Internet
Le courriel sans la censure
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Le peer-to-peer (ou P2P) fait de nouveau parler de lui. Le peer-to-peer (traduire «pair à pair »), c’est l’échange de données (son, image, vidéo, texte) d’ordinateur à ordinateur via Internet. Jusqu’à présent, les logiciels peer-to-peer faisaient la seule joie des amateurs de MP3 et autres DivX, mais Jeftel, une société britannique vient de mettre au point un utilitaire de courriers électroniques fonctionnant sur le principe du peer-to-peer, sans passer par des serveurs d’emails internes ou administrés par un tiers. Le service de Jeftel disponible pour 36 euros par an, va au-delà du traitement de mail et propose une confidentialité totale du courrier envoyé.
Les personnes inscrites (expéditeurs et destinataires) peuvent envoyer des mails à d'autres utilisateurs du service sans risque de lecture de leurs messages par un tiers. Cette confidentialité provient de la non centralisation du service. En effet, les mails ne transitent pas par un serveur -comme c'est le cas pour les données échangées avec d’autres logiciels de peer-to-peer comme Kazaa- mais vont directement d’un internaute à un autre, interdisant tout contrôle. La société Jeftel affirme qu’ «aucune copie des mails ne peut être effectuée à aucun moment, et le contenu de ces messages est protégé par un système de cryptage et d’authentification».
Vif succès dans les Etats «Big Brother»
Une fois le service mis en place, aucun moyen d'arrêter les échanges sauf en stoppant les ordinateurs un à un. De quoi inquiéter sérieusement certains Etats policiers. En quelques jours, le succès de Jeftel est spectaculaire: déjà des milliers de personnes utilisent le service à travers le monde, mais le plus grand nombre d'utilisateurs se trouve dans les régimes autoritaires où la censure est très présente comme l’explique Robert Barr, un responsable de Jeftel.com: «Nous avons suscité un grand intérêt au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en France, en Espagne et en Nouvelle-Zélande, mais ce sont les Etats Big Brother qui nous ont surpris. Plusieurs milliers d’internautes en Russie, en Chine, au Kazakhastan, en Arabie Saoudite et au Vietnam se sont inscrits».
L’idée semble bonne mais elle n’est pas nouvelle. Un collectif de pirates américains «the Cult of the Dead Cow » (le Culte de la vache morte) travaillent depuis quelques années sur un réseau anonyme d’informations. Objectif de ce projet baptisé «Hacktivismo» : permettre à quiconque qui veut dénoncer des abus de le faire via Internet de manière anonyme. «Hacktivismo» repose notamment sur un logiciel qui permet de garantir la confidentialité des courriers électroniques et sur un navigateur qui permet de surfer anonymement. Comment ? Grâce à un système de réseau d’utilisateurs : l’internaute envoie sa requête à un ordinateur du réseau qui, s’il trouve la réponse, la renvoie sous format compressé et crypté au navigateur demandeur. Dans les deux cas, le logiciel de courrier et le navigateur ne nécessitent aucun serveur central.
par Myriam Berber
Article publié le 05/10/2004 Dernière mise à jour le 05/10/2004 à 14:32 TU