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Ukraine

Présidentielle : un test pour la démocratie

Les deux favoris de l'élection présidentielle en Ukraine : l'actuel Premier ministre Victor Ianoukovitch (G), soutenu par le président sortant et la Russie et le réformateur de centre droit Victor Iouchtchenko (D). 

		(Photos : AFP)
Les deux favoris de l'élection présidentielle en Ukraine : l'actuel Premier ministre Victor Ianoukovitch (G), soutenu par le président sortant et la Russie et le réformateur de centre droit Victor Iouchtchenko (D).
(Photos : AFP)
Les Ukrainiens se rendent dimanche aux urnes pour élire le successeur du président Leonid Koutchma. Ce scrutin est un test pour la démocratie de cette ancienne république soviétique. Parmi les 24 candidats en lice, les deux prétendants sérieux qui briguent la succession du président Leonid Koutchma sont le Premier ministre Viktor Ianoukovitch, 54 ans, soutenu par le régime actuel et par la Russie et son opposant, le réformateur de centre droit, Viktor Iouchtchenko qui a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. En tête dans les sondages depuis plusieurs mois, il a vu son avance s’effriter. Il est vrai que les médias contrôlés par le pouvoir ont favorisé le candidat officiel au détriment de l’opposition.

De notre envoyé spécial à Lviv

A la veille du scrutin, c’est le traditionnel silence électoral : une journée de réflexion avant de se rendre aux urnes pour une élection que chacun s’accorde à décrire comme décisive. Et comme l’explique un diplomate occidental, on n’a jamais autant parlé de politique en Ukraine. Il y a une semaine, l’opposition au régime -dont les espoirs s’incarnent dans l'actuel Premier ministre Viktor Ianoukovitch- rassemblait plus de 100 000 personnes à Kiev, du jamais vu depuis l’indépendance de l’Ukraine il y a maintenant treize ans.

A Lviv, dans l’ouest pro-occidental du pays, aux confins de l’Union européenne, les étudiants tiennent le pavé depuis plusieurs jours pour réclamer l’avènement d’une vraie démocratie: «car tout le système est corrompu, du haut en bas», affirme un retraité qui lui aussi prend part aux manifestations des mouvements de jeunesse qui défient au quotidien le harcèlement policier dont ils sont la cible.

Un paysage audiovisuel incolore

Dans ce contexte très lourd, les rumeurs fusent de toute part. On évoque une annulation pure et simple des élections par l'actuel président Léonid Koutchma qui prétexterait des désordres publiques. Sûr de sa victoire dont il craint d’être dépossédée par des falsifications massives, le réformateur Viktor Iouchtchenko appelle donc les électeurs à la vigilance et à observer partout où ils le peuvent le dépouillement.

Canal 5 est l’unique chaîne de télévision favorable à l’opposition et pour cause, son propriétaire est un député de la coalition «Notre Ukraine», le parti de Viktor Iouchtchenko. Isolé dans ce paysage audiovisuel monocolore, Canal 5 a subi toutes sortes d’entraves, allant d’un retrait de sa licence d’exploitation sur Kiev jusqu’au gel le 18 octobre dernier de ses comptes bancaires, à moins de deux semaines du premier tour.

Plusieurs journalistes étaient prêts à entamer une grève de la faim pur protester contre ce harcèlement. Cette menace et les condamnations de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) auront suffi à faire reculer le gouvernement ukrainien qui, a suspendu le gel des comptes de Canal 5. Il est vrai que la révolte gronde dans les médias y compris dans les chaînes d’Etat où une quarantaine de journaliste se sont associés pour dénoncer la couverture de la campagne électorale et la censure à laquelle ils sont soumis au quotidien.



par Jean-Frédéric  Saumont

Article publié le 30/10/2004 Dernière mise à jour le 30/10/2004 à 14:21 TU