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Afrique du Sud

Le secteur public en grève

Manifestants du syndicat PSA dans les rues de Pretoria, lors de la manifestation du secteur du service public en Afrique du Sud. 

		(Photo : Stéphanie Savariaud / RFI)
Manifestants du syndicat PSA dans les rues de Pretoria, lors de la manifestation du secteur du service public en Afrique du Sud.
(Photo : Stéphanie Savariaud / RFI)
L’Afrique du Sud a connu jeudi la plus grande grève de son histoire, selon les syndicats du service public qui avaient appelé à une mobilisation massive pour demander une hausse des salaires et des aides au logement et à la santé. 700 000 fonctionnaires ont fait grève, selon les syndicats, 200 000 d’entre eux sont descendus dans la rue pour demander 1% d’augmentation supplémentaire par rapport à l’offre gouvernementale, prolongeant le bras de fer entre l’ANC , le parti au pouvoir, et la puissante confédération syndicale Cosatu, son alliée traditionnelle.

De notre correspondante en Afrique du Sud.

A travers tout le pays, des centaines de milliers de fonctionnaires ont battu le pavé pour demander une augmentation de 7%, après un gel des salaires pendant deux ans. Le gouvernement propose 1% de moins. Les huit syndicats qui ont appelé à la grève ont déposé un mémorandum à la ministre de la Fonction publique Geraldine Fraser-Moleketi, à Pretoria, qui s’est fait huer par les manifestants lorsqu’elle a annoncé qu’elle restait sur ses positions. Dans la ville du Cap, devant le parlement, les manifestants portaient un cercueil en carton avec l‘inscription « Geraldine » . Les syndicats ont déjà promis une prolongation de la grève la semaine prochaine s’ils n’étaient pas entendus.

Plus de 320 000 enseignants ont décidé de faire grève, quelques semaines seulement avant les épreuves de Matric (Baccalauréat). Beaucoup d’écoles étaient fermées. « Les candidats au Matric seront malheureusement pris entre deux feux », a déclaré Zwelinzima Vavi, secrétaire général de la Cosatu, dans la perspective d’une impasse avec le gouvernement.

« Je suis enseignant depuis plus de vingt ans, je ne peux pas me payer une voiture, ou une maison. On ne nous prend pas au sérieux. Je respecte l’ANC, mais des millions sont dépensés dans d’autres secteurs et c’est notre tour d’en profiter », estime Rapula Somuela, enseignant dans la région du Mpumalanga, l’un des 20 000 manifestants venus à Pretoria à bus. « Si vous payez des cacahuètes, vous obtenez des singes », renchérissait une pancarte à Pretoria. Le salaire moyen d’un enseignant est d’environ 5 000 rands par mois (620 euros).

Tous les syndicats, sauf un

Après plusieurs mois de négociations, les discussions avec la ministre de l’Administration étaient toujours dans l’impasse à la veille de la manifestation. Les syndicats se disent toujours déterminés à discuter mais préviennent qu’il ne s’agit pas d’une « affaire d’une journée ».

Différence majeure par rapport à la mobilisation de 1999, tous les syndicats, sauf un, ont répondu présents à l’appel, et de nombreux syndicats comme le PSA, qui existait du temps de l’apartheid, était largement représenté avec de plus en plus de noirs dans ses rangs. Affichant une diversité de plus en plus rare dans le paysage politique sud-africain.

« Une foule de plus en plus mélangée racialement se réunit pour protester contre le traitement injuste du gouvernement, et cela me rend très heureux », a souligné le secrétaire général de la Cosatu.

« Tous les syndicats sont représentés parce que les gens de la base sentent la différence dans leurs poches. Durant ces deux dernières années de gel nous avons perdu en terme de retraite, d’aide médicale… », explique Marcel Van Rossen, du syndicat PSA, lors de la manifestation de Pretoria.

Les fonctionnaires assurant « un service public essentiel », comme les policiers, les gardiens de prison ou le personnel hospitalier étaient interdits de grève par le gouvernement, sous peine de sanctions. Mais la Cosatu avait proposé que 25 % d’entre eux assurent leur travail, permettant aux autres de participer à la grève. Seules les écoles ont été paralysées par le mouvement, les hôpitaux, les prisons et les stations de police ayant fonctionné normalement.



par Stéphanie  Savariaud

Article publié le 17/09/2004 Dernière mise à jour le 17/09/2004 à 06:26 TU