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Musique en ligne

Nous sommes tous pirates

Le marché du disque en France a enregistré en 2003 et 2004 des chutes de ventes de 15%.(Photo : AFP)
Le marché du disque en France a enregistré en 2003 et 2004 des chutes de ventes de 15%.
(Photo : AFP)
Dénoncer le tout répressif de la justice contre le téléchargement illégal, tel est l’objectif de l’appel «Libérez l@ musique !» lancé par l’hebdomadaire le Nouvel Observateur et signé par 70 artistes et personnalités. Cette pétition qui demande l’ouverture d’un débat public sur les nouveaux modes de consommation de la musique, intervient alors que la première condamnation pénale en France pour piratage de musique sur Internet vient de tomber.

Jusqu’à présent, seuls des pirates de films sur le Net avaient fait l’objet de condamnations en France. Pour la première fois, un enseignant de 28 ans vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Pontoise, à une amende de 3 000 euros avec sursis, pour avoir téléchargé près de 10 000 morceaux de musique – l’équivalent de 614 albums- sur les réseaux peer-to-peer sur Internet. Cet internaute a également été condamné à payer 10 000 euros de dommages et intérêts aux sociétés d’ayants droit qui se sont portées civiles comme notamment le SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique) et la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

Au nom de l’industrie du disque, quelques sociétés d’ayants droit ont décidé de poursuivre, pour l’exemple, quelques internautes, pour avoir téléchargé et échangé des titres musicaux via des sites gratuits d’échange de fichiers via l’Internet (réseaux peer-to-peer) comme Kazaa, eMule ou eDonkey. Cette politique du tout répressif ne fait pas l’unanimité. Une pétition publiée dans le magazine le Nouvel Observateur et signée par de nombreuses personnalités du monde du spectacle et de la politique stipule «comme 8 millions de Français au moins, nous avons téléchargé un jour de la musique en ligne et sommes donc des délinquants en puissance. Nous demandons l’arrêt de ces poursuites absurdes».

«Libérez l@ musique !» 

Les artistes français Jean-Louis Aubert, Manu Chao, Bénabar Mathieu Chedid, Khaled ou bien encore les députés socialistes Ségolène Royal et Christian Paul ont signé avec quelque 70 autres personnalités l'appel «Libérez l@ musique !» lancé par l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur. Ils dénoncent cette politique répressive et disproportionnée dont sont victimes quelques boucs émissaires. Ils demandent également «l'ouverture d’un large débat public, impliquant le gouvernement, tous les acteurs de l’industrie musicale, tous les artistes, afin de parvenir à une meilleure défense du droit d’auteur, mais aussi les consommateurs, afin de trouver ensemble des réponses équitables».

Ce manifeste signe le début d'une nouvelle ère de sensibilisation à l'illégalité des téléchargements gratuits sur les réseaux P2P. L’heure n’est plus à l’affrontement mais au débat. Différentes associations d’artistes-interprètes comme l’Adami et la Spedidam et des organisations de défense des consommateurs (CLC, UFC-Que Choisir, Ligue de l’enseignement) ont très vite pris des positions assez en pointe sur ce sujet, en affirmant leur volonté de renforcer la notion de copie privée et de licence légale, et en s’opposant résolument à toute forme de répression à l’égard des internautes et à la gratuité des échanges. Regroupées sous l’intitulé «Alliance entre le public et les artistes», ce collectif milite pour «la mise en place d’un modèle économique viable» qui puisse mettre fin à la gratuité et concilier développement technologique et rémunération des ayants droit.

Selon ce collectif, le téléchargement illégal de musique sur le Net n’explique pas seul la crise du disque en France (moins de 15% en 2003 et 2004), d’autres facteurs expliquent la chute des ventes : prix du disque, qualité de l’offre, budget non extensible du poste loisirs des consommateurs, nouveaux modes de consommation de musique. L’industrie du disque paie également ses errements. La crise du CD a de multiples raisons parmi lesquelles le succès d’autres produits de divertissement comme le DVD ou le jeu vidéo. Cette crise est également celle d’un modèle que les majors ont imposé depuis l’avènement du CD au début des années 90. La concentration du marché du disque a non seulement marginalisé les producteurs indépendants mais a également réduit la diffusion des CD sur un nombre restreint de titres.


par Myriam  Berber

Article publié le 04/02/2005 Dernière mise à jour le 04/02/2005 à 11:34 TU

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Danièle Birck

Journaliste à RFI

«Pour les industriels du disque, la désaffection du public se résume à un seul mot: le téléchargement sur Internet.»

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