Bosnie-Herzégovine
L’Europe à l’épreuve des armes
(Photo : AFP)
La force de paix de l’Union européenne (Eufor) qui prend aujourd'hui le relais de la force de stabilisation de l’OTAN (Sfor) en Bosnie-Herzégovine a une lourde tâche : celle de montrer que la politique européenne de défense est réelle, et que sa mise en oeuvre sur le terrain se passe bien. La passation de pouvoir est surtout symbolique, puisque la plupart des soldats vont simplement changer d'écusson. Sept mille soldats seront déployés sous drapeau européen, mais 80 % d'entre eux sont déjà présents sous le mandat de l’OTAN. La mission, baptisée Althea, regroupe une trentaine de pays, dont 22 membres de l'Union européenne.
Presque 10 ans après la fin d'une guerre que l'Europe n'a pas su arrêter à temps, c'est un tournant historique pour l'Union : c'est la plus importante opération militaire de son histoire. Les 25 se donnent 3 ans avant d'envisager de réduire leur contingent sur place. Sur place, le changement se fait dans l'indifférence générale, voire un peu de crainte : le départ des américains inquiète les bosniaques, qui gardent le souvenir de l'impuissance européenne pendant la guerre.
La force européenne devra donc rapidement faire la preuve de ses capacités. Elle sera notamment jugée sur son action contre les criminels de guerre en fuite, notamment les deux leaders serbes bosniaques Radovan Karadzic et Radko Mladic. Ils sont inculpés de génocide depuis 1995. L'alliance maintiendra toutefois 350 soldats qui assisteront les Européens dans la recherche des criminels.
La plus grosse opération de l’OTAN
C'est donc la fin de la Sfor, qui aura mené sur place l'opération la plus importante de l'OTAN, tant en durée qu'en effectifs engagés. Au plus fort du déploiement, 60 000 soldats ont été mobilisés sous drapeau de l'organisation transatlantique. Cette mission est née lors des accords de paix de Dayton, fin 1995. Au départ, un tiers des soldats étaient Américains. En tout, 100 000 militaires américains ont fait un passage en Bosnie-Herzégovine, où ils ont notamment facilité le retour des réfugiés musulmans expulsés par les forces serbes.
Le conflit bosniaque, qui avait fait entre 1992 et 1995 plus de 200 000 morts a pris fin au moment où l'OTAN s'est décidée à intervenir en force. En presque 10 ans de présence, les soldats de l'OTAN ont arrêté 28 inculpés que le Tribunal pénal international réclamait pour les crimes commis lors du conflit, et récolté des dizaines de milliers d'armes et de munitions. Parmi les échecs : les principaux inculpés, Karadzic et Mladic, courent toujours.
par Lucas Menget
Article publié le 02/12/2004 Dernière mise à jour le 02/12/2004 à 12:25 TU