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Proche-Orient

Union sacrée autour d’Arafat

Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen (G), et l'actuel chef du gouvernement de l'Autorité palestinienne Ahmad Qoreï (D). 

		(Photo : AFP)
Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen (G), et l'actuel chef du gouvernement de l'Autorité palestinienne Ahmad Qoreï (D).
(Photo : AFP)
La direction de l’Organisation de Libération de la Palestine réunie, samedi 30 octobre, à Ramallah a prêté allégeance au vieux président hospitalisé en banlieue parisienne. L’intérim assuré par le duo Mahmoud Abbas-Ahmed Qoreï devrait travailler en contact étroit avec son entourage qui l’a suivi en France.

De notre correspondant dans les Territoires palestiniens

Les spéculations sur l’après Arafat sont prématurées. Même hospitalisé en France, le vieux lion reste le maître de la scène politique palestinienne. Voilà le message lapidaire qu’a délivré Mahmoud Abbas, le secrétaire général de l’OLP à l’issue de la réunion de son Comité exécutif, (CEOLP) tenue samedi après midi à Ramallah, dans le QG délabré du président palestinien. Alors que la presse israélienne bruisse d’indiscrétions sur la succession d’Arafat, les hauts dirigeants palestiniens ont tenu à réaffirmer leur allégeance au Raïs. «Nous sommes en contact avec le président et nous recevons toujours ses instructions, puisqu'il est le chef de l'OLP», a ainsi déclaré Mahmoud Abbas, avant d’ajouter : «Nous prions Dieu pour une guérison de notre dirigeant afin qu'il retourne à son peuple et à sa cause qui ont encore fort besoin de lui.»

De son côté, le ministre en charge des négociations, Saëb Erekat, a déclaré que les instances palestiniennes allaient continuer à consulter Arafat «jusqu'à sa guérison et jusqu'à ce qu'il puisse reprendre ses fonctions». Davantage que de succession, le sujet tabou par excellence, les membres du CEOLP ont donc parlé d’intérim. Un partage du pouvoir très théorique a été effectué entre Ahmed Qoreï, l’actuel Premier ministre qui gérera les affaires courantes au sein de l’Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas, qui tiendra le rôle d’Arafat dans les réunions exécutives de l’OLP et du Fatah, son parti.

Mohamed Dahlan fait profil bas

Signe que les rivalités ont été enfouies au nom de l’union sacrée et de l’intérêt supérieur de la cause palestinienne, Mohamed Dahlan, l’enfant terrible d’Arafat, s’est rendue également au chevet du vieux leader. En juillet dernier, cet ancien chef du contre-terrorisme, avait sinon piloté, du moins cautionné les émeutes anti-Autorité palestinienne qui avaient éclaté dans la bande de Gaza au point d’apparaître comme le chef de file de l’opposition non-islamiste à Arafat. Aujourd’hui, Dahlan rentre dans le rang. «Nous sommes engagés à maintenir notre unité, a-t-il déclaré. Il n’y a pas de conflit ou de dispute entre nous. Ces luttes n’existent que dans les médias. L’état de santé d’Arafat ne signifie pas qu’une direction de remplacement se met en place. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Nous espérons seulement revenir avec le président dans les territoires quand il sera en meilleure sant ».

Pour l’instant donc, la continuité s’impose. On peut s’attendre à ce que le duo Abbas-Qoreï soit en liaison permanente avec les fidèles du président qui ont fait le voyage de Paris, notamment Nabil Abu Rudeineh, son omniprésent conseiller, Nabil Sha’ath, le ministre des Affaires étrangères et Mohamed Rachid, son trésorier personnel. Un grand écart qui devrait entraver toute action politique d’importance, comme l’estime le député Hassan Khreïchah. : «Je ne crois pas que quiconque puisse prendre la moindre décision alors que Yasser Arafat est toujours en vie. Donc, les choses vont rester en l'état».

Le même sentiment d’inertie devrait se dégager de la réunion prévue ce dimanche midi au Conseil législatif palestinien. Les députés sont censés discuter de la situation et publier une déclaration. Certaine sources évoquaient un possible remaniement de la Loi Fondamentale, susceptible de formaliser le transfert de pouvoir à Abbas et Qoreï. Mais cette hypothèse est peu probable car elle se heurte à l’opposition des fidèles d’Arafat et également du Hamas, qui appelle à la formation d’un gouvernement d’unité nationale  dans l’attente d’élections. L’avenir immédiat de la direction palestinienne est donc suspendue au prochain bulletin de santé du président qui devrait être publié mercredi. Depuis Paris, Nabil Abu Rudeineh a réfuté les rumeurs selon lesquelles le raïs est atteint de leucémie et ne dispose plus de la totalité de ses facultés mentales. Selon la déléguée générale de la Palestine en France, Leïla Chahid, Yasser Arafat «a passé une très bonne nuit. Il a eu un bon réveil. Il s'est réveillé de bonne humeur, avec un bon moral». Sur le terrain, les violences se poursuivent. L’armée israélienne a tué par balle un enfant de 12 ans dans le camp de réfugiés de Jénin.



par Benjamin  Barthe

Article publié le 31/10/2004 Dernière mise à jour le 31/10/2004 à 10:21 TU