ostensibles qui sont interdits dans l’enceinte scolaire. Dans ce sens, la laïcité est, comme l’a expliqué le ministre de l’Education nationale François Fillon «le garant de la liberté religieuse». Même s’il a préféré reporter son habituelle conférence de presse de rentrée en raison des événements, le ministre a tout de même expliqué que la loi sur les signes religieux serait «appliquée conformément à son esprit qui est celui du respect de l’individu». Il est vrai que la circulaire d’application demande de privilégier le dialogue avant tout dans le cas où certains élèves ne respecteraient pas spontanément l’interdiction.

Aucune organisation musulmane française n’entend donc faire de cette rentrée une occasion de relancer la polémique. Au contraire. La crise provoquée par la détention d’otages français en Irak a soudé l’ensemble des communautés religieuses représentées dans l’Hexagone et les musulmans ont sans ambiguïté pris part à cette union nationale en faveur de la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Au-delà de la condamnation des enlèvements, les représentants des quelques 5 millions de musulmans français ont aussi mis en garde avec véhémence contre les risques «d’amalgames» provoqués par la revendication des ravisseurs qui se trompent de combat en voulant s’ingérer dans un débat démocratique sur une loi qui ne concerne que les Français. Fouad Alaoui a ainsi déclaré en guise de message à l’attention des membres de l’Armée islamique en Irak : «Ne desservez pas la cause de l’islam et des musulmans de France». Et le CFCM, soucieux d’apporter sa contribution afin de trouver une issue heureuse pour les otages, a proposé de s’impliquer directement et d’envoyer une délégation auprès des ravisseurs en Irak.



par Valérie  Gas

Article publié le 01/09/2004 Dernière mise à jour le 02/09/2004 à 07:07 TU