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G8

Les pays riches promettent de doubler l’aide à l’Afrique

Les pays du G8 ont décidé de doubler le montant de l’Aide publique au développement (APD) d’ici 2010.(Photo : AFP)
Les pays du G8 ont décidé de doubler le montant de l’Aide publique au développement (APD) d’ici 2010.
(Photo : AFP)
Tony Blair avait mis l’aide à l’Afrique en tête de l’ordre du jour du G8 de Gleneagles. A l’issue de cette réunion des pays les plus riches de la planète, poursuivie jusqu’à son terme malgré l’attaque terroriste dont a été victime la Grande-Bretagne, la principale mesure annoncée consiste en une promesse des donateurs d’augmenter l’aide globale aux pays pauvres de 50 milliards de dollars par an d’ici 2010. Les pays africains recevraient pour leur part 25 milliards supplémentaires, soit deux fois plus qu’à l’heure actuelle. Même si cette somme est jugée insuffisante par les ONG et les dirigeants africains, une telle décision représente tout de même une avancée.

Tony Blair a affiché sa satisfaction à l’issue du G8. Meurtri par les attentats qui ont frappé les transports en commun londoniens durant le Sommet faisant plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés, le Premier ministre britannique n’a toutefois pas renoncé à diriger la réunion des huit pays les plus riches de la planète dans laquelle il avait placé de grands espoirs. Sa persévérance a, semble-t-il, été récompensée puisque des mesures concrètes en faveur de l’Afrique ont été annoncées. Les pays du G8 et «d’autres donateurs» ont ainsi décidé de doubler le montant de l’Aide publique au développement (APD) d’ici 2010.

Globalement, les pays pauvres devraient recevoir 50 milliards de dollars supplémentaires, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Sur ce montant, la part de l’Afrique devrait doubler elle aussi par rapport à son niveau de 2004 et passer à 25 milliards de dollars. Cet effort financier vient s’ajouter à la décision, annoncée dès le 11 juin dernier, d’annuler la dette multilatérale de 18 pays très pauvres, dont 14 sont africains, que les membres du G8 ont entérinée à Gleneagles. Cette mesure représente une somme de 40 milliards de dollars. Les membres du G8 ont aussi manifesté leur volonté d’aider l’Afrique en mentionnant la lutte contre le sida et en promettant «un accès aussi universel que possible» aux traitements. Sans pour autant préciser de quelle manière ils comptaient s’y prendre.

«50 millions de petites vies restent condamnées»

Ces promesses ont fait dire à Tony Blair : «Ce n’est pas la fin de la pauvreté en Afrique mais c’est l’espoir d’y mettre un terme». Sur ce point, le Premier ministre britannique et le président français ont la même analyse. A défaut de mieux et de plus, l’accord obtenu à Gleneagles représente pour Jacques Chirac lui aussi «un signal positif». Il est vrai qu’un engament de ce niveau n’était pas gagné d’avance puisque le président américain, George W. Bush, avait manifesté ses réticences avant le Sommet en estimant que l’Afrique aurait du mal à absorber et à bien utiliser les fonds dégagés par une augmentation trop importante des montants de l’aide. Une manière de justifier son refus de donner plus. Le compromis obtenu dans ce contexte est donc tout de même important.

Au-delà de la signification politique d’une manifestation concrète et chiffrée de la prise de conscience des nations industrialisées face au drame du sous-développement en Afrique, il faut prendre avec précaution l’annonce du G8. D’une part, parce que les promesses ne suffisent pas. Elles doivent être suivies des actes. D’autre part, parce que 50 milliards de dollars supplémentaires dont 25 pour l’Afrique, cela risque de ne pas être assez pour atteindre les objectifs du Millénaire définis par l’ONU, à savoir réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015. Mais surtout, selon Jo Leadbeater, un responsable de l’association Oxfam, cette décision ne répond pas aux attentes et aux besoins immédiats dans les pays du continent. Selon lui : «L’augmentation de l’aide décidée au G8 pourra sauver la vie de cinq millions d’enfants d’ici 2010, mais 50 millions de petites vies restent condamnées car le G8 n’est pas allé aussi loin qu’il aurait pu».

Du côté des dirigeants africains, dont certains étaient invités à participer au Sommet du G8 (Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie), les réactions ont mis en valeur à la fois une certaine satisfaction mais aussi une déception. L’annulation de la dette et l’augmentation de l’aide sont bien accueillies. Les Africains estiment cependant que trop peu d’Etats sont concernés par la promesse d’effacer la dette auprès du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale ou de la Banque africaine de développement. Ils regrettent aussi que les membres du G8 n’aient pas été plus loin concernant l’augmentation de l’aide au développement en acceptant de lui consacrer 0,7 % de leur produit intérieur brut (PIB), comme l’espérait Tony Blair.

Rendez-vous à Hong Kong


Mais les Africains déplorent surtout que des décisions concrètes n’aient pas été prises sur la question clef des barrières douanières et des subventions agricoles mises en place dans les pays industrialisés, qui constituent un obstacle insurmontable pour les producteurs africains. Le ministre adjoint des Finances de Zambie, Felix Mutati, a résumé cette position en déclarant : «Ce dont nous avons besoin, c’est d’un commerce équitable parce que nos agriculteurs ne peuvent pas lutter avec les agriculteurs occidentaux. Ce dossier dépend entièrement des subventions agricoles et plus tôt la question sera résolue, mieux ce sera». Les membres du G8 n’ont pas été capables de s’entendre sur ce dossier très important. Aucun calendrier précis n’a été fixé pour résoudre ce problème. Les représentants des pays riches se sont, en effet, contentés d’évoquer «une date crédible» pour parvenir à un accord. Peut-être à Hong Kong, en décembre prochain, lors du Sommet de l’Organisation mondiale du commerce.


par Valérie  Gas

Article publié le 09/07/2005 Dernière mise à jour le 09/07/2005 à 14:34 TU