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Otages français en Irak

Les otages «vivants et en bonne santé»

Les trois délégués du CFCM ont quitté la France mercredi soir, à l'issue d'une prière à la mosquée de Paris. 

		(Photo : AFP)
Les trois délégués du CFCM ont quitté la France mercredi soir, à l'issue d'une prière à la mosquée de Paris.
(Photo : AFP)
Christian Chesnot et Georges Malbrunot sont «vivants, en bonne santé et bien traités», selon les déclarations faites jeudi soir par l'ambassadeur de France à Bagdad Bernard Bajolet qui précise que «ces informations datent d'aujourd'hui», information confimée peu après à Amman par le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier. Mercredi soir, les autorités françaises déclaraient leur quasi-certitude que les captifs étaient encore en vie et leur espoir de parvenir à leur libération. Les efforts se poursuivent donc et, parmi les actions entreprises, une délégation du Conseil français du culte musulman s’est rendue à Bagdad, jeudi, et a été reçue dans la matinée par le Comité des oulémas, organisation représentative des sunnites irakiens.

« Au nom d’Allah, du Coran, nous vous demandons de libérer les otages », a déclaré Abdallah Zekri, l’un des membres de la délégation des musulmans français à l’issue de sa rencontre avec le Comité irakien des oulémas, jeudi matin à Bagdad. Et il a ajouté, « nous ne pouvons pas partir sans eux. Leurs familles nous regardent. Montrez-nous que vous êtes des musulmans comme nous. Donnez-nous les otages ». De son côté, Fouad Allaoui, membre lui aussi de la délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui compte également Mohamed Bechari, indiquait avoir décidé d’accomplir cette mission « pour implorer les ravisseurs, au nom du Dieu clément et miséricordieux de rendre la liberté aux journalistes ». Pour sa part, le chef du Comité des oulémas, Cheikh Hareth al-Thari a souligné que son organisation « n’avait pas de lien direct avec les ravisseurs mais qu’elle leur lançait à nouveau un appel à la libération immédiate ».

La délégation du CFCM était arrivée à Bagdad dans la matinée en provenance de Paris et Amman où le ministre français des Affaires étrangères, très impliqué dans la recherche d’une solution, semble avoir établi son PC de crise pour conduire les négociations. La délégation a d’ailleurs été reçu aux premières heures de la matinée par Michel Barnier, avant de s’envoler pour Bagdad. L’initiative du CFCM s’inscrit dans le cadre des initiatives tous azimuts prises pour libérer Christian Chesnot, Georges Malbrunot et leur chauffeur Mohammed al-Joundi. Mais l’implication de la communauté musulmane française, à l’unisson de l’opinion publique internationale arabe et musulmane, apporte une contribution inédite et symbolique aux efforts déployés pour obtenir un dénouement heureux de cette affaire.

« La loi sur la laïcité n’est pas une déclaration de guerre »

Les trois délégués du CFCM, représentants trois organisations distinctes de l’islam de France, ont quitté la France mercredi soir, à l’issue d’une prière à la mosquée de Paris. A leur départ, les responsables musulmans ont notamment affirmé leur fidélité à la République et leur volonté de ne pas être eux-mêmes pris en otages par des militants islamistes radicaux d’autres pays parlant en leur nom. « La question du port du voile est une question franco-française », a notamment déclaré l’un d’entre eux, en référence à l’exigence de retrait de la loi sur la laïcité à l’école formulée par les preneurs d’otages de l’Armée islamique en Irak. « La France n’est pas en guerre contre l’islam et les musulmans. La loi sur la laïcité (…) n’est pas une déclaration de guerre contre une communauté religieuse spécifique », a encore rappelé Mohamed Béchari lors d’une conférence de presse, jeudi à Bagdad.

On ignore quelle sera la portée de l’action lancée par les musulmans de France. En tout cas, selon la presse française, le feu roulant des mobilisations, démarches, initiatives, et appels au cours de ces cinq derniers jours a déjà donné des résultats.

En fin de journée, lors d’une conférence de presse à Bagdad, le représentant de la mosquée de Paris, Abdallah Zekri, déclarait qu’« il y a une volonté des ravisseurs de les libérer, mais ils ne savent pas comment le faire ». Il y a « beaucoup plus de raison d’avoir confiance que le contraire. Notre mission est terminée pour l’essentiel et je crois qu’elle n’a pas été vaine », a également indiqué le président de l’UOIF, Fouad Alaoui.

La délégation du CFCM est attendue à Paris jeudi soir ou vendredi matin, de retour de Bagdad, a annoncé à l'AFP Dalil Boubakeur, président du Conseil et recteur de la grande mosquée de Paris. « Je suis déçu que les otages ne soient pas libérés, mais je garde l'espoir que cette démarche soit positive », a déclaré Dalil Boubakeur, « notre délégué (Abdallah Zekri) insistait pour ne pas revenir sans eux, mais il y a des impératifs qui ne viennent pas de nous ». La démarche de la délégation du CFCM a été « positive », poursuit M. Boubakeur, car « elle a dissipé la grossière erreur des ravisseurs sur la communauté musulmane en France ».

De son côté, le chef de la diplomatie française poursuivait jeudi à Amman ses contacts, notamment avec l’ambassade de France à Bagdad.



par Georges  Abou

Article publié le 02/09/2004 Dernière mise à jour le 02/09/2004 à 19:56 TU

La délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM) à Bagdad est composée de trois membres. Les deux vice-présidents du CFCM : Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), et Fouad Alaoui, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ; et Abdallah Zekri, qui représente la mosquée de Paris.