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Grande-Bretagne

Blair fait la cour aux syndicats

Le congrès annuel du Trade Union Congress à Brighton offre l'occasion à Tony Blair (photo) de se réconcilier avec les syndicats. 

		(Photo : AFP)
Le congrès annuel du Trade Union Congress à Brighton offre l'occasion à Tony Blair (photo) de se réconcilier avec les syndicats.
(Photo : AFP)
A l’occasion du 136è congrès annuel du Trade Union Congress (TUC) et après des mois de désamour, le Premier ministre travailliste est venu à Brighton faire la paix avec le monde syndical, son soutien historique et financier alors que se profilent les élections générales, largement attendues désormais pour le printemps prochain.
De notre correspondante à Londres

Le TUC a toujours un goût amer pour Tony Blair qui n’a jamais réussi à faire partie de la famille syndicale. Il faut dire que son concept de New Labour flirtant avec une politique de centre-droite a d’emblée provoqué la méfiance voire l’hostilité de la vieille garde travailliste (le Old Labour) à son arrivée au pouvoir en 1997. D’où  cette impression constante de malaise chez le Premier ministre à chaque fois qu’il se retrouve face à cet auditoire. Pas étonnant donc que son discours devant le TUC –qui regroupe 70 syndicats et représente quelque 7 millions de salariés– n’ait récolté que quelques applaudissements polis.

Et pourtant Tony Blair a commencé par reconnaître qu’il avait pu paraître distrait par l’actualité internationale ces dernières années mais qu’il était désormais de retour pour se concentrer sur les affaires domestiques. « Je n'ai jamais cessé de travailler pour ces questions quotidiennes, ces problèmes de pain et de beurre, ces problèmes de la vraie vie », a insisté le Premier ministre qui a aussi promis à plusieurs reprises qu’il respecterait l’accord passé avec les syndicats au mois de juillet sur les droits des travailleurs lors du Forum du Labour à Warwick.

Et Tony Blair de faire le bilan des réalisations des Travaillistes depuis leur retour au pouvoir il y a sept ans et de faire quand même remarquer aux délégués: « En 1990, porte-parole du Labour pour les questions d'emploi, j'avais affirmé que le parti travailliste instaurerait un salaire minimal, améliorerait les congés maternité, introduirait des congés payés... : nous l'avons fait, mais nous n'avons pu le faire qu'en étant au gouvernement, pas en restant en permanence dans l'opposition ». Et s’il a admis que « la vie moderne reste dure pour beaucoup de gens », le Premier ministre a cependant mis aussi en avant le bilan économique de son gouvernement, en soulignant que « la croissance en Grande-Bretagne est la plus élevée de l'ensemble des membres du G8 avec 29 trimestres consécutifs de croissance depuis 1997 ».

Un ton conciliant qui n’a pas empêché Tony Blair de prévenir qu’il n’accepterait pas un retour aux piquets de grève et aux confrontations sociales des années 70. Pas question donc pour les syndicats de retrouver la puissance qu’ils détenaient sous les Conservateurs. Malgré tout dans l’ensemble la tendance de ce discours était au partenariat, à la coopération et aux valeurs partagées, le Premier ministre allant même jusqu’à encourager les salariés à rejoindre les syndicats...

Recoller les morceaux

Las ! Cette offensive de charme a pourtant laissé de glace plus d’un délégué. Dans les couloirs, certains ne cachaient d’ailleurs pas leur déception, voire leur colère alors que le gouvernement a annoncé en juillet la suppression de 100 000 emplois dans la fonction publique d'ici à 2008. Cependant, beaucoup de ceux que la politique menée depuis 1997 mécontente reconnaissent qu’ils n'auront pas le choix devant les urnes. Et c'est le message qu'a fait passer à l’ouverture du congrès le président du TUC, Roger Lyons, en agitant le chiffon rouge d'un retour au pouvoir des conservateurs et en demandant de ne pas considérer la victoire des travaillistes comme acquise.

« Il faudra un élan d'union pour obtenir un troisième mandat du Labour, si notre but est d'empêcher le retour de la seule alternative possible, un nouveau régime de type Thatcher », a affirmé le leader syndicaliste qui a salué comme les autres hauts responsables de la confédération le discours de Tony Blair.

Un exercice dont l’objectif principal était d’ailleurs pour le Premier ministre de commencer à recoller les morceaux d’une relation en miettes avec le mouvement syndical et de s’assurer que ses membres restent de son côté lors du scrutin général. Le chef du gouvernement a ainsi probablement dé réussir à tendre une branche d’olivier aux syndicats sans pour autant avoir à renoncer à ses réformes radicales du service public. Et si cette tactique n’a pas l’air d’avoir immédiatement provoqué un rapprochement, Tony Blair doit en tout cas espérer que les Trade unions lui accorderont cette fois encore le bénéfice du doute...

par Muriel  Delcroix

Article publié le 14/09/2004 Dernière mise à jour le 14/09/2004 à 08:51 TU