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Bush-Chirac : le dîner de la réconciliation

Jacques Chirac et George W. Bush ont tenté de remettre les relations franco-américaines au beau fixe.(Photo: AFP)
Jacques Chirac et George W. Bush ont tenté de remettre les relations franco-américaines au beau fixe.
(Photo: AFP)
En dînant ensemble dans la résidence privée de l’ambassadeur des Etats-Unis à Bruxelles, George W. Bush et Jacques Chirac ont tout fait pour montrer que leurs relations sont redevenues cordiales. Ils ont même saisi l’occasion de cette rencontre pour donner une preuve tangible de la nouvelle donne diplomatique entre les deux pays en diffusant une déclaration commune sur le Liban dans laquelle ils demandent le retrait des troupes syriennes du pays. Les deux présidents ont décidé de faire preuve de toute la bonne volonté nécessaire pour oublier leur profonde divergence sur la guerre en Irak.

Bonne humeur affichée et french fries au menu : George W. Bush a mis les petits plats dans les grands pour recevoir Jacques Chirac à Bruxelles. Et celui-ci n’est pas resté insensible à tant d’amabilité puisqu’il a bu et apprécié les vins californiens qui arrosaient le dîner tout en faisant part du «plaisir» qu’il éprouvait à revoir son hôte américain. Il est vrai qu’il aurait été difficile de ne pas faire un effort face à la louable tentative de remettre le baromètre des relations franco-américaines au beau fixe menée par George W. Bush qui a déclaré : «C’est mon premier dîner sur le sol européen depuis ma réélection, et c’est avec Jacques Chirac. Cela en dit long sur l’importance que nous attachons à nos relations et aux relations entre nos deux pays».

Interrogés sur leurs différends passés à propos de la guerre en Irak, les deux présidents ont, avec le sourire, minimisé l’impact qu’ils avaient pu avoir sur leur entente réelle. Ils ont joué chacun à leur manière une scène bien connue du théâtre de la diplomatie internationale : même les meilleurs amis peuvent avoir des divergences, cela ne remet pas pour autant en cause leur entente profonde. De là à ce que le réchauffement soit suffisamment sensible pour que George W. Bush invite Jacques Chirac à chausser des bottes pour lui rendre visite dans son ranch de Crawford, au Texas, comme il l’avait fait par exemple avec le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, il y a peut-être encore quelques degrés à gravir dans le thermomètre de la bonne entente. La pirouette du président américain pour répondre à cette question d’un journaliste est de ce point de vue significative : «Je cherche un bon cow-boy !». Le porte-parole de Jacques Chirac, Jérôme Bonnafont, en a tiré une seule conclusion : le président américain a «le droit d’employer des formules humoristiques». Le chef de l’Etat français devrait quoi qu’il en soit, escapade à Crawford ou pas, réaliser une visite officielle aux Etats-Unis durant l’année 2005.

Bush et Chirac solidaires sur le Liban

Au-delà de l’image, le dîner de travail organisé entre les deux présidents et l’entretien qui l’a précédé, auquel ont assisté la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, et le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, avaient pour objectif de leur permettre de faire le point sur les principaux dossiers internationaux du moment. Et notamment sur le Liban où l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a déclenché une vague de protestations contre la présence syrienne. La France et les Etats-Unis ont d’ailleurs diffusé une déclaration commune dans laquelle ils demandent «la mise en œuvre complète et immédiate de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies dans tous ses aspects, y compris son appel à un Liban souverain, indépendant et démocratique». Un message qui s’adresse directement à l’occupant syrien, même si son nom n’est pas cité.

La France et les Etats-Unis partagent, en effet, une approche commune de la question libanaise et ont pris position en faveur d’un retrait de la Syrie de ce pays. Une demande que le président Bush a réitéré dans le discours qu’il a prononcé le premier jour de sa visite à Bruxelles, le 21 février. L’adoption de la résolution 1559 à l’ONU, obtenue grâce au soutien de ces deux pays, avait déjà en elle-même marqué la convergence de vue entre Paris et Washington. L’analyse faite dans les deux capitales de l’attentat contre Rafic Hariri n’a fait que confirmer cette tendance. A Bruxelles, Jacques Chirac et George W. Bush ont d’ailleurs tenu à réaffirmer leur «détermination» à suivre ce dossier en concertation et se sont engagés pour y parvenir «à rester en contact permanent».

Si George W. Bush et Jacques Chirac sont sur la même longueur d’onde concernant le Liban, d’autres dossiers continuent à faire l’objet de divergences. Celui de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine, par exemple. Le président français plaide pour une levée de cette mesure, à laquelle son homologue américain reste par contre fermement opposé. L’équilibre des relations euro-américaines au sein de l’Alliance atlantique fait aussi l’objet de deux approches sensiblement différentes. Le président français a d’ailleurs abordé cette question lors de son intervention au Sommet de l’OTAN organisé le 22 février, à l’occasion duquel il a retrouvé le président américain mais cette fois-ci en présence des autres chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’organisation. On ne peut tout de même pas être d'accord sur tout.


par Valérie  Gas

Article publié le 22/02/2005 Dernière mise à jour le 22/02/2005 à 15:53 TU

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Daniel Desesquelle

Envoyé spécial de RFI à Bruxelles

«Il y a des dossiers où des sérieuses divergences demeurent : l’Iran et la Chine.»

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