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Irak

Incertitudes sur le sort de Zarqaoui

Abou Moussab al-Zarqaoui, aurait été blessé lors de combats.(Photo : AFP)
Abou Moussab al-Zarqaoui, aurait été blessé lors de combats.
(Photo : AFP)
Depuis la diffusion sur internet d’une information selon laquelle le chef d’al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, aurait été blessé lors de combats, les spéculations vont bon train. Face à la difficulté de vérifier l’exactitude de ce renseignement, une grande incertitude demeure. S’agit-il d’une rumeur sans fondement, d’une tentative d’intox ou d’une véritable information ? Une seule chose est sûre, même s’il ne faut pas minimiser l’impact d’une mise hors course de l’ennemi public numéro un des Américains en Irak, cela ne signifiera pas la fin des actions menées par le réseau terroriste dans ce pays.

Qu’est devenu Abou Moussab al-Zarqaoui ? Est-il tranquillement en train d’organiser une opération de diversion pour brouiller les pistes des Américains à sa poursuite en Irak ? A-t-il véritablement été blessé lors de combats près de Ramadi ? Il est difficile de le savoir. Mais il est indéniable qu’il se passe quelque chose. L’enchaînement des événements depuis la diffusion d’un premier communiqué, mardi 24 mai, sur un forum islamiste (al-Hesba), pour annoncer que Zarqaoui avait été blessé, le confirme.

Cette annonce, signée du département de l’information du groupe Zarqaoui, paraît crédible. Elle n’a d’ailleurs pas été démentie depuis sa publication. La seule véritable interrogation pourrait se situer sur le fait de savoir s’il s’agit, en fait, d’une tentative de manipulation de la branche irakienne d’al-Qaïda ou d’une manière de préparer les membres du réseau à la nouvelle de la mort du chef terroriste. Les spécialistes estiment que cette deuxième hypothèse est envisageable puisque les rédacteurs du communiqué appellent dans leur texte les musulmans à la prière pour Zarqaoui. Ce qui pourrait indiquer que ses blessures sont non seulement réelles mais graves, la prière étant «l’ultime recours» pour le sauver.

Des informations concordantes, d’autres contradictoires

En l’absence de véritable preuve, la prudence reste tout de même de mise. Les Américains en sont conscients. Ils sont d’ailleurs restés extrêmement réservés depuis que cette rumeur se répand. Ils sont à la poursuite de Zarqaoui depuis de longs mois et ont mis sa tête à prix pour 25 millions de dollars. C’est pourquoi le général Ham, directeur adjoint des opérations à l’état-major interarmées, a fait preuve de pragmatisme avant tout : «Ce qui nous intéresse c’est de savoir où il [Zarqaoui] se trouve et dans quel état».

A en croire les informations diffusées dans le quotidien américain Washington Post, mercredi 25 mai, il aurait été blessé par balles entre la poitrine et l’épaule, lors de combats avec les forces américaines près de la ville de Ramadi, samedi 21 mai ou dimanche 22 mai. La source du journal est présentée sous le nom de guerre d’«Abou Karrar» et serait l’un des lieutenants de Zarqaoui. Le chef d’al-Qaïda en Irak aurait pu être évacué vers un pays voisin, en compagnie de deux médecins, l'un saoudien et l'autre soudanais. A Washington, on ne confirme pas mais on parle de déclaration qui «concorde» avec d’autres informations mises en ligne sur le forum en question pour en conclure que «cela pourrait bien être vrai».

Du côté irakien, les membres du gouvernement sont allés un peu plus loin. Le ministre de l’Intérieur, Bayane Baqer Soulagh, a affirmé qu’il disposait de renseignements confirmant que Zarqaoui avait été blessé. Il a déclaré : «Nous avons reçu, il y a cinq jours, des informations indiquant que Zarqaoui a été blessé mais nous ne connaissons pas la gravité de ses blessures». Le Premier ministre, Ibrahim al-Jaafari, n’a pas voulu être aussi affirmatif et a déclaré qu’il n’était pas en possession «d’informations précises».

L’incertitude demeure, d’autant plus qu’un autre communiqué faisant état de la nomination d’un adjoint de Zarqaoui pour le remplacer jusqu’à son rétablissement, diffusé sur internet, a été très rapidement démenti. Les deux textes étaient signés du département de l’information de l’organisation al-Qaïda en Mésopotamie. Mais le second portait, en plus, le paraphe du porte-parole de l’organisation, Abou Maisara al-Iraqi. Le fait qu’en quelques heures deux communiqués émanant de la même source et empruntant les canaux de diffusion habituels de l’organisation aient été diffusés, pourrait montrer qu’il existe des divergences de points de vue ou de stratégies au sein du groupe. Il s’agit peut-être d’un conflit autour du nom du remplaçant de Zarqaoui. Le premier communiqué désignait Abou Hafs al-Qarni comme chef adjoint jusqu’au retour de Zarqaoui. Alors que le second affirmait, au contraire, que ni «Abou Hafs», ni «qui que ce soit» n’avait été choisi pour assurer l’intérim.

Confirmés ou pas, la blessure de Zarqaoui, voire son remplacement à la tête de la branche irakienne d’al-Qaïda, ne devraient pas avoir une influence majeure sur les activités du groupe terroriste dans le pays. Le général Ham, de l’armée américaine, a ainsi relativisé l’impact de cette nouvelle, tout comme celle d’un éventuel décès. Il a déclaré : «Zarqaoui est certainement un personnage important mais son organisation est plus grande et n’est pas représentée par une seule personne. Aussi sa disparition n’empêchera pas al-Qaïda de continuer à fonctionner en Irak».


par Valérie  Gas

Article publié le 27/05/2005 Dernière mise à jour le 27/05/2005 à 16:12 TU