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Attentats de Londres

Les images numériques pour témoins

Des images provenant de caméras de vidéo surveillance ont fourni des informations sur les attentats commis à Londres. (Photo : AFP)
Des images provenant de caméras de vidéo surveillance ont fourni des informations sur les attentats commis à Londres.
(Photo : AFP)
Comme lors du tsunami, les médias ont su tirer parti de l’Internet, des téléphones mobiles, mais également des caméras de surveillance disséminées dans Londres pour raconter les attaques terroristes. Très rapidement, les radios, les chaînes de télévision et les sites web ont diffusé des enregistrements vidéos et des images du drame prises par de nombreux Londoniens, victimes des attentats.

Prise trente secondes après la déflagration, c’est la photo la plus spectaculaire du bus 205 mise en ligne sur le site de la BBC. L’image qui montre l’ampleur des dégâts dans l’autobus à impériale frappé par l’explosion, les flancs et le toit déchiquetés, n’a pas été prise par un photographe de presse mais pas un amateur qui se trouvait par hasard sur les lieux avec son téléphone portable. Une autre séquence dans le métro montre à la lueur jaune des éclairages de secours des passagers sous le choc, mais très calmes, quitter en file indienne des rames bloquées sur les voies. Cette vidéo d’une vingtaine de secondes prise par une caméraphone par un usager évacuant le Tube est sombre et saccadée, mais elle rend compte d’une situation de crise.

Le lieu –trois des quatre explosions se sont produites dans le métro- et les mesures de sécurité prises immédiatement après les attentats ont privé les télévisions d’images. Dans l’incapacité d’envoyer des équipes sur place, des chaînes privées de télévision comme Sky News et ITV ont appelé les témoins à envoyer leurs images sur leurs sites web. Très vite, plusieurs petites séquences vidéo et enregistrements audio réalisés par des amateurs à l’aide de téléphones mobiles sont diffusés sur les chaînes britanniques, repris par les télévisions du monde entier. «Après vérification, c’est une source immense dans laquelle nous aurions tort de ne pas puiser, explique Stuart Thomas, rédacteur en chef d’ITV London News. La meilleure photo est celle qui montre les gens marchant dans les tunnels, où jamais une caméra de télévision n’aurait pu se trouver normalement quand se produit un tel événement».

Leur utilisation nécessite quelques précautions

L’utilisation des images d’amateurs par les médias n’est pas nouvelle. Mais les appareils photo numériques et les caméras insérées dans les téléphones mobiles augmentent les possibilités tandis que le réseau Internet facilite leur diffusion. La radio-télévision publique britannique a ainsi reçu des centaines de documents amateurs. Devant une telle abondance d’images, la BBC a contacté des photographes pour assurer leur authentification et trier les plus édifiantes et les plus émouvantes.

Parmi ces nouvelles sources audiovisuelles, des images provenant de caméras de surveillance. Le Royaume-Uni est l’un des pays les plus vidéosurveillés au monde, quelque 4,2 millions de caméras –pour la plupart installées dans les grandes villes du pays- filment en permanence le quotidien des Britanniques. Les gares londoniennes sont surveillées par 1 800 caméras, tandis que plus de 6 000 sont installées dans le réseau souterrain du métro londonien.

Les fameux blogs sont également incontournables. Les attentats commis à Londres retiennent bien sûr l’attention de nombre de ces carnets ou journaux personnels en ligne. Sur ces sites consultables en permanence, on trouve parfois entre des commentaires plus ou moins pertinents de nombreux témoignages authentiques et réalistes. Riches en informations, certains blogs communautaires comme moblog.co.uk ont choisi de donner la parole aux citoyens londoniens.

Revendiquant une tradition de journalisme populaire, les sources «amateur» via les technologies numériques apparaîtront de plus en plus à l’avenir dans la couverture des événements importants. Mais l’utilisation de ces documents nécessite quelques précautions. Les nouvelles technologies, c’est une révolution en terme de transmission d’informations, selon certains. Une vérité parfois manipulable, pour d’autres. Pour certains experts des médias comme l’historien Laurent Gervereau, président de l’Institut des images basé à Paris, la fonction de vérification des médias reste impérative : «Les grands médias ont une mission essentielle que le public peut difficilement faire : la fonction d’enquête, de validation et cela deviendra de plus de plus fondamental, parce que le Net et le numérique, c’est beaucoup de regards différents, mais aussi toutes les possibilités de manipulation et les risques de rumeurs».


par Myriam  Berber

Article publié le 11/07/2005 Dernière mise à jour le 11/07/2005 à 16:58 TU