Cameroun
Le train de la présidentielle s’ébranle
(Photos: AFP)
De notre correspondant au Cameroun.
La nuit aura été longue pour le Social democratic front (SDF) réunis samedi à Bamenda, ville symbole de la province anglophone du Nord-Ouest, fief incontestable de cette formation politique. Le congrès extraordinaire, chargé de désigner le candidat du SDF à l’élection présidentielle, n’aura pas eu la tâche aisée. John Fru Ndi, 63 ans, président national depuis la création du parti en 1990, a finalement été élu dimanche matin, face à deux concurrents, tous décidés à se faire adouber comme porte-étendard du parti : l’homme d’affaires Noucti Tchokwago, et surtout Bernard Muna, avocat de 63 ans, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau du Cameroun, et ancien procureur-adjoint du Tribunal pénal international pour le Rwanda. L’homme de Droit aura été la candidat-surprise auquel on prêtait certes cette ambition depuis de longues semaines dans les coulisses, mais dont les ambitions ont été officiellement annoncées dès samedi, soit trois jours seulement après sa réintégration dans les rangs du SDF, qui a d’abord tenu son forum de réconciliation, dont le processus remonte à 1996.
Elu selon un score que ses partisans ont rapidement présenté comme un «raz-de-marée» , John Fru Ndi a administré la preuve qu’il tenait encore une bonne partie d’un parti traversé par des courants divergents. Mais, le président du SDF devrait, dès lundi, fixer les observateurs sur sa stratégie lors de cette élection présidentielle. Pour l’instant, deux thèses s’affrontent : l’une fait état de la détermination du Chairman à défendre les couleurs du SDF en tant que candidat investi, et cela quelle que soit la réaction de la Coalition pour la reconstruction et la réconciliation nationales (CRRN), un regroupement des forces politiques d’opposition, dont le SDF fait partie et qui se cherche un candidat unique à la présidentielle. L’autre est défendue par ceux qui -même au sein de la CRRN- sont convaincus que John Fru Ndi se prêtera au rituel de désignation du candidat de la Coalition pour la reconstruction et la réconciliation nationales; laquelle a déjà défini quelques quinze critères dressant le profil de son candidat, et tient une réunion annoncée comme capitale lundi. La plupart des membres de cette Coalition sont convaincus que les jeux ne seront pas faciles: après des semaines de recherche d’un consensus, les leaders en sont venus à procéder à un «appel à candidature», auquel ont déjà répondu trois «candidats à la candidature», dont vraisemblablement les anciens ministres Marcel Yondo et Sanda Oumarou.
Les sept jours de vérité de la classe politique
Une certitude: la semaine qui commence concentre en elle seule, les sept jours de vérité de la classe politique. Le suspens ne devrait pas excéder vendredi, 25e jour avant la date du scrutin, et date-limite de déclaration des candidatures. Dans le camp du pouvoir, les choses devraient se clarifier un peu plus: élu en juillet 2001 à la tête du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC au pouvoir) pour un mandat de cinq ans, Paul Biya devrait, selon l’interprétation la plus répandue des textes de base du parti, briguer un deuxième septennat consécutif aux couleurs du «parti des flammes». Le président sortant devrait officiellement annoncer sa candidature, et faire suite aux innombrables «appels» à se présenter à l’élection présidentielle formulés depuis au moins deux ans par des universitaires et des membres de l’establishment, selon un rituel rodé. Il est cependant peu probable que Paul Biya soit investi par le Comité central ou le Bureau politique, comme l’exigeait un courant minoritaire du parti mené par Pierre Mila Assouté, qui revendiquait en plus des «élections primaires» au sein de l’appareil.
En attendant, quelques candidats à cette élection présidentielle sont d’ores et déjà connus: Anicet Ekane, du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie ( Manidem); Dominique Djeukam Djameni du MDI, Fritz Ngo du Mouvement écologiste du Cameroun; Victorin Hameni Bieleu de l’Union des forces démocratiques du Cameroun (UFDC) et Me Yondo Mandengue Black, du Mouvement social pour la nouvelle démocratie (MSND).
par Valentin Zinga
Article publié le 12/09/2004 Dernière mise à jour le 12/09/2004 à 11:27 TU