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Commerce mondial

Textiles : accord entre l’UE et la Chine

Pékin annonce avoir accepté de réduire de 8 à 12,5% ses exportations de textile jusqu’à la fin 2007.(Photo: AFP)
Pékin annonce avoir accepté de réduire de 8 à 12,5% ses exportations de textile jusqu’à la fin 2007.
(Photo: AFP)
L’Union européenne et la Chine sont finalement parvenus à un accord limitant jusqu’en 2008 les exportations de textiles chinois. Cet accord marque la volonté des deux géants de ne pas s’engager dans une guerre commerciale dévastatrice pour les échanges bilatéraux.

L’Union européenne et la Chine sont finalement tombés d’accord la nuit dernière à Shanghai pour mettre un terme (provisoire) au grave différend sur les textiles qui empoisonne leurs relations commerciales depuis le 1er janvier, date fixée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour l’ouverture sans contrainte du marché international des fibres. Pékin annonce samedi avoir accepté de réduire de 8 à 12,5% ses exportations sur une dizaine de produits (dont les tee-shirts, fils de lin, nappes, draps et pantalons) jusqu’à la fin 2007 et déclare ses bonnes intentions pour 2008. Après les vives tensions causées ces derniers mois par ce dossier, les deux parties se félicitent chaudement de ce résultat qui préserve l’essentiel : le maintien d’un climat propice aux affaires entre les deux blocs.

«Sur la base du partenariat stratégique général et de la coopération bilatérale, nous nous sommes mis d’accord pour respecter le principe du bénéfice mutuel et promouvoir de manière active le développement stable et sain du commerce des textiles», a résumé le communiqué du ministère chinois du Commerce. Les deux parties ont négocié au-delà de l’échéance qu’elles s’étaient fixées, vendredi à minuit, témoignant de leur volonté d’aboutir par la discussion plutôt que de porter l’affaire, comme l’UE le menaçait en cas d’échec, devant les instances arbitrales de l’OMC. Soulignant le caractère «gagnant-gagnant» de l’accord, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a expliqué que sa «préférence pour la négociation est inspirée par le fait que l’Europe a des intérêts exportateurs (…). Nous devons faire tout notre possible pour élargir l’accès au marché chinois».

Mieux vaut un mauvais arrangement qu’une bonne guerre

Tout est dit. Certes les dégâts de l’accord entré en vigueur le 1er janvier sont déjà considérables sur les marchés des pays développés et en développement. Sur neuf produits concernés, la Commission européenne a observé un bond de 400%. Avec l’entrée en masse des tee-shirts et du fil de lin chinois (respectivement +187% et +56%), l’industrie textile européenne, qui emploie quelque 2,5 millions de travailleurs, avait de gros soucis à se faire. Et, malgré cette bouffée d’oxygène, son avenir n’est pas garanti au-delà de la date fixée par les accords. Mais, comme le souligne le Commissaire Mandelson, d’autres facteurs déterminent également l’attitude européenne. Outre la nécessité de préserver l’avenir des échanges, dans l’atmosphère de défiance des opinions publiques à l’égard de la mondialisation l’objectif est également de ne pas aggraver une situation passablement dégradée et dont les répercussions pèsent déjà sur les plans politique et social. Et l’Union a des Airbus, des centrales nucléaires et des TGV (trains à grande vitesse) à vendre, tandis que de son côté, avec sa main-d’œuvre bon marché et ses taux de croissance provocants, Pékin doit ménager ses partenaires. Le textile pèse pour 16% des exportations chinoises et occupe 19 millions de personnes. Selon l’AFP, des voix chinoises se sont élevées pour dénoncer une concession unilatérale, sous pression étrangère.

Mais les Chinois ont déjà un sérieux différend avec les Américains sur ce sujet. Le mois dernier, Washington a demandé l’ouverture de négociations et décidé la limitation de la hausse des exportations chinoises à 7,5%. Pékin a dénoncé le protectionnisme américain et l’agence Chine nouvelle a indiqué que la mesure coûterait 400 000 emplois à la Chine et un manque à gagner de 2 milliards de dollars. La réédition d’un affrontement de cette nature avec l’UE, quelle qu’en soit l’issue, n’augurait rien de bon pour le climat des affaires. Alors, plutôt que de se mettre à dos les administrations de la plupart des pays à forts potentiels de consommation, plutôt que de déstabiliser l’ensemble de l’activité au niveau international et risquer des conflits longs et coûteux avec les incontournables partenaires européens et nord-américains, mieux vaut un mauvais arrangement qu’une bonne guerre. Car le textile n’est que le premier épisode d’une longue série à venir : après viendra le temps de la métallurgie, de la chimie, de la machine-outil, de l’automobile made in China.


par Georges  Abou

Article publié le 11/06/2005 Dernière mise à jour le 11/06/2005 à 17:00 TU