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Kosovo

Graves affrontements inter-ethniques

La fragile paix établie depuis cinq ans dans la province serbe sous tutelle internationale a été bouleversée au cours de ces dernières 24 heures par un véritable pogrom anti-serbe étendu à tout le territoire, où une dizaine de localités ont été touchées par un déferlement de violence. Le bilan est très lourd et il n’est que provisoire : 22 morts et 500 blessés.
Le bilan des affrontements inter-communautaires s’est alourdi dans la province serbe à majorité albanaise. On compte désormais 22 morts et environ 500 blessés serbes et albanais, selon un nouveau bilan rendu public à Pristina, jeudi, par la mission de l’ONU (Minuk). La situation reste tendue dans certaines régions de la province où les soldats du contingent international font toujours face à des manifestants albanais.

La Minuk n’a pas fourni de détails sur l’appartenance communautaire des victimes et précise que le bilan fourni est provisoire et qu’il pourrait donc s’alourdir au fur et à mesure que les forces de l’ordre reprennent le contrôle des localités qui ont été le théatre des violences. La Minuk précise toutefois que 61 policiers et 11 membres de la force multinationale de l’ONU (KFOR) figurent parmi les blessés.

La flambée de violence de ces dernières 24 heures est la plus meurtrière et la plus étendue sur le territoire depuis la fin du conflit, en juin 1999, et sa mise sous tutelle de l’ONU. La KFOR a annoncé l’évacuation des Serbes de Pristina et ses environs vers des localités moins exposées, afin d’assurer leur protection.

Les violences ont éclaté mercredi dans la ville de Kosovska Mitrovica, dans le nord de la province, ainsi qu’à Caglavica. Mais, dans la soirée, elles avaient gagné l’ensemble du territoire et touché la quasi totalité des villes et quartiers peuplés par les membres de la minorité serbe attaqués par des foules d’Albanais lors de véritables pogroms. «Malheureusement, nous nous attendons au pire dans certains endroits sur la base des informations dont nous disposons actuellement», a indiqué le porte-parole de l’ONU.

«L’idée d’un Kosovo multiethnique a été définitivement enterrée»

La KFOR dispose d’une force de 17 000 soldats et 10 000 policiers, membres de l’ONU ou locaux.

La Force de stabilisation de l’Otan en Bosnie voisine, la Sfor, a envoyé un détachement en renfort de la KFOR au Kosovo pour contribuer au maintien de l’ordre. La Sfor dispose d’un contingent de 12 000 hommes en Bosnie depuis la fin de la guerre, en 1995.

Ce développement dramatique de l’actualité au Kosovo provoque une onde de choc régionale. Les événements ont notamment affecté la Serbie, privée de souveraineté sur sa province. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues des villes de Serbie centrale et se sont heurtés aux forces de l’ordre. Deux mosquées ont été incendiées, l’une à Nis, dans le sud du pays, et l’autre à Belgrade, la capitale. Le ministre yougoslave (Serbie et Monténégro) des Droits de l’Homme a rejeté la responsabilité de la violence des troubles sur la communauté internationale, incapable, selon lui, d’avoir su maintenir l’ordre et de proposer une solution politique cohérente pour le Kosovo. «L’idée d’un Kosovo multiethnique, si elle a jamais existé, a été définitivement enterrée mercredi et est devenu un phrase appartenant aux archives», a déclaré à l’AFP Rasim Ljajic avant d’ajouter que «les événements ont clairement montré que les Albanais veulent non seulement un Kosovo indépendant mais un Kosovo ethniquement pur».

De son côté, Belgrade a dépêché à Kosovska Mitrovica, où ont eu lieu les premiers incidents, un responsable chargé de se rendre au chevet des blessés serbes. Selon l’AFP, Nebojsa Covic a indiqué que la Kfor lui avait fait savoir qu’elle n’était pas en mesure de lui fournir une escorte pour assurer sa sécurité. Il a appelé ses compatriotes du Kosovo à «s’auto-organiser» afin d’assurer eux-mêmes leur protection.


A écouter également :

Laurent Rouy, correspondant RFI à Belgrade (18/03/2004, 2'30")

Thierry Parisot, invité de la rédaction (18/03/2004, 7'28")



par Georges  Abou

Article publié le 18/03/2004