Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France-Israël

Chirac et Sharon font assaut d’amitiés

Jacques Chirac a accueilli chaleureusement Ariel Sharon.Photo : AFP
Jacques Chirac a accueilli chaleureusement Ariel Sharon.
Photo : AFP
Après des années de relations tumultueuses, rien ne semble pouvoir ternir aujourd’hui les retrouvailles franco-israéliennes. Et la visite officielle de trois jours, à Paris, du Premier ministre Ariel Sharon, à moins de trois semaines de l’évacuation de la bande de Gaza, est à ce titre un symbole fort de la volonté des deux pays de tourner la page des querelles qui les ont opposés ces derniers mois. Les sujets d’entente comme la menace terroriste, la lutte contre l’antisémitisme ou encore le nucléaire iranien, ne manquent d’ailleurs pas et les deux parties ont bien pris soin de ne pas aborder les dossiers qui auraient pu altérer ce rapprochement comme par exemple la construction du «mur» en Cisjordanie, la colonisation ou encore la politique d’assassinats ciblés de l’armée israélienne.

Jacques Chirac accueillant sur le perron de l’Elysée Ariel Sharon et lui souhaitant «la plus cordiale des bienvenues». L’image était impensable il y a quelques mois tant les tensions entre les deux pays étaient alors exacerbées. Mais l’évolution de la situation au Proche-Orient et surtout la détermination affichée par le Premier ministre israélien d’appliquer coûte que coûte son plan d’évacuation de la bande de Gaza ont considérablement changé la donne et c’est sur un ton particulièrement chaleureux que le président français a reçu son invité. «C’est un plaisir pour moi d’accueillir le Premier ministre d’Israël. C’est pour moi l’occasion de lui dire à nouveau que la France est, et depuis longtemps, l’amie d’Israël et qu’elle souhaite que nous poursuivions le développement de nos relations politique, économique, culturelle et humaine», a notamment insisté le chef de l’Etat. Jacques Chirac a également ajouté qu’à la veille du désengagement de la bande de Gaza ­–une décision qualifiée à maintes reprises d’historique–  Paris se tenait «aux côtés du peuple israélien et du peuple palestinien». Le processus en cours, a-t-il en outre affirmé, «doit conduire Israël à vivre en paix et en sécurité, et le peuple palestinien à construire un Etat qui soit à la fois viable et indépendant».

Se félicitant de «l’aide précieuse de la France» dans un processus de paix dont le Moyen-Orient a tant besoin, le Premier israélien a pour sa part insisté sur l’importance qu’il accordait à sa visite à Paris. «J’ai quitté Israël à une période qui n’est pas simple, à une période où le terrorisme palestinien continue, à une période où les luttes internes en Israël sont âpres autour de la question du désengagement», a expliqué Ariel Sharon avant d’ajouter : «c’est malgré toutes ces difficultés que j’ai pris la décision de venir ici en France afin de renforcer les relations entre la France et Israël, auxquelles nous accordons une grande importance». Jacques Chirac et son invité ont ensuite eu un déjeuner et des entretiens qui ont duré deux heures et demie. Les deux hommes ont évoqué les grands dossiers régionaux et Ariel Sharon a notamment eu l’assurance que la France resterait très ferme face à la menace nucléaire iranienne. Le porte-parole de l’Elysée a en effet annoncé que Jacques Chirac s’était prononcé en faveur d’une saisine du Conseil de sécurité des Nations unies si le régime de Téhéran ne donnait pas «des garanties objectives» sur l’arrêt définitif de ses activités nucléaires sensibles».

Une Fondation France-Israël dès 2006

A en croire le quotidien Libération, Jacques Chirac et Ariel Sharon se sont permis une longue digression sur la question agricole qui passionne les deux hommes. Le Premier ministre a d’ailleurs officiellement invité le président français à venir lui rendre visite dans sa ferme du Néguev, dans le sud d’Israël. Et même s’il n'a pas immédiatement fait connaître sa réponse, le chef de l’Etat s’est déclaré «très content de cette invitation». Jacques Chirac et Ariel Sharon se sont en outre mis d’accord pour créer une Fondation France-Israël afin de renforcer les liens à tous les niveaux entre les deux pays. Cette institution devrait être opérationnelle dès l’année prochaine et devrait par exemple proposer l’organisation d’une semaine de la France en Israël. Le ton était tout aussi chaleureux dans la soirée à l’occasion du dîner offert par le Premier ministre Dominique de Villepin à son homologue. Le chef du gouvernement a une nouvelle fois rappelé la détermination de la France à «ne pas relâcher ses efforts dans la lutte contre l’antisémitisme», dont les actes sont en diminution de 48% au premier semestre 2006.

Ariel Sharon avait d’ailleurs rendu hommage au travail accompli par Paris dans ce domaine allant jusqu’à affirmer que «la France était un exemple pour les autres pays européens». Cela n’empêchera  toutefois pas le Premier ministre israélien de lancer un nouvel appel aux juifs de France pour qu’ils viennent s’installer en Israël, tout en prenant garde cette fois-ci de ne pas froisser ses hôtes. Lors d’une rencontre avec des journalistes, celui qui, il y a tout juste un an, appelait les juifs de France à fuir «d’urgence un antisémitisme déchaîné», a en effet tenu à s’expliquer. Il a notamment indiqué qu’il n’était pas question aujourd’hui pour la communauté juive française d’émigrer «dans l’urgence» ou «pour des raisons liés à l’antisémitisme». «J’appelle tous les juifs en France et n’importe où dans le monde à venir s’installer en Israël. Je le fais tout le temps. C’est l’objectif le plus important de mon gouvernement», a-t-il souligné en affirmant espérer l’arrivée de 10 000 juifs du monde entier en 2006 en Israël.

Avec quelque 494 000 personnes recensées selon le dernier rapport de l’Agence juive, la communauté juive de France est la troisième au monde après Israël (5,25 millions) et les Etats-Unis (5,28 millions). Or les juifs français sont peu nombreux à faire leur alya et retourner vivre «sur la terre de leurs ancêtres» même si la tendance est désormais à la croissance. En 2004, ils étaient en effet 2 415 contre 2 313 l’année qui a précédé.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 28/07/2005 Dernière mise à jour le 28/07/2005 à 15:43 TU

Audio

Frédérique Misslin

Journaliste à RFI

«Cette année, l'Agence juive prévoit l'installation en Israël de 3 300 Français. C'est le chiffre le plus important depuis 35 ans. »

Articles