France
Zapatero à l’Assemblée: un plaidoyer pour l’Europe
(Photo : AFP)
Il y a deux semaines, le président français Jacques Chirac et le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande s’étaient rendus en Espagne pour inciter les Espagnols à voter «oui» à la Constitution européenne lors de leur référendum. Ce mardi, c’est le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, grand vainqueur du référendum dans son pays, qui est venu exprimer ses convictions européennes devant les députés français.
«Je suis un Européen convaincu», a déclaré le socialiste Zapatero dans l’hémicycle, soulignant que «l’Europe est la grande espérance» pour «la paix» et contre «les injustices dans le monde». Dans son discours d’une quinzaine de minutes qu’il a prononcé à la tribune de l’Assemblée nationale à Paris, le Premier ministre espagnol a mis l’accent sur «la construction de l’Europe sociale, proche des citoyens et solidaire». Il a également insisté sur la nécessité d’une politique extérieure et de défense efficace. «Avec le texte constitutionnel, nous avons la clause de solidarité», a-t-il rappelé, soulignant l’attachement de l’Espagne à cette disposition après les attentats perpétrés à Madrid le 11 mars 2004.
Le même langageL’ordre du jour de cette visite de Zapatero est chargé de sens. Malgré une participation faible (42,3%), les Espagnols ont été les premiers, parmi les Vingt-Cinq, à avoir approuvé la constitution européenne. Le président Jacques Chirac compte sur un effet d’entraînement du «oui» ibérique du 20 févier pour montrer le chemin aux Français. Le chef de l’Etat annoncera prochainement la date à laquelle se tiendra le référendum. Jacques Chirac ne devrait pas choisir une date trop lointaine (au plus tard en juin) pour cette consultation au suffrage universel car le «non» fait une percée dans les sondages. Le «oui» qui recueillait 63% des intentions de vote en janvier est passé à 58% en février.
La visite du Premier ministre espagnol a provoqué de vives critiques du côté des partisans du «non» au traité européen. Le président du groupe communiste à l’Assemblée, Alain Bocquet, a dit son «indignation» face à ce qu’il considère comme de «la propagande en faveur du oui». La présidence espagnole a fait savoir que M.Zapatero n’avait «aucunement l’intention de s’immiscer dans le débat politique français» en réponse aux objections soulevées par le communiste Alain Bocquet.
Cette visite à Paris a également valeur de symbole pour un gouvernement espagnol soucieux de marquer son retour au cœur de l’Union européenne. Les années de refroidissement diplomatique de l’ère Aznar sont oubliées. Autant les relations entre le prédécesseur de Zapatero, José Maria Aznar et le président Chirac étaient exécrables, alors qu’ils appartenaient à la même famille politique. Autant José Luis Rodriguez Zapatero et Jacques Chirac parlent le même langage. L’une des raisons majeures de ce réchauffement est entre autres la volonté de Zapatero de se démarquer de la politique atlantiste de son prédécesseur. La première décision du socialiste espagnol a d’ailleurs été le désengagement militaire en Irak.
par Myriam Berber
Article publié le 01/03/2005 Dernière mise à jour le 01/03/2005 à 18:10 TU