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Sécurité

La vidéo au secours de la police française

La ville de Levallois-Perret en proche banlieue parisienne a été pionnière dans l’installation de système de vidéosurveillance.(Photo : AFP)
La ville de Levallois-Perret en proche banlieue parisienne a été pionnière dans l’installation de système de vidéosurveillance.
(Photo : AFP)
Il y a tout juste un mois, les attentats de Londres coûtaient la vie à 56 personnes. Les kamikazes furent ensuite identifiés par des caméras de vidéosurveillance installées dans les lieux publics. Leur utilité a convaincu le gouvernement français de réfléchir à l’implantation rapide de dispositifs de vidéosurveillance sur tout le territoire. Le projet de loi antiterroriste, qui sera présenté en détail fin août, devrait contenir un volet important consacré à la vidéosurveillance. Au détriment des libertés individuelles. Ces technologies ne sont pas les seules à être montrées du doigt, les systèmes biométriques et de géolocalisation, intrusifs pour la vie privée, sont aussi un objet d’inquiétude.

C’est en regardant des images de vidéosurveillance que la police britannique a pu, très rapidement, identifier les auteurs des attentats commis dans les transports en commun londoniens. Si les caméras disséminées dans Londres ont permis de faire avancer l'enquête, elles ont aussi relancé le débat en France. L'utilisation intensive par Scotland Yard des images provenant des milliers de caméras qui scrutent les rues et les quais de métro de la capitale britannique ont, en effet, convaincu le gouvernement français. Le projet de loi du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, destiné à lutter contre le terrorisme, contiendra donc des dispositions sur la vidéosurveillance.

Ce projet de loi qui devrait être présenté fin août, devrait également donner un cadre à l’utilisation, dans la lutte contre le terrorisme, de la vidéosurveillance. Elle est régie par la loi sur la sécurité de juillet 1995 (loi Pasqua). Pensée pour lutter contre la délinquance classique, cette loi de 1995 n’inclut pas «le terrorisme comme motif de recours». Concrètement, le réseau parisien de métro (RATP) devrait être systématiquement équipé d’ici la fin de l’année. Et une caméra devrait être installée dans chacun des 4 000 bus parisiens avant décembre. Près de 9 000 autres caméras surveilleront les rames et les accès aux stations de métro et de RER, dépendant de la RATP. Par ailleurs, les commerces -par exemple, les marchands de journaux dans les gares- pourront être autorisés à filmer, outre les locaux eux-mêmes, leurs abords immédiats. En France, les premières caméras ont été implantées il y a environ vingt ans à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Aujourd’hui, on compte près de 20 000 caméras dans les lieux publics parisiens et plus de 2 000 dans les rues de la capitale.

Un identifiant biométrique dans les pièces d’identité

Le citoyen britannique n’est pas seulement filmé (un Londonien l'est en moyenne 300 fois par jour), il est également, via la biométrie, analysé sous toutes les coutures. Pour preuve, l’exemple de la ville de Newham, dans la banlieue de Londres. Les autorités municipales ont recours depuis 1998 à un système de vidéosurveillance biométrique capable de reconnaître le visage des criminels fichés par la police. Le recours à la biométrie s’inscrit dans cette logique sécuritaire adoptée dans la foulée des attentats de 2001, aux Etats-Unis. Plusieurs pays européens disposent déjà de pièces d’identité sécurisées. Ces titres d’identité, nouvelle génération, sont dotés d’une puce électronique dans laquelle sont consignés l’état civil du porteur ainsi que plusieurs éléments biométriques capables de l’identifier, deux empreintes digitales et une photo numérisée. Au nom de la guerre contre le terrorisme, la réglementation européenne prévoit que tous les Etats de l’espace Schengen généralisent la biométrie dans les documents de voyage d’ici au 1er janvier 2007.

Avec la mise en oeuvre de ces systèmes de surveillance électronique qui s’étend à de nombreux domaines de la sphère privée, que reste-t-il de notre liberté d’aller et venir? Pas grand chose si l’on en croit bon nombre d’associations de défense des libertés individuelles parmi lesquelles Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire), la LDH (Ligue des Droits de l'Homme) et l’intercollectif Delis (Droits des libertés face à l’informatisation de la société). D’autant que le projet de loi de Nicolas Sarkozy contient également un volet relatif à l’accès et au stockage des données téléphoniques et électroniques (lieux d’appel et de réception des communications, identification des numéros, durée).

Ces technologies ne sont les seules à être montrées du doigt. Les systèmes de géolocalisation sont également un objet d’inquiétude. Avec le GPS via un téléphone mobile, l’individu peut être repéré partout et à tout moment. Avec la mise en oeuvre de ces services géolocalisés, Big Brother est parmi nous si l’on en croit le site web de l'Electonic Privacy Information Center (EPIC) qui épingle plusieurs organismes gouvernementaux et Etats. Encore une fois, le Royaume-Uni est très en pointe, la ville de Manchester a inauguré, l’année dernière, un système de repérage via le GPS pour surveiller les délinquants sexuels, les pédophiles à la sortie de prison et les auteurs de violences domestiques.


par Myriam  Berber

Article publié le 06/08/2005 Dernière mise à jour le 06/08/2005 à 17:19 TU