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Royaume-Uni

Tony Blair politiquement intact, médicalement atteint

Tony Blair a réussi à éviter une mise en cause des délégués travaillistes sur la question irakienne. 

		(Photo : AFP)
Tony Blair a réussi à éviter une mise en cause des délégués travaillistes sur la question irakienne.
(Photo : AFP)
Après cinq jours de débats houleux dans la station balnéaire de Brighton, le Premier ministre sort bousculé mais intact de ce congrès travailliste à risques qui visait à préparer les élections législatives attendues au mois de mai prochain mais qui aura été dominé du début à la fin par le dossier irakien. Mais la santé du Premier ministre redevient un sujet d’inquiétude : ce vendredi, il doit subir une opération cardiaque, un an après une première alerte.
De notre correspondante à Londres

C’est en effet en vain que Tony Blair et sa garde rapprochée se sont efforcés de galvaniser les militants du parti: la montée de la violence en Irak et le sort incertain de l'otage britannique Kenneth Bigley (qui est apparu en vidéo mercredi dans une cage) ont balayé tous leurs efforts pour recentrer les débats sur les sujets de politique intérieure. Dès l'ouverture du congrès dimanche, les délégués sélectionnaient l'Irak comme l'un des thèmes majeurs dont ils souhaitaient débattre à la tribune durant leur rassemblement. Et Tony Blair a fini par y consacrer une large place dans son discours-phare mardi.

Dix-huit mois après la guerre, le chef du parti a fait amende honorable pour les informations erronées des services de renseignement sur l'arsenal irakien, tout en refusant de présenter ses excuses pour avoir évincé Saddam Hussein. Un mea culpa partiel sur un ton presque contrit, mais aussi un habile calumet de la paix contrastant avec l’envolée triomphaliste du chef du gouvernement l'an dernier, lorsqu'il avait proclamé avec des accents thatchériens: «je n'ai pas de marche arrière».

Tout cela dans le but d’arrondir les angles à la veille de la dernière journée de la convention. Journée qui, consacrée aux questions de politique internationale et au fameux débat sur l'Irak, s'annonçait potentiellement dommageable pour Tony Blair, d’autant que le débat était assorti d’une motion appelant à un retrait rapide des troupes britanniques du sud du pays. C’était sans compter sur les inépuisables ressources de la direction du parti qui après moult conciliabules en coulisses a fini par convaincre les responsables des syndicats de soutenir une motion parallèle proposant plutôt que l’armée britannique reste aussi longtemps que le souhaiterait l’Irak... Un tour de passe-passe qui a ainsi permis au Premier ministre de garder la face sans pour autant lui épargner les commentaires acerbes de nombreux délégués qui ont défilé à la tribune. Comme ce jeune travailliste qui n’a pas hésité à dire que le Labour devait «avoir les tripes de dire que ce conflit était une erreur» en dénonçant «une guerre d’occupation et d’intimidation»...

En réponse le chef de la diplomatie Jack Straw a prévenu qu’un retrait trop brutal serait un désastre pour la reconstruction de l’Irak. Mais au jour d’un nouvel attentat extrêmement meurtrier et de nouvelles prises d’otages, la remarque aura eu peu de chance de convaincre nombre de délégués travaillistes qui restent profondément divisés sur la question irakienne...

Vers un troisième mandat

Au risque d’ailleurs d’en oublier de resserrer les rangs et de s’unir autour de leur leader pour assurer une troisième victoire historique au Labour en mai. C’est peut-être pour cela que Tony Blair a choisi au terme du congrès d’insister sur le fait qu’il avait bien l’intention d’obtenir un troisième mandat. Le chef du gouvernement qui a par ailleurs annoncé en passant, qu’il subirait une opération «mineure» ce vendredi pour corriger une arythmie cardiaque. Un événement qui dans la presse politique a immédiatement été relégué au second plan tant l’annonce de Tony Blair s’est avérée inhabituelle. En effet le Premier ministre ne s’est pas contenté de répéter qu’il entendait briguer un troisième mandat, il a pris soin de préciser aussi qu’il irait «jusqu’au bout de ce mandat». Ce qui exclut ainsi toute idée de passation de pouvoir immédiate entre lui et son ministre des finances Gordon Brown qui vise pourtant depuis longtemps le poste de Premier ministre. Et le fait que Tony Blair ait souligné qu’il ne briguerait pas de quatrième mandat ne devrait être qu’une maigre consolation pour Gordon Brown tant les chances de remporter une quatrième victoire semblent d’ores et déjà assez minces...

Quoi qu’il en soit la décision de Tony Blair de planifier clairement la fin de son règne pourrait bien être une tentative de mettre un terme aux rumeurs incessantes et de plus en plus dommageables autour de sa succession. Reste à savoir si cette tactique s’avèrera efficace.



par Muriel  Delcroix

Article publié le 01/10/2004 Dernière mise à jour le 01/10/2004 à 06:38 TU