Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Piratage en ligne

Américains et Européens à l’unisson

Jack Valenti, le «patron» de la Motion picture association of America (les grands studios de Hollywood). 

		(Photo : AFP)
Jack Valenti, le «patron» de la Motion picture association of America (les grands studios de Hollywood).
(Photo : AFP)
Après les Américains, c’est au tour des Européens de se pencher sur la contrefaçon numérique. Une vingtaine de ministres européens de la Culture se sont réunis, mardi 18 mai, à Cannes pour discuter, sur proposition de la France, d'un plan commun de lutte contre la piraterie. Le ministre français de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres s’est attaché à démontrer qu’il était urgent de prendre des mesures techniques pour tarir le piratage facilité par les graveurs et les téléchargements de fichiers via les systèmes peer-to-peer.

Le piratage représente aujourd’hui pour le cinéma une véritable menace pour les producteurs. Quelques chiffres suffisent à expliquer le phénomène. Outre atlantique, le piratage représente un manque à gagner de 3,5 milliards de dollars pour l’industrie du cinéma américain. Les raisons tiennent pour une grande part aux copies DVD et aux téléchargements de films sur Internet.

En France, cette pratique est également fort répandue. Selon les estimations les plus sérieuses, ce sont un million de films piratés qui s’échangent chaque jour sur le Web français, soit plus du double du nombre d’entrées en salles et cinq fois plus que les ventes de vidéo quotidiennes. Des chiffres en constante progression, cette cyberfraude touche désormais tous les répertoires, du cinéma d’auteur aux blockbusters américains comme Le Seigneur des Anneaux ou Le monde de Nemo.

La lutte contre ce fléau est devenue une priorité pour les Etats. Les ministres européens de la Culture ont choisi le Festival de Cannes pour discuter d’un plan commun de lutte contre la piraterie à l’échelle européenne élargie qui devrait notamment «reprendre le volet pénal de la directive Contrefaçon et développer les échanges de bonne pratique».

«Content d’être piraté»

Le ministre français Renaud Donnadieu de Vabres a été le premier à monter au créneau: «La piraterie, c’est du vol, c’est du chômage, et elle nuit au public car elle assèche la création. Il faut une prise de conscience politique des artistes». Un message fort partagé par le très puissant patron des studios d’Hollywood (MPAA, Montion Picture Association of America). «C’est sans hésitation que je demande au ministre français de la Culture de prendre la tête de la lutte et nous serons avec lui. Le problème du piratage touche tous les pays. Personne ne peut lutter seul», a déclaré Jack Valenti.

De son côté, le ministre français a tenu à préciser que la lutte devrait se faire à deux niveaux: européen et national. Renaud Donnadieu de Vabres a profité de sa visite à Cannes pour dévoiler les grandes lignes du dispositif qu’il présentera bientôt en Conseil des ministres. Le travail du gouvernement devrait s’opérer en plusieurs étapes. D’abord, le lancement d’une campagne d’informations et de sensibilisation destinée aux jeunes. Ensuite, un dialogue avec les prestataires techniques (fournisseurs d’accès et hébergeurs) pour développer un marché de musique et de films sur Internet (ou VOD pour video on demand). Enfin, cette lutte passe également par un cadre législatif adéquat avec notamment la loi sur le droit d’auteur examinée prochainement au Parlement.

La sanction pénale reste un élément fondamental dans la lutte contre la piraterie. En mai dernier, ce procédé a été condamné pour la première fois en France. Six internautes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis et à des amendes –jusqu’à 4 000 euros- pour avoir téléchargé et échangé des films sur Internet. Une répression qui ne fait pas toujours l’unanimité parmi les professionnels du cinéma. Le président du jury de cette 57e édition du Festival de Cannes, le réalisateur Quentin Tarantino, s’est lui-même réjoui que ses films soient piratés en Chine: «mes films n’ont jamais été autorisés en Chine, même si on y a tourné trois mois pour Kill Bill. Je suis content que les Chinois le piratent. Au moins, ils le verront».



par Myriam  Berber

Article publié le 18/05/2004 Dernière mise à jour le 18/05/2004 à 14:05 TU