Piratage en ligne
Des internautes traînés en justice
DR
Nouvel épisode dans la guerre contre le piratage de musique sur Internet. Prenant exemple sur la bataille que livrent depuis 1999, l'Association américaine de l'industrie phonographique (RIAA) contre le développement de la musique gratuite sur le Net, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a décidé d’en finir sérieusement avec les utilisateurs de sites gratuits de musique en ligne (réseaux peer-to-peer).
L’IFPI vient d’entamer des poursuites judiciaires contre 247 particuliers au Canada, en Italie, au Danemark et en Allemagne, soupçonnés d’avoir copié et distribué illégalement par Internet des morceaux de musique. Les internautes poursuivis encourent des amendes de plusieurs milliers de d’euros. Selon l’IFPI «les poursuites concernent les personnes qui téléchargent vers leur serveur des centaines de milliers de fichiers. Les internautes qui copient quelques morceaux de musique pour leur usage personnel, ne sont pas concernés». Des téléchargements qui ont provoqué un manque à gagner pour les professionnels du disque, débouchant sur une baisse de près de 30% des ventes de cd-audio sur les trois dernières années pour les quatre pays concernés.
Des actions contre les pirates français
Pour l’IFPI, les actions en justice aux Etats-Unis ont été bénéfiques: elles font savoir aux utilisateurs de sites comme Morpheus ou Kazaa qu’il ne peuvent pas télécharger des morceaux de musique en toute impunité. Selon Allen Dixon, le secrétaire de l’IFPI «le nombre de fichiers téléchargés illégalement sur l’un des principaux sites de musique gratuits a diminué de 30% entre avril 2003 et début 2004, suite à une vague de messages de prévention envoyés aux fraudeurs et à trois actions en justice».
L’IFPI qui regroupe 1 400 producteurs et distributeurs dans 76 pays, a indiqué que d’autres poursuites judiciaires allaient suivre. Parmi les pays concernés, la France comme l’a précisé Hervé Rony, le directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) qui représente une cinquantaine de maisons de disques françaises : «Nous ferons la même chose en France dans les mois qui viennent. Avant d’agir nous attendons l’adoption de la loi sur la confiance numérique qui doit être examinée en deuxième lecture au Sénat les 6 et 7 avril prochain, parce qu’elle reconnaît la responsabilité des fournisseurs d’accès».
Le SNEP souhaite en effet que les fournisseurs d’accès à Internet changent d’attitude et mettent en place des mesures de filtrage technique pour prévenir le téléchargement de contenus protégés par le droit d’auteur. A plus long terme, le syndicat espère également que les internautes se tourneront vers des services légaux (et payants) de musique en ligne. Cette offre se développe en Europe. Pour preuve, le géant Sony s’apprête à emboîter le pas à Apple pour lancer un service de téléchargement musical au mois de juin. De son côté, la Fnac envisage de lancer en France, également à la même date, un magasin. Reste à transformer l’utilisateur en consommateur payant de musique, les internautes hésitent toujours à desserrer les cordons de leur bourse.
par Myriam Berber
Article publié le 01/04/2004 Dernière mise à jour le 01/04/2004 à 14:15 TU